Papier Tigre - Beginning and end of now Derrière Papier Tigre se cache un trio nantais qui nous prouve encore une fois que l'héritage Fugazi, Shellac et consorts a encore de beau jour devant lui et que l'on a pas fini d'être épaté par des groupes qui se réapproprient la formule de manière personnelle. Qu'est-ce qui différencie Papier Tigre des influences citées ? La formation batterie/deux-guitares et la conséquence sonore qui découle derrière cette enchevêtrement de six cordes : du tranchant et du mélodique pour encore plus de tranchant mélodique mais pas seulement. "Restless empire", le premier titre de cet album casse déjà la baraque : pas de basse mais un batteur qui tabasse (oui, je songe à une carrière dans le slam...) et on se dit que c'est largement suffisant à l'écoute de cette première salve post-hardcore qui conjugue batterie ample et sèche à la fois, chant hargneux/caustique très McFugazi et canevas de riffs acérés avec pour résultat un morceau vénéneux et remuant qui tappe dans le mille. Une identité, le groupe semble en avoir déjà une bien affirmée, et la qualité du reste de Beginning and end of now ne doit qu'a la maitrise d'un songwriting qui gère à mort : mélodies sangsues, changements d'intensités, va-et-vient rythmique et breaks jouissifs, environnement mi-râpeux mi-accrocheur pour un disque mega-convaincant sur la durée. The beginning and end of now s'éloigne en effet de plus en plus du simple rendu scolaire au fur et mesure des écoutes et cette impression ne s'estompera pas au terme des dix titres qui composent la galette. La mission ardue de clore l'album en revient à "Some statues are easily destroyed" : un petit bijou noise made in Papier Tigre (Make believe!) qui ne fait qu'achever le travail de séduction chez l'auditeur.
Prendre à défaut ce disque de Papier Tigre, ça en revient à chercher un bouton d'acné sur le visage de la dernière greuluche MTV après un passage chez le chirurgien Photoshop : une grosse perte de temps. À ranger à coté de l'excellent Belgian Tango des Fordamage avec qui ils partagent pas mal (à mon humble avis) de points communs : grâce à ces deux groupes, le rock indé' français n'a jamais semblé aussi vivace et insaisissable. En bref et j'imagine que vous l'avez déjà compris, The Beginning of end and now est un excellent disque (achetez-le) que vous devez de vous procurer (achetez-le) pour soutenir la scène (achetez-le) bien de chez nous. Puis cette pochette, c'est simple mais classieux, non?

NdR : aucun message subliminal n'est caché dans cette chronique.