Pit Samprass - naked Écrire, en guise d'introduction à cette chronique, que Naked, premier album de Pit Samprass est une surprise relève d'un doux euphémisme. Pourtant bien informé des dernières news concernant la micro sphère du punk rock en France, je n'ai eu vent à aucun moment de ce projet. Et même si le meilleur de mes informateurs m'avait balancé le tuyau, j'aurais crié au bullshit et à la fake news. Pit Samprass, un album solo acoustique ? Et puis quoi encore ?? Et pourtant, c'est bien ce projet que l'infatigable label Kicking Records s'apprête à mettre dans les bacs en mode LP en octobre prochain.

La première écoute de Naked fut, elle aussi, surprenante. Pour l'avoir vu (beaucoup) et entendu (passionnément) avec les mythiques Burning Heads, l'idée de retrouver Pierre seul avec sa guitare était excitante. Surtout que la tracklist équilibrée a de quoi réjouir le punk que tu es et l'amateur de folk rock songs qui sommeille en toi. La première partie du disque fait la part belle aux influences évidentes de Pit (NOFX, Hüsker Dü, Snuff, Descendents) tandis que la seconde face laisse la part belle au jardin secret de Pierre. Docteur Hardcore and Mister Sensibility. Et une fois n'est pas coutume, je vais poursuivre ma chronique en parlant d'abord de la face B, ma préférée.

Pourquoi ? Pour de multiples raisons. Jamais, tout d'abord, je n'aurais soupçonné Pierre en train d'écouter, de jouer et de chanter des chansons d'Adriano Celentano (la cover d'"I want to know" est pour moi le plus beau morceau du disque et me procure des frissons à chaque écoute), de poser des instruments sur un morceau originairement a capella de Tracy Chapman et d'angliciser "La chanson de Prévert" de Serge Gainsbourg. Et pourtant, il l'a fait, et avec talent. La cover de "Script" de NRA en format balade est également une réussite. Et que dire du génial "Further on up the road" de Bruce Springsteen joué à la façon Johnny Cash ? Que c'est une tuerie, tout simplement ! Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, la magie a opéré à la première écoute. Quasi instantanément. Une guitare, quelques arrangements bien léchés et la voix qui a bercé notre insouciante adolescence. Il n'en fallait pas plus pour toucher ma sensibilité.

Tu vas penser que je ne suis pas objectif quand il s'agit de parler de près ou de loin de ceux qui œuvrent ou ont œuvré pour l'un des meilleurs groupes du monde (rien que ça) et assurément le plus accessible de l'univers. Eh bien, tu te trompes, car j'admets être resté sur ma faim lors du premier passage de la face A. Il faut dire que transposer à la guitare acoustique (en y rajoutant quelques soupçons de gratte électrique) des brûlots comme "Silly girl" des Descendents ou "Don't want to know if you are lonely" de Hüsker Dü peut se révéler sacrément casse gueule. La mise à nue de morceaux si énergiques m'a tout d'abord décontenancé, pour, au fil des multiples écoutes, susciter un certain intérêt et enfin me convaincre du bien-fondé de la démarche : rendre un hommage à ses héros sans artifice et toute humilité. La reprise de "Police and thieves" des Clash en mode Opposite est une belle réussite, tandis que "Bob" de NOFX en mode Frank Turner et "Save your generation" de Jawbreaker font le job (je mets volontairement de côté dans mon énumération la cover de Snuff qui ne me fait ni chaud ni froid - c'est certes un peu cash mais Pit ne me reprochera pas ma franchise).

Tu pourrais te faire à l'idée, en terminant la lecture de cet article, que Naked est un album mi-figue, mi-raisin. Il n'en est rien. Naked est un album sans compromis, aussi brut qu'attachant. Comme l'artiste qui l'a réalisé.