Pamplemousse - Think of it Tous les matins, je me prends un bon jus de pamplemousse. C'est frais, ça fout la patate, c'est vitaminé, un peu acide, pas trop sucré ; c'est pas un fruit de guignol à en tirer 3 gouttes par pressage, ni un fruit qui deviendrait subitement à la mode, tout ça parce qu'il viendrait d'un pays tropical, et qu'il n'aurait été cultivé que par une tribu en synergie totale avec Gaïa. Eh bien, désolé de cette allégorie fruitière, mais pour Pamplemousse, le musical, celui qui nous revient en troisième semaine pour un nouvel LP, c'est que du bon, et je te conseille vivement de goûter à cette production réunionnaise de grande qualité. Car oui, ça a les mêmes vertus qu'en jus, mais ça se consomme par les oreilles, et si possible, en live, comme toute bonne musique qui se respecte.

Et en matière de respect, Pamplemousse en impose. Déjà parce que cela fait depuis l'album éponyme sorti en 2018, qu'ils nous envoient un noise rock impeccable. Parce que dès le début, le trio plaquait son style, sa guitare, son chant, ses codes. Nul besoin de sortir un timide EP en carte de visite pour les Réunionnais, ils avaient déjà trouvé leur voie. Pour Think of it, le tout dernier, Pamplemousse fait dans la continuité sur certains points : même label, A tant rêver du Roi ; même studio d'enregistrement, Studio Black Box en compagnie de Peter Deimel (Chokebore, Shellac, Cows). En revanche, quelques changements dans le line-up qui passe de 3 à 2, avec désormais Sarah Lenormand qui délaisse la basse pour passer à la batterie et accompagner Nicolas Magi, toujours au chant et à la guitare. Autres petites nouveautés, avec des tracks qui s'écartent un peu de la ligne directrice tracée précédemment dans la discographie de Pamplemousse. On y trouve "One million doors", titre plus noise pop garage, plus abordable. Ou "La ballade de Steve", titre quasi instrumental un poil psyché, qui termine l'album. Mais que les adorateurs du Pamplemousse originel se rassurent, même en duo, ils savent nous rappeler aux bons souvenirs des précédents hits ("I hate this song", "High strung"), avec un "Mexican boy" qui entame Think of it, ou le "I'm not Dietsch 1", premier single de l'EP, enivrant et hypnotisant. Il y aura aussi du fat avec le bien nommé "Fat Hollywood", du brut qui claque "Vicious mind" qui contraste avec le plus complexe et intrigant "Cactus". Bref, Pamplemousse réduit son effectif mais élargit sa gamme, tout en conservant son identité, qui fait de lui une référence du noise rock français et qui aurait le mérite d'en devenir une mondiale, de référence.