Chroniquer ce deuxième album de One Rusty Band, c'est un peu comme présenter la bande originale d'un film sans parler du jeu des acteurs. Ça ressemble à toutes ces émissions TV de concours de cuisine, à celle ou celui qui fera la plus belle quiche. Alors c'est bien gentil, mais pour le téléspectateur lambda, il voit bien la quiche, mais il ne peut ni la goûter, ni la sentir, donc, c'est un peu limité comme exercice. C'est donc une chronique qui restera partielle pour décrire ce One more dance, car avec Greg, musicien et ingé son à la guitare et au chant, et Léa, circassienne et percussionniste aux claquettes et aux percussions, il y a toute la partie spectacle, toute l'énergie du live qui ne pourra être rapportée. Et pourtant, les 12 plages de cet LP regorgent de vitalité rock et de vigueur blues, et suffisent à régaler au moins 1 des 5 sens.
Et il même bien possible qu'à l'écoute des 20 premières secondes de "Electric church", titre liminaire de One more dance, un autre de tes sens, celui du toucher, soit lui aussi activé, à vouloir taper la cadence avec ton peton. Guitare bluesy aux riffs accrocheurs, subtile partie rythmique et une voix rock qui sait être rocailleuse quand il faut lâcher les chevaux. Greg, peut-être en raison de sa casquette d'ingé son, aime à peaufiner ses effets de guitare, où chaque titre a sa petite modulation personnelle. Et si du côté de Greg, ça claque de gros riffs, côté Léa, c'est plus raffiné, les claquettes sont comme des petites étincelles, des crépitements qui parsèment chacun des 12 titres. Au fil de l'écoute, on peut donc se laisser emporter par le flot ou se mettre de côté, et s'amuser à capter la rythmique du tap dance. Il y a une certaine complémentarité originale entre la rudesse de Greg et la finesse de Léa qui donne à One Rusty Band cette petite originalité, au-delà d'offrir un très bon deuxième album de dirty blues rock, qui respecte le dogme du genre.
Publié dans le Mag #53