Après lui avoir laissé faire un plouf dans le lac pour se remettre de son concert acoustique sous la tente de la Beach Stage, on embarque dans le télésiège avec Pit Samprass, tout à la fois charismatique et abordable, pour une courte interview autour de la sortie de son deuxième album solo Covered (chez Kicking Records), de l'Xtreme Fest... C'est parti !
Je suis avec Pierre qu'on ne devrait plus avoir à présenter, ex-Burning Heads, actuel Brokken Roses, Monde De Merde, Go Public! et donc Pit Samprass pour ce projet solo. Pour toucher un public plus jeune tu n'aurais pas dû t'appeler Jannik Sinner ou Carlos Alcaraz ?
Je ne touche pas les publics plus jeunes, ce n'est pas mon truc. (rires)
Tu as dû faire beaucoup d'interviews mais c'est la première dans les airs, non ?
C'est clair, il y a pas mal de premières aujourd'hui. Sur une plage, devant des babloches posés sur des serviettes... Étrange. 3 minutes avant le concert je suis dans l'eau, en train de me reposer. C'est trop bizarre mais c'est hyper bien.
On fait donc l'interview après le concert, sous 35-40 degrés environ, pour un album qui s'appelle Covered, alors que le précédent s'appelait Naked.
C'est super malin ! (rires)
Comment va s'appeler le 3ème alors ?
Je ne sais pas s'il va y en avoir un 3ème mais si c'est le cas, ça sera plutôt un album de chansons acoustiques, pas des reprises. Ça serait bien que je m'y colle à un moment. J'ai 2-3 textes, 4-5 morceaux instrumentaux donc j'ai du taf. Mais le souci que j'ai c'est d'écrire des textes et ne pas tomber dans la redite, ou alors exprimer mieux des choses que j'ai déjà dites. Pour l'instant je cherche encore, et pourtant il suffirait d'allumer la téloche et de lire un peu l'actualité pour être inspiré. C'est le temps aussi qui manque. Il y a plein de formations, plein de groupes et je me suis pour l'instant consacré à ça. C'était un peu facile d'enregistrer des reprises, quoique, ça peut être un piège aussi. Mais oui, j'aimerais bien faire un truc perso.
Tu es là plus aguerri mais il y avait un peu d'appréhension avant les premiers concerts solo ?
Sur la première tournée ah ouais, la vache ! Tout seul comme un con, tu n'as personne pour t'aider, tu pètes une corde comme aujourd'hui et c'est grillé, c'est fini. Par contre, comme à l'enregistrement j'ai fait des arrangements, rajouté plein de pistes avec des chœurs, des machins, des violons, je me suis dit que j'étais coincé. Il allait falloir que je mette un truc en lecture et que je joue par-dessus. Donc j'ai essayé, avec un casque et un clic. J'ai fait 3-4 concerts comme ça et j'en ai bien chié. Je me suis aperçu que j'avais enregistré des trucs trop lents, et qu'en concert tu avais besoin de les faire un peu plus vite pour être tranquille. Donc j'ai vite jeté ça et appris à jouer seul, avec tous les inconvénients et les avantages mais surtout les avantages. Tu t'arrêtes si tu as envie de t'arrêter, tu raccourcis la chanson, tu peux reprendre au début, tu n'en as rien à foutre. Et tout le monde me l'a dit : Pierre on s'en fout de tes arrangements, on les aura sur le disque, là ce qu'on veut c'est une guitare et une voix, c'est tout. Donc j'accepte.
Il y a donc une formule différente entre le disque et le concert...
C'est ultra dépouillé en concert mais bon, j'aime bien ça aussi.
Tu ne joues pas les solos par exemple. Plus jouer en solo que jouer des solos ?
Ah non ! Ou alors avec la bouche. (rires)
Dans les reprises il y a des choix un peu plus classiques (The Clash, Johnny Cash), qui s'y prêtent bien et des titres plus surprenants, audacieux même, comme Unsane dans le dernier album. Comment se passe le brainstorming ?
Unsane c'est un peu une partie de ma vie. On a joué une cinquantaine de fois avec eux, ce ne sont pas forcément des amis pour autant mais ce sont des gens que j'ai croisés, qui ont de l'importance et ce morceau là en particulier. Pour d'autres c'est totalement différent. Par exemple Sixto Rodriguez et la reprise "Sugarman", je ne connaissais pas il y a deux ans. C'est un collègue de boulot qui m'a dit : tu devrais écouter ça. J'ai pris une grosse tarte et j'ai été fouillé, tous les lives, tout ce qui pouvait exister sur lui et je suis bien content.
J'imagine que "Hey Lucy" de Steve Soto a une résonnance particulière (bassiste fondateur des Adolescents, décédé en juin 2018, NDLR) ?
Pareil, c'est une partie de ma vie aussi ce gars-là. Les Adolescents j'ai tourné avec eux donc oui, c'était important et cela avait du sens de reprendre ce morceau. Et puis il est beau son album acoustique.
Et quand tu joues cette chanson en live, au niveau de l'émotion c'est comment ?
Tu sais bien qu'une chanson ça marque un évènement de ta vie donc tu replonges dedans direct et j'aime bien. Ça me fait du bien... mais je ne suis pas maso. (rires)
Sur cet album, pour le LP, il y a une face "candy" et une autre "spicy". C'était prévu comme ça dès le départ ?
J'ai toujours cherché une connerie pour éviter de mettre A et B et il y avait cet ancien catalogue de vente par correspondance dans les 90's qui s'appelait Sugar & Spice. C'est donc un petit clin d'œil à ça.
Ce n'est pas la première fois que tu joues à l'Xtreme Fest et tu as annoncé sur scène avoir pris un abonnement. Qu'est-ce que ce festival a de si spécifique ?
J'y ai en effet joué avec les Burning Heads, et plus récemment avec Monde De Merde il y a 5 ans. J'aime le coté familial. Ces gars-là je les croise depuis plus de 30 ans : David de Dirty Fonzy, Gimmy Soto, toute la bande, ils n'ont pas bougé d'un poil et continuent à faire ça. Ils se foutent de savoir si ça va prendre ou pas, ils ne vont pas vendre la licence à l'étranger, ils s'en branlent et font leur truc. Et puis c'est vraiment à taille humaine, plein de gens viennent avec leurs gamins. Tu peux en sortir aussi, pour moi qui ne suis pas autiste mais ai besoin par moments de sortir de la salle. Tu prends le télésiège et tu es direct sur la plage, je trouve ça vraiment classe.
Dans la programmation de cette année, qu'est-ce que tu voulais voir ?
Descendents ! Et je ne suis vraiment pas déçu, c'est une merveille. J'étais aux anges. Je me suis surpris à un moment à ne même pas regarder le concert, j'entendais juste les morceaux et ça m'allait. J'étais heureux, comme un gosse...
On a déjà passé deux jours de festival, il y a d'autres groupes que tu as découverts, appréciés ?
Pas spécialement. Je n'ai pas eu le temps. On est arrivé à 22h30 le premier jour, le lendemain on est resté à pioncer jusqu'à midi, tranquille à rien foutre, on a fait les balances dans l'après-midi. Sorti du concert de Monde De Merde je suis allé prendre une douche et il y a deux groupes qui avaient joué pendant ce temps-là donc je n'ai rien vu. Si, Moscow Death Brigade j'ai bien aimé aussi. J'ai passé du temps au merch à discuter avec le gars, super gentil, super simple, ça fait du bien de tomber sur des gens comme ça.
Il y a 5 ans j'avais pris une tarte. On avait joué avec Monde De Merde en plein cagnard à 17h et vraiment on a souffert. Juste après il y avait Negative Approach, ce groupe américain de hardcore, des pépés de 70 balais et on leur a dit : courage, parce que là c'est dur. Ils sont montés sur scène, ont enchaîné tous les morceaux et il n'y a eu aucun blanc, même pas un décompte de batterie entre deux chansons. Ça s'arrêtait clac, ça reprenait bim, pas une goutte de sueur, que dalle, j'ai halluciné. Une bonne leçon encore...
Et ce concept de la X-Cage, dans laquelle vous avez joué, tu en penses quoi ?
Il y a un truc qui me gêne et je leur avais dit l'année dernière mais ce n'est que mon avis. Avant il y avait la cage au camping et c'était Mad Max, c'était hyper bien, complètement sauvage. Là ils mettent la cage sur une scène et je trouve que c'est trop, ça met trop de distance. Soit tu mets la cage au sol, soit tu mets une scène et rien mais la cage sur une scène c'est beaucoup. Après c'est peut-être moi qui trippe mais j'adorais ça.
Ah oui ce qui est bien aussi à l'Xtreme Fest c'est qu'une énorme partie du festival est gratuite. Tu n'as pas de thunes, tu viens et tu peux t'encaisser une série de groupes français, étrangers, super classes. L'an dernier j'ai vu Snuff et Good Riddance sur la scène gratos, c'est magnifique. Rien que pour ça, respect. Ils auraient très bien faire un truc payant d'entrée mais non. Même la bouffe n'est pas chère...
On arrive à la fin de la traversée, merci et on se revoit l'année prochaine alors, sur scène ou dans le public ?
Merci à vous. J'espère revenir en effet. Je referai une lettre au Père Noël... Je l'ai vraiment fait, hein. J'ai écrit fin décembre : "cher Gimmy Soto (Président de Pollux Asso, NDLR), j'ai été sage cette année, est-ce que je peux jouer à l'Xtreme Fest ?" et ça a marché. (rires)
Merci à Pit Samprass, Vincent et Sarah de la comm' Pollux Asso et Dina pour la vidéo.
Photo : Dina.
Publié dans le Mag Fest 2024