Comme disait Martin, "I have a dream" : Je rêve de voir Julie Armanet, juchée sur son piano, en train de chanter en boucle pour la énième fois son insupportable "Dernier jour du disco", cette chanson qui me colle aux oreilles depuis six mois comme le masque anti-covid sur ma tronche, insupportable litanie niaise qui coche toutes les cases du gruau musical. Et là débarque Pipi Tornado en fond de scène qui effectue un superbe balayage de jambes et un petit coup de coude bien placé entre les omoplates de Julie Armanet. Chute de celle-ci sur les cordes de son piano, Pipi Tornado rabattant alors violemment le couvercle, sautant sur le piano, massacrant le clavier qui renvoie au centuple les coups de marteaux dans le meuble, tout en lançant "Spider", le premier titre de ce premier EP, une tornade punk et rock, bien imprimée dans ta face. Oh que ce serait bon ! En même temps, je ne pense pas que Pipi Tornado ait la moindre animosité contre Julie Armanet, donc, oublions la fan de Patrick Juvet et intéressons-nous plutôt à cette excellente claque qu'est Pipi Tornado.
Mais qui est Pipi Tornado ? Une égérie punk ? Une super héroïne scatomaniaque ? Une lolita déglinguée ? Un peu tout ça, mais surtout un quatuor montpelliérain emmené par Mélodie au chant, Samuel à la batterie, Eric à la guitare et Lionel à la basse. Les digressions vocales de Mélodie, entre rage punk, lyrisme déjanté et sucrette pop sont au barycentre d'un triangle formé par Nina Hagen, Cindy Lauper et Juliette Lewis. Il y a du gros niveau, ça virevolte, ça s'envole, ça mord. On avait déjà pu l'apprécier avec Vox et notamment l'album Pompidou qui naviguait dans les mêmes eaux musicales. Et pour le trio qui l'accompagne musicalement, c'est du même acabit. Entre groove, guitares rock, et pop, les tracks sont impeccables, denses et inventifs. Mélodie chante en anglais, et Pipi Tornado traite de sujets aussi variés que l'est sa musique : d'arachnophobie à un ami imaginaire incarné par Rod Stewart en passant par un problème de briquet avec un hippie.
Bref, à l'image de l'artwork, c'est un sympathique kick ass qui t'attend, et vu la pointure et la version pilotis de la paire de chaussures, c'est sûr qu'elle va te faire un petit effet remuant sympathique.
Publié dans le Mag #50