A Place to Bury Strangers - S/t 15 titres et pas un de moins pour quasi une heure de musique, des titres bardés d'influences prestigieuses (parfois trop ?), les A Place to Bury Strangers, réputés pour leurs prestations scéniques bruyantissimes, mettent tout ce qu'ils ont dans le ventre sur ce premier album éponyme. Un mur de son hérité des My Bloody Valentine, des basses lourdes, une saturation permanente, un petit côté New Order sur les bords, une belle louche de Jesus and Mary Chain et surtout un mimétisme incroyable avec les Joy Division et leurs héritiers quasi directs d'Interpol et Editors. A une différence près, même sur l'album, les new-yorkais jouent vraiment plus fort. Des titres chargés en reverb, un rock sombre et sophistiqué au son paradoxalement très brut (Olivier fabrique lui-même ses pédales à effets), des mélodies vénéneuses tapies dans le brouillard sonique qui enveloppe "Missing you" ou "The falling sun".
Shoegaze, post-punk, indie rock racé, le trio puise ses influences dans ses trois courants musicaux, les noyant sous un véritable déluge sonore qui n'a pas que ses avantages tant la voix du chanteur paraît par moments éloignée ("She dies", "My weakness"...). Un soupçon de The Cure et de Suicide, des guitares glaciales, des ambiances sonores étudiées et une production, ample, compacte et sursaturée qui donne à l'auditeur, l'impression d'être complètement immergé dans la musique du trio ("Ocean", "Never going down"...). De ce point de vue là, c'est réussi. Noise clinique, mélodies par instants littéralement déshumanisées, rock brut, A Place to Bury Strangers, groupe au patronyme original, peut parfois laisser de marbre ("Get on"). Mais pour qui se laissera tenter, ce parallèle dressé entre les années 80 et notre époque, méritera au moins une petite écoute attentive, sinon plus ("Run around", "Half awake", etc...). Pas mal du tout donc, même si un peu trop sous influence.