Pinback - Summer in abaddon Ecouter un disque de Pinback, c'est un peu comme aller dans un parc d'attractions ou de loisirs : chaque chanson est un manège. On saute d'attractions en attractions. On vient même les refaire pour confirmer ou non nos sensations ou tout simplement parce qu'elles nous ont conquises d'emblée. Il y a une multitude de montagnes russes dans ce monde pourtant leurs parcours sont si différents. Summer In Abaddon première sortie chez Touch and Go Records (Shellac, The Jesus Lizard, Blonde Redhead.) vient confirmer le talent loué aux deux compères californiens. Une question vient à l'esprit lorsque l'on découvre un nouveau Pinback : comment un groupe tel que celui-ci parvient-il encore, tout en appliquant la même méthode de composition, à nous surprendre et de surcroit à ne pas nous lasser ? Autant le dernier en date, Autumn of the Seraphs, avait des restes d'Offcell - EP sorti dans la discrétion en 2003 - autant ce Summer In Abaddon aurait tendance à être un condensé de l'ensemble des œuvres de Pinback, avec une production plus travaillée. Oui, cet album est probablement le plus constant et le plus abouti. L'ensemble des 10 titres est d'une parfaite homogénéité. Cette qualité est grandement liée à des tempos lapidaires, certes différents, mais qui ne sont au final pas loin les uns des autres. C'est peut-être justement ce "mid-tempo" qui génère la puissante créativité de Rob Crow et de Zach Smith. Les arpèges cycliques, la progression d'accords et les voix emprunts de mélancolies viennent redorer nos journées plombées d'ennui ou de lassitude. Un Pinback et ca repart ! Une attraction, je vous disais. Venez goûter à la volupté de "Sender" ou "The yellow ones", des caresses auditives par excellence. Naviguez sur les ondes de "Syracuse" tout en faisant attention à ne pas faire chavirer le radeau à partir de la moitié du morceau. Profitez de la vrille de la dynamique "Fortress" qui ne vous lâchera pas en cours de route. Décollez sur les envolées vocales et la mesure d'une précision chirurgicale de "Non photo-blue". Vous n'avez que le choix ! Pinback continue d'être un nid de questions et de paradoxes, comme son titre d'ailleurs. Après tout, pourquoi se poser autant de questions quand la musique est bonne et quelle nous emmène vers de singuliers territoires? Si Abaddon est un démon ou plus généralement la destruction, alors, qui se plaindrait d'y passer un été ?