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Biographie > Avec Palms, sans flotteur...

Palms Flashback : printemps 2010, Isis agite le petit landerneau des musiques post-quelque choses métalliques et plus ou moins extrêmes en annonçant sa séparation après 13 ans d'un parcours musical sans faute, quelques albums cultes et toute une génération de groupes influencés par la formation nord-américaine emmenée par Aaron Turner. L'usure du temps, une certaine fatigue créative et des musiciens éparpillés sur des tonnes de projets parallèles diverses et variés (Grey Machine, Jodis, Mamiffer, Red Sparowes, Spylacopa, Zozobra...).

Quelques semaines plus tard, 3 des ses ex-membres (mais pas Turner déjà overbooké ailleurs), soit Aaron Harris, Jeff Caxide et Bryant Clifford annoncent travailler sur un nouveau projet, encore secret, sans nom qui ne sortira dans limbes du studio de répétition qu'un an plus tard. On apprend alors que le projet est réellement sur les rails et après encore quelques semaines d'attente, la nouvelle tombe : Chino Moreno (oui, celui des Deftones, Crosses et Team Sleep) vient compléter le désormais quartet qui a également un nom : Palms. Un label aussi - Ipecac Recordings, la maison de disques (Dälek, Melvins, PHILM, Tomahawk...) co-fondée et gérée par l'inénarrable Mike Patton - et un album en chantier.

Eté 2013, ce premier effort éponyme sort dans les bacs...

Palms / Chronique LP > Palms

Palms - S/t Chino Moreno des Deftones (mais également Team Sleep et Crosses) + trois ex-Isis, soit Aaron Harris, Jeff Caxide & Clifford Meyer, lesquels ont variablement contribué à d'autres projets de la trempe de Cable, Red Sparowes, Spylacopa, ou Zozobra, sortant un album réalisé à quatre et sorti chez l'incontournable Ipecac (Isis, Melvins, Tomahawk), fatalement ça ne pouvait qu'atterrir un jour ou l'autre entre les mains du W-Fenec. Tout aussi logique est donc la question de savoir ce à quoi s'attendre. Une petite (plusieurs en réalité) session d'écoute attentive plus tard et voici le résultat : Palms ne sonne pas du tout comme du Deftones, encore moins comme du Isis mais plutôt comme l'étonnante voire improbable conjonction des deux. Là cela semble logique. Certes, mais en détaillant, c'est encore mieux.

Et pourtant au départ, on a un peu de mal à entrer dedans, la faute sans doute à un "Future warrior" inaugural dont les premières minutes ne sont pas forcément très emballantes, comme si la machine Palms était encore en rodage. Puis, au fil des minutes, le morceau prend son envol, les mélodies leur ampleur et l'ensemble gagne en intensité émotionnelle notamment au détour d'un climax aussi vibrant que maîtrisé. La naissance d'un groupe en quelques instants d'un titre d'ouverture trouvant au final plutôt bien sa place dans un album qui trace ensuite son sillon musical vers "Patagonia". Un voyage vers des panoramas ambient/post-rock veloutés, enveloppant alors l'auditeur dans un petit cocon d'ataraxie sonique aux atmosphères renvoyant régulièrement à ce qu'avait proposé Team Sleep (déjà avec Chino Moreno) à l'époque de son seul et unique album à ce jour.

Quelques éclairs rageurs viennent rompre la quiétude dans laquelle baigne "Mission sunset" et l'on comprend alors que l'objectif de Palms n'est pas d'en mettre plein les mirettes malgré son cast 4 étoiles mais plutôt de s'employer à rechercher une esthétique sonore aux confins du post-rock et du psychédélique, avec une élégance qui ne se dévoile sous toutes ses facettes qu'au fil des écoutes. Le quartet prenant absolument tout son temps (parfois un peu trop) pour se dévoiler, à développer les éléments de son édifice mélodique habité par une mélancolie délicatement fiévreuse ("Short wave radio" et son final habité), un riffing rock anguleux et des rythmiques discrètement obsédantes. On ne pouvait décemment attendre autre chose d'une collaboration Isis + Deftones et au final, le résultat est à la hauteur sensorielle de ce que peut proposer le quartet sur "Tropics" ou "Antartic handshake", deux dernières pistes sur lesquelles le groupe explore encore un peu plus intimement les contours de l'univers musical qu'il a savamment conceptualisé. Entre textures indie-pop, motifs rock électrique et architecture post-rock mais surtout une jolie propension à savoir maîtriser ses crescendo et autres .

Petite mention spéciale pour l'artwork enfin, qui est plutôt très classe et parfaitement dans l'esprit de ce que recèle ce premier opus éponyme dont on ignore encore s'il aura un successeur mais qui en l'état se suffit joliment à lui-même.