Sequel(s) était l'une des très agréables surprises de 2021, Orpheum Black a donc surfé sur ces bonnes vibes pour composer et enregistrer assez rapidement un nouvel album qui incorpore deux nouveaux membres puisque Nathan (basse) puis Alexis (batterie) ont rejoint l'aventure en 2022. Entre le titre (Outer space) et la pochette (un casque de spationaute avec un œil certainement d'origine extra-terrestre), on sait que le groupe va nous faire voyager assez loin...
On part pourtant de chez nous avec "Innerworld", un titre introductif qui rappelle pourquoi on avait gardé en mémoire le nom d'Orpheum Black : le mariage des chants de Mélodie et Greg, les attaques saturées, le groove, les petits détails électro, la gestion des tempos, la dynamique de l'ensemble ... sont autant d'atouts que le combo n'a pas perdu. Lancés sur de bons rails, les Orléanais s'autorisent une entrée acoustique pour "Firefly", une jolie délicatesse qu'un break silencieux transforme en boule d'énergie positive. Sur "My tribe", on trouve quelques traces d'agressivité, les riffs se font plus hachés, le chant masculin laisse moins de place aux mélodies, il n'y a que le refrain qui vient tempérer tout cela. Cette débauche de puissance laisse la place à un "State of mind" assez cool, la basse comme la guitare prennent leurs aises, on sent alors ressurgir les influences seventies du rock "classique". Pas de choc avec "Deep blue" (Et si l'espace exploré était l'océan ? Il nous en reste à peu près 95% à découvrir...), un titre où les voix dialoguent, où une gratte gilmourienne éclaircit le tableau avant de s'oublier dans les abysses. On remonte peu à peu à la surface avec "The one", le morceau prend forme, gagne en consistance, là encore le jeu entre les chants et les instruments est particulièrement travaillé, s'il est joué en live, ça doit procurer son lot de frissons. Assez prog, plus volumineux, "Heartbeat" utilise davantage les mots comme des renforts musicaux, ils colorent la toile en couches successives comme le fait parfois Steven Wilson et le résultat me laisse sans voix. "Dream maker" marque la fin de l'expédition, l'électricité disparaît de nouveau pendant une grande partie du titre où l'on entend un peu de français, l'onirisme permet tout, surtout quand un riff simple et efficace sert de cadre.
Avec Outer space, Orpheum Black confirme tout le bien qu'on pense d'eux, le groupe a certes changé mais n'a pas perdu en inventivité et peut compter sur ses forces pour séduire un public assez large tout en proposant un rock aussi pointu qu'ouvert, aussi respectueux du passé qu'ancré dans le présent.
Publié dans le Mag #56