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Dans notre mag #56, nous avions fait connaissance avec une formation musicale très unique en son genre. Une rencontre inattendue entre deux essences créatives aux styles totalement opposés, mais qui ont réussi à faire de leurs atouts quelque chose d'assez magique, en soi. Nous parlons de celle de PoiL, la formation lyonnaise de rock aventureux, avec la musicienne et chanteuse japonaise Junko Ueda, spécialiste dans la transmission de la tradition médiévale de son pays. Huit mois après un premier album éponyme qui nous avait laissé à la fois pantois et admiratif, surgit Yoshitsune, du nom du héros du clan Genji (ou Minamoto) victorieux face au clan Heike (ou Taira). Une histoire que l'on retrouve dans l'épopée poétique à l'esprit bouddhique du Heike monogatari. Mis en musique, ce récit nous absorbe par la déclamation plutôt méditative de Junko conjuguée à l'érudition et la folie musicale du quatuor lyonnais (exceptionnellement épaulé par la basse de Benoït de Ni). L'effet de surprise est fatalement moins brutal (c'est le mot) par rapport au premier disque, mais ce deuxième essai reste sans conteste du grand art. Si tu aimes l'instabilité musicale et les histoires de samouraïs au XIIème siècle, cet album est fait pour toi !
Le label lyonnais Dur et Doux n'aura jamais fini de me subjuguer voire me surprendre par ses sorties d'albums totalement improbables. Je connaissais le penchant des membres de PoiL pour les musiques dépassant notre continent et notamment le Japon, mais de là à venir monter un projet aussi ambitieux avec une éminente figure du récit épique médiéval japonais... C'était au-delà de mes pensées, et la publication sur les réseaux de la vidéo live de la pièce "Dan no ura" (divisée en deux parties sur le disque) en octobre 2021 est venu plus que renforcer l'intérêt que je portais pour cette association culottée et incroyablement irrésistible entre PoiL (accompagné pour l'occasion de Benoît Lecomte de Ni à la basse) et Junko Ueda. Un peu plus d'un an après cette vidéo tournée au Théâtre de la Renaissance à Oullins, le disque PoiL Ueda pointe le bout de son nez et la bande sillonne l'Europe pour présenter le fruit de cette rencontre musicale.
Ce dernier repose sur deux pièces séparées en six pistes ("Kujô shakujô" en 3 parties et "Dan no ura" en 2 parties) dans lesquelles les Lyonnais ont la lourde tâche d'habiller musicalement les récits de Junko - tirés de l'épopée des Heike face au clan Genji- toujours accompagnée de son satsuma-biwa, l'un des types de luth japonais. La première, "Kujô shakujô", débute en mode zen avec un chant traditionnel shōmyō (récitations liturgiques bouddhique pratiqués par les moines pour éloigner les mauvais esprits) grave, profond, puissant et hypnotique, la partie musicale se découvre progressivement, monte en puissance et se fond sublimement bien avec la voix de Junko, la troisième et dernière partie du titre met davantage en valeur la rythmique et l'assemblage entre PoiL et Junko Ueda. On reconnait d'ailleurs la patte typique des Lyonnais à ce moment-là. Mais c'est véritablement dans "Dan no ura", récit de la bataille navale du même nom et du déclin du clan impérial Heike face au clan Genji, que la magie opère car PoiL pousse le niveau de créativité d'un cran supérieur. C'est tout simplement bluffant de maîtrise, tout devient alors distordu et les instruments sont d'un coup tous pris de spasmes brutaux. Le point de confluence semble être atteint à ce moment précis du cours de l'écoute, l'auditeur sera à coup sûr désorienté surtout quand PoiL commence à déclencher le volume avec ses effets de synthés cosmiques pour mettre en musique cette bataille. Du pur génie !
Ces deux pièces aux humeurs différentes, mais tout aussi fascinantes à leur manière, démontrent à quel point deux entités aux styles que tout oppose sont capables de cohabiter tout en se respectant mutuellement et en évitant de marcher sur les platebandes de l'un ou l'autre : PoiL n'imite pas Junko Ueda, Junko Ueda n'imite pas PoiL. Elles développent leurs énergies communes et les diffusent pour le bien commun. Au contraire de PinioL (formation regroupant Ni + PoiL), PoiL Ueda n'est pas une fusion mais bien une œuvre bigarrée dans laquelle deux courants artistiques se croisent (la musique traditionnelle japonaise et le rock progressif barré) pour une expérience sensorielle rare.
PoiL a fait son retour en avril dernier avec un quatrième album nommé Sus (jeux de mots interdits, merci) qui rend hommage en musique à l'Occitanie et à quelques-uns de ses poètes que sont Max Rouquette et Théodore Aubanel. Je préviens tout de suite, il ne s'agit pas de musique occitane. PoiL est toujours ce trio qu'on pourrait qualifier, de manière paresseuse, de "math-rock". Loin d'être des manches, Antoine, Boris et Guilhem sont plus proches de l'école de jazz que du punk-rock, bien que par moments, la frontière soit très mince ("Sus la peira"). Il est toujours très difficile de parler de leur art tant ses géniteurs ne balisent pas leur style rempli de polyphonies vocales, de contrepoints et de ces bizarreries mélodiques inquiétantes. Sus est un patchwork bien organisé de mouvements autant brutaux que décalés, tout en accueillant des moments plus paisibles ("Lo potz") qui, sans vous le cacher, font un bien fou en nous permettant de respirer avant que la tempête reprenne ses droits. Composé de deux pièces de vingt minutes réparties en cinq chapitres/plages, Sus, c'est cette petite gratification, ce trésor caché qu'on n'ose pas trop présenter à ses amis non-initiés, de peur d'être traité de taré et de devoir se justifier, mais pour lequel on prend un malin plaisir à écouter (souvent seul, car cette musique est prédisposée à un plaisir solitaire), même si on n'est pas sûr de tout comprendre.
La pochette, la durée des 9 titres (près d'une heure...), les titres des morceaux et de l'album : tout chez PoiL semble être annonciateur d'un truc vraiment perché. Et ce sera le cas sur Brossaklitt, leur nouvel album. Aucun doute, c'est du PoiL, pour le meilleur et pour le pire.
Sur l'introduction de "Fionosphère", le groupe donne l'impression de s'être calmé, sauf qu'on retrouve très vite ce math-déglingo-rock que le combo a développé sur leurs précédentes sorties : le chant est toujours halluciné, les rythmes sont en mode partouze, du coté du clavier, c'est la fête du slip, le propos est assez hypnotique et à rebrousse-PoiL. En 10 minutes d'écoute, on passe d'un morceau math-rock à une phase nintendo-core pour ensuite partir vers quelque chose d'assez indéfinissable. Et si tu passes l'épreuve de cette première piste, le reste te séduira également : PoiL est probablement l'un des groupes français qui navigue le mieux sur le fil qui sépare le PoiLant et l'HorriPoiLant. On reste convaincu que la meilleure manière d'appréhender PoiL, c'est le live où ça doit vraiment être fou pour le peu que le public mette un peu du sien. A ne pas mettre dans toutes les oreilles (le poil).
PoiL, oui, il s'agit surement du nom de groupe le plus con de cette galaxie mais après quelques écoutes, force est de constater que ça colle admirablement à l'épiderme de leur identité. "Tronche à cul", le premier titre de près de 7 minutes, convainc petit à petit, grâce au clavier distillant des mélodies saugrenues et riches en couleur puis avec des phases maths qui secouent. Un sparadrap vocal très collant qui se répète et imprègne progressivement les neurones, le morceau évolue en un quelque-chose de farouchement indé et indéfinissable. PoiL fait valdinguer la vocation de sa musique en deux-temps trois mouvements... Sur ce titre, le groupe s'engouffre dans le parti-pris de l'originalité à tout prix et semble vouloir flirter sur la ligne qui sépare l'irritable et l'irrésistible (ou inversement). Et c'est le second qui l'emporte, la piste se révélant être un tube déviant comme on en fait plus des masses.
Le jusqu'au-boutisme musical continue avec les 3 autres pistes dont aucune ne descend en dessous des 9 minutes, avec malheureusement un trop-plein qui apparaît en milieu de parcours. "Trouille cosmique" constitue malgré tout une piste de choix grâce à ce clavier bi-polaire et une section rythmique qui hypnotise, ensorcelle, déroule sa symbiose sans pour autant que ce soit rébarbatif.
La goutte d'eau qui fait déborder la pinte apparaît avec "Dins O Cuol", un titre qui cumule des idées à la pelle, un sens de l'humour omniprésent ("dans ton cul, dans ton cul..." ) et une inventivité qui fera bander plus d'un musicien. Reste qu'à trop se prendre de la maitrise en pleine tronche et à ouvrir des morceaux à tiroirs qui débouchent sur un autre tiroir qui débouche... encore sur un autre tiroir, mon modeste cerveau se décompose sous les amas de PoiL.
Lorsqu'un disque s'avère difficile à appréhender, le chroniqueur consciencieux que je suis a le réflexe d'écouter les morceaux un par un avec une oreille fraiche et il faut bien admettre que le propos est toujours intéressant et singulier, on redécouvre notamment les coups de butoirs rythmiques de "Vilain mandarin". Un groupe qui prend constamment l'auditeur à rebrousse-PoiL et qui, par la même occasion, fait preuve d'une grande collection de PoiL au cul. A toi de voir comment tu souhaites les consommer... ces PoiLs. Il parait que c'est savoureux avec une tarte...
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