Après 3 EPs délivrés en l'espace de trois ans, le quintette parisien de pop-rock shoegaze Pam Risourié a décidé de se lancer dans l'expérience d'un long format qu'il a commencé à façonner à partir de 2021. Deux ans plus tard, le 17 mars 2023, Days of distortion était livré grâce à l'aide précieuse d'une tripotée de labels indés dont font partie Atypeek Music, Araki Records, Icy Cold Records ou encore Stellar Frequencies. Sans manquer de respect à ces derniers acteurs ô combien importants de la propagation de musiques indés de qualité, lorsqu'on découvre cet album, on est persuadé qu'il aurait pu aisément sortir sur une major ou une maison de disque indépendante plus importante en termes de moyens, tant son style et sa prod' collent au cahier des charges de certaines (ceux qui nous viennent à l'esprit en premier lieu sont [PIAS], Tough Love Records, V2 Records ou pourquoi pas un des labels composant le groupe Beggars). La nationalité des membres de Pam Risourié ne les aide pas, c'est certain, bien qu'ils écument parfois des scènes en Europe (Allemagne, Pays-Bas, Italie), mais gardons l'espoir pour eux que cet album saura les propulser davantage sur le devant de la scène internationale. Car ils le méritent.
Enregistré par les You Said Strange (qui, eux, pour le coup, ont entrevu la lumière portée sur l'international), et mixé/produit par Lucas Ramos (Guts, Frustration, Von Limb, Clarkk And Co.) au OneTwoPassit Studio, Days of distortion a toutes les caractéristiques de l'album réussi. Son style musical charme presque instinctivement par ses mélodies pénétrantes, par sa langueur apaisante et rassurante, et son côté passe-partout aussi. Le rock shoegaze familier de Pam Risourié, teinté de post-rock par moments, ne nous sort pas vraiment de notre zone de confort. En revanche, la manière qu'a cette formation de mener son bateau est, elle, infaillible. Ses membres connaissent leur job quand il s'agit de balancer des titres absolument imparables : lorsqu'on tombe sur "Spectre", par exemple, la magie mélodique opère au point de nous tirer des larmes des yeux, idem concernant les quasi-8 minutes atmosphériques, graciles voire hypnotiques d'un "Weltschmerz" ultra séduisant. Dans Days of distortion, le groupe tente à certains moments de varier son contenu, comme sur ce "Solemnly" céleste cadencé par une boîte à rythmes.
Mais l'unité de style entre chaque chanson est finalement ce qui fait de Pam Risourié son cheval de bataille, et peut-être ce qui le différencie, de ce fait, de tous les autres groupes qui jouent dans sa cour (Territory, Resplandor, Gliese Et Kepler...) et qui peuvent imprimer leur shoegaze de post-punk ou de coldwave par exemple. Jamais les Parisiens ne dévient réellement de leur trajectoire, même la voix varie peu, comme pour mieux imprimer leur marque nourrie à la fois de guitares aux sons aériens noyés de distorsion, et d'une décontraction mélodique proche de celle de Cosse par moments.
Publié dans le Mag #59