Oslo Tropique. Dans cette logique d'une liaison géographique improbable, ce quatuor aurait également pu s'appeler Toulouse Pacifique. Toulouse, parce que Christophe Rymland (guitare-chant), Mégane Rymland (basse), Metty Bénistant (batterie) et Benjamin Entringer (guitare - ex-Ulster Page) y sont originaires et parce que Christophe chante en français. Pacifique, parce que c'est musicalement rock, voire stoner, et on ne peut pas ne pas penser aux Queens of the Stone Age à l'écoute de certains titres (comme "Non-stop" versus "No one knows") ou des très incisifs "Nuits verticales" ou "Un pavé dans l'écran", aux guitares énervées et à la basse imposante. Mais Oslo Tropique peut calmer le tempo sur d'autres tracks comme "Barbara" ou "Les camions bennes" pour mieux laisser la place au chant. Celui-ci est engagé, à consonance politique, sociétal. On y retrouvera les thèmes de la surconsommation ("Les camions bennes"), le cirque politique saturant un espace médiatique omniprésent ("Les chaines info"), la colère des individus face à ce spectacle télévisuel mais qui restent bloqués devant l'écran ("Un pavé dans l'écran"), la première guerre mondiale ("Barbara"), en écho avec le "Barbara" de Prévert. Et le style surréaliste et sobre de Prévert se retrouve sur les titres plus poétiques, plus romancés. Bref, les Toulousains s'inscrivent dans la lignée des Luke, Deportivo, Eiffel, ces groupes estampillés rock français parce qu'ils savent combiner l'énergie simple du rock'n'roll avec une approche littéraire plus complexe. Oslo Tropique, un oxymore climatique qui sait souffler le chaud et le froid, entre rébellion et mélancolie, entre riff agressif et spleen mélodique.
Publié dans le Mag #52