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Review Concert : Pink Floyd, The Australian Pink Floyd show in Lille (fév. 2022)

Exposition photos : Pink Floyd, Storm Thorgerson (août 2008)

Pink Floyd / Chronique LP > A tribute to Pink Floyd : Redux ladies only

A tribute to Pink Floyd : Redux ladies only Les groupes cultes attirent les reprises en tout genre, Pink Floyd n'y échappe pas, les groupes de rock et de métal aiment reprendre leurs tubes et notamment "Another brick in the wall (Part 2)" (Pearl Jam, Class of '99, Marilyn Manson, KoRn, Velvet Revolver ...). Au rayon tribute album inpensable, on a eu droit à des versions reggae, dance, dub, électronique, hip hop, transe, piano, songwriter, orchestrales... et voici maintenant A tribute to Pink Floyd : Redux ladies only ou comment 7 jeunes canadiennes reprennent en solo 12 titres. Une idée pas mauvaise qui avait déjà été exploitée (mais pas avec uniquement des Canadiennes) pour Echoes of Pink : A Pink Floyd tribute (sorti en 2002). Deux filles n'ont le droit quà une reprise : Julie C. (chanteuse chez Sugar Jones par le passé) et son "Breathe" aux multiples couches vocales et Samina et sa version très jazzy de "Money". Pour moi, ça tombe plutôt bien, je préfère les 5 autres demoiselles... Pascale Picard pour ses choix ("Wish you were here" et un écourté "Shine on you crazy diamond"), tous deux venus de mon album préféré (Wish you were here), sa voix douce et claire prend le pas sur les instruments assez discrets et donne de la lumière à cette oeuvre assez sombre. Sarah Slean joue davantage sur les classiques ("Us and them", "Comfortably numb") et ne prend pas de risques se contentant d'épurer un peu la partie instrumentale, à l'instar des originales, les deux pistes sont très poignantes. Pour moi, Giselle Webber est la plus intéressante des découvertes, la chanteuse des Hot Springs a un côté Björk sur "Another brick in the wall (Part 2)" (on ne peut donc y échapper) et "Keep talking" (choix assez surprenant !), très électro et avec une voix très froide, on s'éloigne (enfin ?) de la matière première pour arriver à deux morceaux méritant le terme de créations autant que de reprises. Loin de son registre habituel, Giselle Webber semble donc avoir de multiples cordes (vocales) à son arc... Ali Slaight impose elle aussi son style avec la mise en valeur du tempo, de son timbre et des choeurs sur "Learning to fly" alors qu'elle donne dans l'intimité presque génante sur "Hey you". Enfin, Lulu Hughes se fait plaisir, cette figure un peu déjantée du Québec reprend "The great gig in the sky", morceau écrit pour les choristes de The dark side of the moon, sur une musique de berceuse, elle l'interprète seule et avec talent. Elle attaque également "Time" avec une fougue électronique et des scratchs futuristes, là encore, c'est radicalement différent de la base de travail et le résultat est donc bien plus consistant.
Que l'artwork de la pochette n'inquiète pas les fans de Pink Floyd, ce A tribute to Pink Floyd : Redux ladies only n'est pas qu'une pale copie de ce que nous ont écrit les Anglais...

[fr] pink floyd redux (716 hits)  External  ]

Chronique Livre : Pink Floyd, Une épopée cosmique

Pink Floyd / Chronique LP > The final cut

pink floyd : the final cut Dix ans après l'album qui les a consacré groupe culte, Pink Floyd sort un ultime album. Mais est-ce encore eux ? The final cut est un album intégralement écrit par Roger Waters et "joué" par le groupe qui est devenu "son groupe", enfin presque car Rick Wright ne fait déjà plus partie de l'aventure. Si l'album est considéré comme une "chute" de The wall, cette réédition ne va rien faire pour changer les impressions, y est ajouté un titre (en quatrième position) : "When the tigers broke free", morceau utilisé pour le film The wall (dans le film et pour son générique) et qui était sorti en single, calé entre le démoralisant "One of the few" et le désabusé "The hero's return", cette superbe composition s'intègre parfaitement à un opus entièrement consacré à la guerre... A l'époque les anglais se battent pour les Malouines, Maggie ("What have we done Maggie ? What have we done ?") en prend donc pour son grade. Pour la première, et la dernière fois, Pink Floyd mélange la politique aux expériences personnelles (Roger n'ayant toujours pas pardonné la mort de son père "that's how the high command took my daddy from me"). Waters ressasse donc son enfance hantée par un père mort à la guerre et s'interroge sur les raisons de la guerre à grands renforts d'orchestrations larmoyantes, saxo sur "The gunner's dream", guitare sur "The Fletcher memorial home", "The final cut"... Il semble avoir mis sa basse de côté (sauf sur "Not now John", un des tous meilleurs titres) pour laisser s'exprimer ses sentiments, donner plus d'importance à sa voix, comme s'il préparait l'auditeur à ce qu'il allait entendre dans le futur... 1983, Waters met donc fin à Pink Floyd en offrant un album profondément triste, personnel, politisé, un album qui marquera le début d'une autre guerre, celles des avocats pour récupérer le nom du groupe...

Pink Floyd / Chronique LP > The wall

pink floyd : the wall The wall est l'album d'une vie, celle de Roger Waters, un concept album autobiographique qui interpelle le monde en 1979 mais qu'il avait en tête depuis toujours. Avant de se lancer dans l'écriture finale de l'album, il avait présenté deux idées : celle-là, sombre et personnelle et une autre The pros and cons of hitch-hiking, concept album construit autour d'un auto-stoppeur, album qu'il enregistrera plus tard en solo. L'histoire de Waters, mûre, s'est imposée. En même temps que la musique, il imagine un film mais le projet qui est devenu un double album est suffisament ambitieux... le film viendra deux ans plus tard (une fois le succés assuré) avec les incroyables participations de Bob Geldorf (le rôle de Pink), Gerald Scarfe (dessinateur) et Alan Parker (réalisateur). The wall est le résultat de l'enfance de Roger et de sa starisation. Il se construit un mur, son mur à l'intérieur duquel il est prisonnier. Les briques qui le façonnent sont la guerre avec ses incertitudes et ses bombes ("Goodbye blue sky", "Vera", "Bring the boys back home"), la guerre qui lui prend son père ("Another brick in the wall - part 1"), sa mère ultra possessive et protectrice ("Mother"), le système éducatif anglais qui réprime sa créativité ("Another brick in the wall - part 2"), puis les problèmes relatifs à la célébrité ("In the flesh", "The show must go on") et l'explosion de son couple ("Young lust", "Nobody home"). Face à tout cela, Roger n'arrive à pas à réagir, ne trouve pas les moyens de fuir comme il le conseille dans un délire mégalomaniaque ("Run like hell"), il s'enferme, culpabilise, tente de se suicider ("Goodbye cruel world"), il attend la fin, sa fin ("Waiting for the worms").
L'album est sombre, violent ("In the flesh ?"), formidablement triste ("The thin ice", "Hey you", "Outside the wall"), on s'apitoie sur un Roger isolé, incompris, qui cherche désespérement un peu de réconfort ... il le trouve dans "Comfortably numb", rare titre (Roger Waters a quasiment tout écrit seul) où David Gilmour (qui n'a pas autant de tourments !) participe, il l'enrichit majestueusement de parties de guitares magistrales, Wright, plus discret, joue sur les atmosphères et la tension pendant que Mason alterne retenue et défoulement ("Run like hell").
The wall est la psychanalise de Waters interprétée par un Pink Floyd qui nous offre un nouveau visage : le chant n'a jamais eu autant d'importance, l'ambiance n'a jamais été aussi glauque ("Don't leave me now"), jamais un album n'avait mis aussi mal à l'aise son auditeur.
Le succés est lui, toujours aussi planétaire, dans certains pays les étudiants contestataires s'approprient "Another brick in the wall - part 2", les autorités interdisent la vente de l'album..., aujourd'hui encore ce titre est connu de tous (we don't need no education) et subi des reprises plus ou moins heureuses (de Pearl Jam à Artsonic en passant par Class of '99 et des DJs innomables). Cet album de a contribué à l'écriture de la légende Pink Floyd et clôt le dernier grand chapitre, The final cut, sorte de suite malheureuse de The wall (la guerre et le père de Waters y étant omniprésents) marquant plus le début de la carrière solo de Waters que la fin de celle du groupe dont il vient de prendre (et perdre) définitivement possession.

Pink Floyd / Chronique LP > The dark side of the moon

pink floyd : the dark side of the moon 1973, Pink Floyd sort The dark side of the moon, un album qui a changé leur vie et peut-être la tienne, un album majeur de l'Histoire du Rock. Pink Floyd en a terminé avec sa période pop rock psychédélique (The piper at the gates of dawn) et ses explorations spatiales (A saucerful of secrets), est allé très loin dans l'expérimentation (le breakfast d'Alan et les les symphonies d'Atom Heart Mother, UmmaGumma, le monstre "Echoes"...) et a même apporté sa pierre aux bandes sons hippies avec le monumental More, quelques titres sur Zabriskie point et le décevant Obscured by clouds. Bref il est temps de passer à autre chose, Waters a laissé ses comparses s'exprimer à foison (UmmaGumma), il va pouvoir commencer à prendre le Floyd en main, écrire des textes plus adultes, plus ancrés dans la réalité ("Time", "Us and them", "Money"). Pose-toi et respire, après "Speak to me", "Breathe in the air", deux titres en un, Waters pose sa basse et sa voix, calmement, doucement... Finie l'excitation d'un "Nile song", finie l'exaltation de "Set the controls for the heart of the sun", finis les titres interminables, place aux textes, place aux intonations renforcées sur ce qu'il veut faire entendre, place aux solos déchirants ("Time", "Us and them"), place à sa pimpante 4 cordes ("Money"), place aux choeurs ("The great gig in the sky", "Eclipse").
Contrairement à ce qu'on peut entendre, Dark side n'est pas intégralement un concept album puisque différents sujets sont abordés et la fin de l'opus est plus pop, plus légère, on y retrouve l'espace et le côté sombre de la lune à suivre le lunatique sur sa pelouse ("Brain damage" there's someone in my head but it's not me) avant que le Floyd ne s'"Eclipse".
Dark Side apporte une nouvelle dimension à Pink Floyd qui devient plus qu'un simple groupe de hippies dont les idées seraient obscurcies par des nuages de fumée apaisante, Pink Floyd ne pense pas qu'à la musique, Pink Floyd pense tout simplement et exprime ses idées sur le monde réel. Si les textes n'expliquent pas à eux seuls l'incommensurable succés de cet album, ont aussi leur part la qualité du son, des arrangements, des mélodies... cependant pouvoir fredonner un titre qui donne aussi à réfléchir marque plus l'auditeur inaverti, celui qui va découvrir les Floyd à la radio dans les mois voire les années qui vont suivre... Le rock de Pink Floyd est devenu total. L'illustration de la pochette est lue à l'envers, Pink Floyd vit l'inverse d'une réfraction, car plus que celui de la lune, c'est le côté sombre de Pink Floyd qui est mis en lumière. Le groupe a changé, une nouvelle ère commence pour lui.

Pink Floyd / Chronique LP > Wish you were here

pink floyd : wish you were here 1973, The dark side of the moon éclaire le monde du rock, Pink Floyd qui se cantonnait jusque-là à des albums de rock estampillé psychédélique, devient un groupe de légende à tous points de vue. En 1975, l'album de Pink Floyd est certainement l'un des évènements les plus attendus. Le défi semble insurmontable, comment revenir sur Terre après avoir exploré la face cachée de la lune ? J'aurais bien aimé être là pour vivre ça... Nos cerveaux sont endommagés à tout jamais par le lunatique qui marche alors dans nos têtes chantonnant les tubes que restent les "Money" et autres "Time", les nôtres oui, mais les leurs ?

Le vinyl, comme la réédition qui sort aujourd'hui se drape dans un plastique noir, ne laissant qu'une élémentaire poignée de main transparaître. Avec ce nouveau contact, Pink Floyd va encore nous enflammer. Une nappe de clavier de Rick Wright lance l'album, tout est calme et puis la guitare de David Gilmour murmure quelques notes claires qui emplissent l'espace. Brille, diamant fou, brille Syd, cette chanson est pour toi, on ne t'a pas oublié. La guitare change de ton, Nick Mason trouve ses baguettes, Roger Waters, grave, fait ronronner sa basse. Cela fait déjà un petit bout de temps que "Shine on you crazy diamond" résonne dans les salles de concert, d'improvisations folles, il reste deux parties qui font plus que simplement encadrer l'album. Pink Floyd se souvient de sa jeunesse, quand il jouait du côté du soleil. Avec nostalgie, ils reviennent à leurs amours, la démesure, la beauté pure, tout ça pour honorer Syd mais aussi pour se retrouver eux. Le spleen du saxophone s'efface avec le temps et surtout le tempo. J'aurais aimé que tu sois là Syd. Nous sommes entrés dans le système sans toi, on va t'en parler un peu quand même. Voilà ce que semble dire Pink Floyd avec ces quelques titres.

Les mains mécaniques de la machine se sont emparées d'un Floyd humain qui se défend, prisonnier d'un système qui veut en faire des stars, leur créer une histoire. "Welcome to the machine" est inquiétant, troublant, momentanément aliéné et surtout aliénant. Sur des accords acoustiques angoissés, se battent des bruits peu rassurants qui auront raison du groupe entré dans la machine. "Have a cigar", mettez-vous à l'aise, le business a pris possession de vous, alors autant que vous profitiez des avantages... Monsieur Floyd est en mauvaise posture, tiraillé par son estomac et son esprit, il est reconnu mais n'est-il pas en train de perdre pied avec la réalité ? On va s'occuper de lui, mais qui mieux que lui pouvait le faire ? "The band is just fantastic, (...) oh, by the way, which one's Pink ?" Roger Waters s'interroge déjà sur la starisation et sa personnalité, ce cigare qu'il vient d'accepter n'est-il pas la première brique de The wall qu'il est en train de bâtir. Se sentant seul, il s'interroge sur ses choix et réclame l'avis d'un proche, "Wish you were here". L'une des plus belles pièces du Floyd, oui, encore une, l'introduction lointaine à la 12 cordes et sa reprise au grand jour sont réconfortantes. Pink s'est éloigné de tout ce fracas pour se poser des questions sur lui-même, doit-il changer, va-t-on le faire changer ?

Retrospectivement, nous savons que cet album est le dernier du groupe Pink Floyd, c'est un véritable appel au secours que lance Roger Waters, se sentant mis en danger par lui-même. Et il annonce dans la suite de "Shine on" qu'il va lui aussi devenir fou "I'll joining you there". Il plonge dans un lac de solitude, rongé par son génie, mais avant de passer de l'autre côté, il lance ce dernier cri entre appel à l'aide et avertissement pour les générations futures. Pour lui, il est trop tard, le feu s'éteint, son âme a basculé, il ne reviendra jamais de la face cachée de la lune, il en est conscient et pleure son incapacité à changer la donne. Les tourments de l'âme donnent les plus belles oeuvres, l'esprit torturé de Roger Waters nous livre celle-ci avant de s'enfoncer encore plus loin.