The Australian Pink Floyd The Australian Pink Floyd Et alors que je me faisais la liste de ce qui serait forcément envoyé à la trappe par le groupe de reprises, ils attaquent par un enchaînement "Obscured by clouds" / "When you're in", ces deux pièces instrumentales appartiennent à l'album le moins apprécié des Anglais ! Outre le truc sorti avec des chutes il y a quelques années, cette bande-son d'un film (encore plus mauvais) trouve ici un peu de sens, ça fait une superbe introduction, non seulement parce que les titres ne sont pas si nazes que dans mon souvenir mais en plus, ils ont de quoi surprendre. Puisque le groupe semble capable de tout, je me prends même à rêver d'entendre des titres de More ("The Nile song", "Green is the colour" ou "Cymbaline" ?). D'autant qu'ils enchaînent avec "In the flesh?", clairement pas le plus illustre des morceaux de The wall, les lumières se parent de rouge, on est plongé dans l'ambiance du film, sur l'écran géant rond défilent des images iconiques et quelques ajouts bien sentis. Dans ma liste de titres "pas évidents à jouer", j'ajoute "The Fletcher memorial home" et "Not now John" de The final cut et au rayon des plus abordables, "Hey you" que j'adore tout autant. Spoiler alert, aucun de ces morceaux ne seront joués... mais d'autres pépites sauront me ravir. Pink Floyd a écrit un paquet de morceaux qui sont identifiables en quelques secondes, "Time" fait partie de ceux-là et comme The Australian Pink Floyd s'évertue à être aussi proche que possible de son modèle (avec quelques musiciens supplémentaires dont un fantasque saxophoniste et trois chanteurs au lieu de deux), un frisson me parcourt l'échine quand résonnent les carillons, The dark side of the moon est un des monstres discographiques (en tout cas en terme de vente) et on s'engouffre dans cette période avec "The great gig in the sky" (d'autres frissons avec les choristes), "Money" et sa basse imparable mais également "Us and them". Le son joue parfois des tours à l'assistance, le mixage en façade n'est pas toujours propre et l'ingénieur a un peu de boulot pour garder le cap et faire sonner les instruments (et les voix !) aussi clairs que possible, l'interprétation est quant à elle excellente, les reprises sont ici très fidèles aux versions originales et c'est ce qu'on attend de ce genre de spectacle. Les mecs sont tellement bons qu'ils m'ont donné envie de réécouter The division bell après avoir envoyé "What do you want from me" et "Keep talking", pourtant à part "High hopes", il ne me semblait pas que tant de trucs soient à garder sur le dernier opus studio du groupe. Ce soir, les Aussies ne communiquent pas, si ce n'est pour nous dire qu'ils vont faire un break après une nouvelle série de titres, en l'occurrence le combo "The happiest days of our lives" / "Another brick in the wall, Part 2", certainement le moment le plus attendu, ça claque, on a la version longue du morceau et pas l'édit que les radios massacrent quotidiennement et c'est un régal.

The Australian Pink Floyd The Australian Pink Floyd 20 minutes de pause au milieu du concert. C'est quoi ce délire ? A cette question, j'ai la réponse, au final, le groupe joue près de 2h30. Ils méritent donc bien de faire un tour en loge. D'autant que cette deuxième partie est absolument sans faille alors que la plupart des tubes attendus ont déjà été joués... Ca repart tambour battant avec "Astronomy domine", le morceau qui a lancé Pink Floyd sur un album totalement psychédélique (The piper at the gates of dawn) où les titres (à part "Interstellar overdrive") sont incroyablement marqués par leur époque et s'amalgament difficilement avec le reste de l'attirail du groupe, il en va de même pour A saucerful of secrets ou Atom heart mother (qui ne sont pas de la partie sur cette tournée). Ai-je déjà mentionné que des frissons m'ont parcouru le dos ce soir-là ? C'est encore le cas quand une nappe de clavier traverse le noir pour atterrir dans mes oreilles, je ne connais que trop ce son, c'est celui de mon morceau préféré sur mon album préféré. Les mecs sont un train de jouer "Shine on you crazy diamond" !!! Et c'est moi qui deviens fou ... mes voisins s'interrogent de voir un mec s'exciter autant pour 4 putains de petites notes sur une gratte mais je savoure chacune des exécutions de ce gimmick magique. Bien entendu, c'est "Wish you were here" qui est joué ensuite, l'extase se poursuit, c'est l'occasion aussi d'évoquer les images projetées derrière les musiciens, elles rendent hommage à Pink Floyd bien sûr mais aussi à l'Australie avec des détournements à base de "profil" du pays ou de kangourou, celui de la pochette de l'album est assez réussi. On aura également le droit à un gigantesque kangourou gonflable rose en écho à celui du cochon zeppelin d'Animals (d'autres "gonflables" apparaissent de temps à autre en fonction des titres). Les références à leur pays d'origine apportent un peu de fraîcheur et font assez bien réagir le public (enfin, plus quand c'est AC DC que quand c'est Crocodile Dundee). Le brutal "Sheep" nous ramène sur les partitions de Roger Waters, c'est aussi une bonne surprise que de pouvoir entendre ce titre qui a aussi bien vieilli que moi ! C'est avec des guitares acoustiques et une émotion palpable que "Mother" déchire les Lillois. Un peu de tristesse ? Transition toute trouvée pour placer "Sorrow", pas forcément la piste la plus connue de A momentary lapse of reason (un des albums que j'ai le plus écouté car sorti en 1987 alors que j'avais 10 ans). Après ces moments relativement calmes, deux déflagrations viennent terminer cette deuxième partie. "One of these days" et "Run like hell", le public est debout, tape dans les mains et se prend sa paire de claques. J'en ai de nouveau la chaire de poule rien qu'à l'écrire. Deux morceaux géniaux, deux autres grands moments, deux titres idéaux pour terminer la soirée. Sous les acclamations le groupe quitte la scène... Mais le cercle de spots reste allumé... Il ne faut pas longtemps pour qu'on les voit revenir et là encore, il ne faut que quelques secondes pour comprendre que la cerise sur le gâteau s'appelle "Comfortably numb". Un autre chef d'œuvre qui a bercé mon enfance, The child is grown, the dream is gone, mais ce soir The Australian Pink Floyd m'a, en partie, fait vivre un rêve.