On le sait, on n'est pas avare de compliments envers le collectif et label lyonnais Dur et Doux (PoiL, Ni, Chromb!, PinioL, ICSIS, Saint Sadrill, Ukandanz). Une entité qui bichonne ses artistes et musiciens et qui fait le choix répété de lancer des groupes avec des membres de formations déjà présentes dans son équipe. L'un des cas les plus récents est PinioL avec la réunion complète des gars de Ni et PoiL. Pili Coït, puisque c'est le sujet ici, regroupe un duo composé de Guilhem Meier, le batteur de PoiL et Ukandanz notamment, et la musicienne multitasks Jessica Martin Maresco, aperçue dans des formations aussi diverses que Meï Teï Shô, ICSIS (groupe dans lequel se trouve aussi Guilhem), Saddam Webcam ou Mercurial. Cette dernière est équipée d'un tom basse, d'un bidon, d'un synthé-drum et de sa voix profonde, intense et frémissante, quant à Guilhem, il se charge, non pas des percussions (son domaine de prédilection) mais d'une guitare et apporte également sa contribution par un chant se mutant par moments en talk-over en langue anglaise.
Ces deux-là ont sorti Pink noise, un premier album passionnant à écouter, sans véritable barrière, qui montre l'étendue du talent de ce duo pour nous confiner dans un univers sonore imprimé de sentiment de vacillation constant. Ni vraiment pop, encore moins expérimental, ce fantasme musical tortueux peut autant mettre mal à l'aise qu'il enivre. L'intimité et la complicité de ce couple ressortent énormément dans cet album très personnel. L'enchevêtrement et l'harmonie des voix en sont le meilleur exemple, même si instrumentalement cela est un peu moins perceptible, comme si les voix avaient été davantage travaillées que l'instrumentation. Et pourtant, de très bons titres sont issus de ce Pink noise, à commencer par l'excellent titre éponyme mais également l'explosif "I can scream" ou le turbulent "Bumble bee" et ses techniques de percussions soignées. En résumé, les Pili Coït se fichent un peu des conventions, prennent un peu de leurs backgrounds respectifs pour balancer un univers peu familier à tendance lo-fi dont le patronyme n'a rien à voir avec une partie de jambe en l'air (notez que le duo est en couple dans la vie extra-musicale). En fait, il s'agirait tout simplement de la prononciation avec l'accent alsacien de "Billy goat", leur première composition. Ça ne m'étonne pas d'eux !
Publié dans le Mag #34