Overgrass Ne cherchez pas plus loin dans ce mag : la bonne trouvaille de ce numéro est ici. Je remercie d'ores et déjà mes collègues de ne pas me contredire. De toute façon, ils ne peuvent pas batailler car, en plus d'être sûr de mon fait, je suis sûr de mon fait. Ah, oui, au fait, cette fameuse trouvaille, c'est Killing time d'Overgrass.

Trio originaire de Suisse, Overgrass sort son deuxième album qui risque de faire parler de lui, à qui voudra bien l'entendre. Dans un style mélangeant garage, indie rock et stoner rock atmosphérique (pour ne pas dire psyché), tu ne pourras qu'y trouver ton bonheur. En 38 minutes et douze plages tantôt remuantes, tantôt lancinantes, le groupe va te faire voyager dans son univers rétro (l'intelligente production respire à plein nez les 60's/70's) et résolument axé sur les guitares et les mélodies. On pourra hâtivement comparer l'univers d'Overgrass à celui de l'esprit torturé et prolifique de Josh Homme (le fabuleux "Killing time" mélancolique à souhait, "Dancing together", "Won't let her go"), ou bien aller chercher quelques atomes crochus du côté de la pop acidulée résolument so british - Supergrass en tête (le joyeux "The day we met", le remuant "My life", l'hypnotique "Feel alive pt 2"), mais Overgrass, c'est bien plus que ça. À la manière d'un Blondstone ou d'un Livingstone en France, le groupe suisse se joue des codes du (ou des) genre(s) pour proposer une galette de qualité, parfaitement exécutée et subtilement pensée, sans jamais tomber dans un excès de zèle qui pourrait plomber des morceaux déjà gonflés à bloc. Comment en effet rester insensible à cette rythmique pachydermique de "I need you" ? Comment ne pas jubiler à l'écoute du génial "Dancing together" ? Franchement, je ne vois pas. Et même si le disque est entrecoupé de respirations suffocantes (étonnant non ? tu n'as qu'à écouter "Emphasis" et tu comprendras où je veux en venir), Killing time se révèle facile d'accès par sa candeur et sa justesse, tout en restant énigmatique et épuré. Joli coup.

Killing time te plaira à la première écoute. Mais Killing time mérite le mode "repeat" sur ta hi-fi pour que le disque prenne toute sa signification. Un disque intelligent, rafraîchissant, et tout simplement imparable.