Putain que j'aime les fruits des tropiques, et surtout les Pamplemousse de la Réunion ! Après nous avoir rafraîchi et picoté les oreilles avec leur tout premier LP éponyme en 2017, c'est avec plaisir qu'on les retrouve en 2019 avec High strung. Mais depuis 2 ans, ont-ils passé leur temps à étudier la température du Piton de la Fournaise ? Heureusement non, et tu as peut-être eu la chance de les voir en concert en métropole, notamment en première partie de Unsane (... comme une évidence), à Paris ou durant la tournée dans l'hexagone et en Espagne qui s'en est suivie. C'est sûr que ce n'est pas forcément facile de se lancer dans une tournée européenne quand on réside à 9 000 km de Paris. A l'inverse, ils tournent beaucoup sur l'île, soit une autre bonne occasion d'aller visiter Saint-Denis et ses environs. Bref, assez parlé géographie, parlons musique. Toujours sur le label palois A Tant Rêver Du Roi (Bison Bisou, Francky Goes to Pointe à Pitre, No Metal In This Battle...), le groupe est parti enregistrer au Studio Black Box à Angers avec Peter Deimel (Chokebore, Shellac), et nous envoie High strung et ses dix nouveaux titres.
Et il suffit que démarre la chanson "High strung" pour retenir déjà trois enseignements : le premier c'est que Pamplemousse n'a pas changé de registre, et c'est tant mieux. On est toujours dans du très bon garage noise post punk. Le second c'est que ce groupe a déjà une identité sonore immédiatement reconnaissable : un son de guitare, une voix, une batterie et une basse. Le troisième, c'est que ce trio sait foutre le feu dès les 2"40' minutes de ce premier titre. Un feu qui continue de calciner la boîte cranienne avec un "Dragon breath" qui joue un peu plus sur des cassures de thèmes. S'ensuit un "Losing control" plus épais et lourd avec une basse qui te fouette l'échine. Pour un ralentissement de tempo, il faut attendre "Porcelain" qui s'amuse à te submerger de vagues de riffs noisy ou "Space out", presque post-rock. Mais si tu t'es relâché, voilà un "Heebie jeebies" noisy punk pour ne pas que tu puisses te détendre. Et on continue de dérouler les 10 tracks en suivant le chant hurlé punk, la guitare qui cherche à t'étouffer sous les riffs, une basse bien grasse et une batterie survoltée. Tout ça, sans jamais vraiment faire de pause, car si le volcan de La Réunion a des moments de repos, ce n'est pas le cas de Pamplemousse. Un peu plus resserré que le premier EP, avec un très bon équilibre instrumental et vocal dans la production, Pamplemousse affine et parfait son style. Je n'ai même plus à citer de groupe référence à rattacher pour donner une idée de leur musique, c'est Pamplemousse et c'est tout.
Quand à la signification de la pochette ? A mon avis, le mioche écoute High strung et il boit du p'tit lait (par le nez, oui, mais bon).
Publié dans le Mag #37