pink floyd : the wall The wall est l'album d'une vie, celle de Roger Waters, un concept album autobiographique qui interpelle le monde en 1979 mais qu'il avait en tête depuis toujours. Avant de se lancer dans l'écriture finale de l'album, il avait présenté deux idées : celle-là, sombre et personnelle et une autre The pros and cons of hitch-hiking, concept album construit autour d'un auto-stoppeur, album qu'il enregistrera plus tard en solo. L'histoire de Waters, mûre, s'est imposée. En même temps que la musique, il imagine un film mais le projet qui est devenu un double album est suffisament ambitieux... le film viendra deux ans plus tard (une fois le succés assuré) avec les incroyables participations de Bob Geldorf (le rôle de Pink), Gerald Scarfe (dessinateur) et Alan Parker (réalisateur). The wall est le résultat de l'enfance de Roger et de sa starisation. Il se construit un mur, son mur à l'intérieur duquel il est prisonnier. Les briques qui le façonnent sont la guerre avec ses incertitudes et ses bombes ("Goodbye blue sky", "Vera", "Bring the boys back home"), la guerre qui lui prend son père ("Another brick in the wall - part 1"), sa mère ultra possessive et protectrice ("Mother"), le système éducatif anglais qui réprime sa créativité ("Another brick in the wall - part 2"), puis les problèmes relatifs à la célébrité ("In the flesh", "The show must go on") et l'explosion de son couple ("Young lust", "Nobody home"). Face à tout cela, Roger n'arrive à pas à réagir, ne trouve pas les moyens de fuir comme il le conseille dans un délire mégalomaniaque ("Run like hell"), il s'enferme, culpabilise, tente de se suicider ("Goodbye cruel world"), il attend la fin, sa fin ("Waiting for the worms").
L'album est sombre, violent ("In the flesh ?"), formidablement triste ("The thin ice", "Hey you", "Outside the wall"), on s'apitoie sur un Roger isolé, incompris, qui cherche désespérement un peu de réconfort ... il le trouve dans "Comfortably numb", rare titre (Roger Waters a quasiment tout écrit seul) où David Gilmour (qui n'a pas autant de tourments !) participe, il l'enrichit majestueusement de parties de guitares magistrales, Wright, plus discret, joue sur les atmosphères et la tension pendant que Mason alterne retenue et défoulement ("Run like hell").
The wall est la psychanalise de Waters interprétée par un Pink Floyd qui nous offre un nouveau visage : le chant n'a jamais eu autant d'importance, l'ambiance n'a jamais été aussi glauque ("Don't leave me now"), jamais un album n'avait mis aussi mal à l'aise son auditeur.
Le succés est lui, toujours aussi planétaire, dans certains pays les étudiants contestataires s'approprient "Another brick in the wall - part 2", les autorités interdisent la vente de l'album..., aujourd'hui encore ce titre est connu de tous (we don't need no education) et subi des reprises plus ou moins heureuses (de Pearl Jam à Artsonic en passant par Class of '99 et des DJs innomables). Cet album de a contribué à l'écriture de la légende Pink Floyd et clôt le dernier grand chapitre, The final cut, sorte de suite malheureuse de The wall (la guerre et le père de Waters y étant omniprésents) marquant plus le début de la carrière solo de Waters que la fin de celle du groupe dont il vient de prendre (et perdre) définitivement possession.