1993, Unknown road, je découvre Pennywise, je dessine des petits logos PW dans la marge de mes feuilles de cours... 25 ans plus tard, je retrouve ledit logo en grand sur leur nouvel album Never gonna die et presque rien n'a changé... Pourtant la vie du groupe n'a pas été simple (décès de Jason Thirsk, départ de Jim Lindberg en 2009, son retour en 2012) et le skatecore est devenu un style très grand public (les ritournelles de Green Day, les merdouilles de The Offspring...) alors que le skate en lui-même disparaissait peu à peu, remplacé par les écrans et autres hoverboards...
Le logo, des bombes, le capitole dans l'orage, des dollars, la vérité enterrée, un Banksy, une poubelle, un bidon de pétrole ouvert, un porc manipulateur et un peu d'espoir, ces détails de la pochette expliquent pourquoi Pennywise est immortel, leurs combats de toujours contre un capitalisme inhumain, l'ingérence politique, la pollution ou les armes ne sont pas terminés et ne le seront jamais. Il y a donc de quoi écrire encore un paquet de chansons. Elles ne sont pas toutes engagées mais quand Jim Lindberg y va, il ne fait pas semblant ("American lies", "We set fire", "Won't give up the fight", "Something new"), les patrons qui s'enrichissent, les politiques qui mentent, l'histoire qui se répète, les religions qui s'affrontent, toujours les mêmes rengaines diront certains mais aux Etats-Unis, ce genre de discours n'est pas forcément entendu ou alors discrédité (fake news !). Certains textes sont plus personnels ("She said") ou encouragent ceux qui sont mal à reprendre leur vie en main ("Keep moving on", " Goodbye bad times") parce qu'il faut garder espoir. C'est là aussi une des caractéristiques de Pennywise, garder le sourire et dégager des ondes positives malgré le merdier environnant. Le groupe fait preuve d'une énergie contagieuse, conserve un tempo suffisamment élevé et ne tolère aucun relâchement (quelques passages permettent de souffler un peu quand même comme sur "Can't be ignored"). Les 14 titres passent en moins de 40 minutes, preuve qu'à cinquante ans passés, on peut envoyer des lignes basse/batt comme à 20 ("Listen" !), s'éclater avec des mélodies (les guitares de Fletcher Dragge sur "Won't give up the fight") et n'avoir rien perdu de sa verve. Et si on peut penser qu'en terme vocal, c'est un peu toujours la même chose, quand ça change avec par exemple ces effets sur le chant de "Goodbye bad times", on regrette vite ce à quoi on est habitué ! Mieux, on kiffe quand les gaillards salissent un peu leur son pour lui donner une couleur old school ("Can't save you now"), un truc que maîtrise parfaitement leur producteur Cameron Webb (Motörhead, NOFX, Zebrahead...) et qui apporte un peu de variété dans un disque assez compact...
Pennywise n'est pas mort et ne mourra jamais, pratiquer le punk à roulettes peut sembler aisé mais le faire aussi bien qu'eux durant autant de temps, ce n'est pas donné à tout le monde. Droits dans leurs Converse, regardant l'Amérique en face, cherchant à répandre une joie éclairée autour d'eux, les Californiens ont (encore) sorti un album de patrons.
Publié dans le Mag #34