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Numéro :
Mag #55
Retour aux affaires courantes ? Après la fête de nos 25 ans, oui, mais non, car chaque mag est une nouvelle aventure et quand on rencontre dEUS, c'est un groupe culte qui s'invite dans nos pages !
Oiseaux-Tempête / Chronique LP > What on Earth (Que diable)
On ne le dira jamais assez, Oiseaux-Tempête est plus qu'un groupe. C'est un collectif dont l'objectif principal semble être de faire voyager son auditeur par delà les frontières. Depuis une dizaine d'années, le projet est conduit par les multi-instrumentalistes Frédéric D.Oberland, Stéphane Pigneul et Mondkopf. Cela a tout d'abord donné vie à une trilogie aux ambiances méditerranéennes avec les albums : Oiseaux-tempête (2013), Ütopiya ? (2015) et Al-'An! (2017). Un trip dans le nord du globe et c'est From somewhere invisible (2019) qui s'ajoute à une discographie déjà impressionnante par son style. Après avoir signé la B.O du film tunisien Tlamess (Sortilège) d'Ala Eddine Slim, Oiseaux-Tempête revient avec un nouvel album : What on Earth (Que diable).
Dans le collectif, les interventions sont toujours nombreuses. Ben Shemie fait une entrée fulgurante sur "Black elephant". Les sons et les voix électro pleuvent et se dispersent en distorsion. Les synthés mettent en place le rythme hypnotique. Un régiment de basses monte au front. Le décollage est immédiat. Boites à rythmes, percussions, guitares, flûtes, saxophones, pianos, violons et j'en passe. Tout ce petit monde fait le paysage de ce premier morceau. Sur fond de sirènes, Oiseaux-Tempête lance ensuite un "Partout le feu" sur des sonorités plus rock où l'on voit davantage surgir un combo batterie/guitares. L'urgence est là, au pied de la porte. Un saxophone viendra en témoigner sur la fin du morceau. Seul dans le désordre, il le sublime en traçant un chemin vers la lumière. Sur "Terminal velocity", d'autres sirènes (les femmes poissons) viennent placer un chant qui berce. Une courte parenthèse qui se termine par de petites clochettes. Un rêve qui passe. C'est au tour de Radwan Ghazi Moumneh de venir placer son chant psalmodique sur "Voodoo spinning" et "The crying eye - I forget". Des deux, la première prend des rebonds électro favorables à un état hypnotique. La seconde...eh, bien...culmine à 20 min 17 ! Une montée mystique portant le vent chaud de l'Orient. Les envolées lyriques poussent à la contemplation. Pour sortir de la transe, les sonorités électro font à nouveau surface et accélèrent le tempo sur "A man alone in a one man poem". Jessica Moss est cette fois notre guide. Les sons se choquent entre eux. Son violon reste fidèle à sa mélodie pour assurer un fil d'Ariane dans le noir. Et quand le monde peut se taire un peu, G.W.Sok (ex-The Ex, Cannibales & Vahinés, The And) vient déclamer sa poésie à la face du monde. Le calme revient sur "Waldgäger". Le repos est de courte durée. En effet, "Nu.e.s. sous la comète" ne tarde pas à nous traîner sous des cieux plus inquiétants. Paniqué, le piano semble être chassé par une énergie électrique. "Dôme" clôture superbement What on Earth (Que diable). Le morceau est capté en live acoustique un complexe architectural de Oscar Niemeyer au Liban. Des échos et des voix qui s'élèvent font la redescente. Quelques cloches à nouveau et le monde qui gronde. Mon fils entend cela les yeux ronds. Le monde gronde. Oiseaux-Tempête sait cela et le porte avec intensité. Le monde gronde...
Nous devons apprendre à vivre ensemble sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots. (Martin Luther King)
Quelques mois après la sortie de From somewhere invisible, Oiseaux-Tempête signe la B.O du film Tlamess (Sortilège). Un drame réalisé par Ala Eddine Slim qui narre la désertion d'un soldat et l'échappée d'une femme enceinte vers une forêt sauvage et magique. Un paysage idéal pour la formation qui se donne encore une occasion de nous transporter dans un lieu inconnu de notre imagination. Exclusivement instrumental, l'album comprend outre ses fondateurs - Frédéric D.Oberland et Stéphane Pigneul respectivement guitariste et bassiste - la participation habituelle de Mondkopf aux synthés et de Jean-Michel Pirès aux percussions.
La B.O commence avec "Canyons (Marimba)". Sans préambule, le morceau se suspend dans les airs. Percussions discrètes et synthés se complètent idéalement pour créer une ambiance rêveuse. Dans "Cité nocturne", l'intention devient plus sombre avec toujours cette approche electro hypnotique propre à Oiseaux-Tempête. En moins d'une minute sur "Deserter", Frédéric D.Oberland fait hurler les sons saturés de sa guitare. L'exercice continue sur "Drone alpha". Les sonorités se mêlent et se juxtaposent entre elles. Le synthé de Mondkoft fait croire à des alarmes venant de tout part. L'intensité est élevée voire sur le point de craquer. Un instant plus calme, "Cimetière" commence tout de même sur une boucle grinçante du guitariste. Jean-Michel Pirès pose un rythme lent et régulier sans aucune variation. Le morceau monte crescendo vers une transe cultivée avec brio. Sorti de cette folie, Oiseaux-Tempête s'offre une transition pesante avec "Speaking eyes". Sans montrer de faiblesse dans l'intensité, le voyage continue avec "Une étrange forêt I" sur une matière musicale plus lumineuse. Le paysage est éphémère. En effet, l'instant d'après, "Jettura" semble illustrer une marche orageuse. "Snake design" s'impose en parfait contraste. Outre quelques notes aiguës hallucinantes, des bruits semblables à des hélicoptères, le morceau coule ses deux minutes dans la respiration. "Overtime" reprend le thème de "Canyons (Marimba)". Pourtant, Oiseaux-Tempête ne fermera pas l'œuvre sur ce seul rappel. "Une étrange forêt II" revient aussi sur sa première partie. Laissant désirer le dernier instant, Oiseaux-Tempête se lance dans le marathon de "Tlamess (Closing titles)". Avec ses 9'02", le titre possède en lui tous les effluves de "Cimetière". La version en est simplement complexifiée ou plutôt sublimée.
Avec la B.O du film Tlamess (Sortilège), Oiseaux-Tempête s'est montré sous un jour uniquement instrumental. L'intensité de la musique n'en a jamais souffert. Au contraire, dépouillé du charisme d'un chanteur comme G.W. Sok (ex-The Ex, Cannibales & Vahinés, The And), la formation démontre encore son talent. Dans ses compositions, l'hypnotisme rock electro de Oiseaux-Tempête est toujours saisissant et unique. C'est une véritable marque de fabrique. Ici, la musique laisse entendre la terre qui gronde en proposant de concert une formidable échappatoire.
Oiseaux-Tempête / Chronique LP > From somewhere invisible
Créé en 2012 par les multi-instrumentistes Frédéric D. Oberland & Stéphane Pigneul, Oiseaux-Tempête est un collectif à géométrie variable qui notes après notes s'attache à tisser un univers unique et sans frontière. Inspirée par de nombreux voyages sur le pourtour méditerranéen, la formation mélange les cultures pour les canaliser en un point, en une création. Laissant toujours une belle part à l'improvisation, les musiciens aboutissent un album studio tous les deux ans : Oiseaux-tempête (2013), Ütopiya? (2015) et Al-'An! (2017). Pour ne rien changer aux bonnes habitudes, les musiciens ont mis dans les bacs un quatrième effort studio l'année dernière : From somewhere invisible. Sorti sur le label belge d'avant-garde Sub Rosa, ce nouveau son voit la participation de G.W.Sok, Mondkopf, Jessica Moss, Radwan Ghazi Moumneh et Jean-Michel Pirès.
La performance commence avec "He is afraid and so am I". L'univers est bien sombre. Pour tout dire, l'ensemble instrumental pourrait être le fond musical d'une marche de l'armée du Mordor dans le Seigneur des Anneaux. Les paroles sont empruntées au poète Mahmoud Darwich connu au delà de ses écrits pour son engagement politique. Difficile de trouver meilleure personnage que G.W.Sok pour révéler tous les reliefs et toute la vie de ce texte. Après un morceau aussi fort, Oiseaux-Tempête fait une transition en douceur sans perdre une once d'intensité. Les guitares se répondent dans des mélodies planantes et habitées. "We, Who are strewn about in fragments" est un texte de Ghayath Almadhoun, un autre poète palestinien. L'ancien chanteur de The Ex revient bien sûr au micro pour scander plus que chanter le poème. Partout ailleurs c'est un chaos organisé et équilibré. "Weird dancing in all night I & II" sont deux morceaux qui se suivent comme un seul. Le groupe sait entretenir une forme de tension. Les cuivres, les guitares et les percussions vont crescendo vers ce qui ressemble en tout point à une danse tribale. "The naming of the crow" fait exploser les compteurs du temps avec ses 13"16'. C'est dans ce morceau que vient se glisser la poésie du chinois Yu Jian commençant par ces quelques mots "From somewhere invisible" qui donnent titre à l'album. Répétitif et calme, "Out of sight" transcende tout. Après trois textes immenses enrobés dans une musique aussi belle qu'atypique, Oiseaux-Tempête nous amène en douceur à voir plus loin. Comme pour indiquer les chemins qui s'aventurent au delà de l'oeuvre. Mais From somewhere invisible est un vortex duquel on se souhaite de ne pas trouver la sortie.
Par son nom, Oiseaux-Tempête soulève deux idées. La première suggère que la musique ne connaît pas de frontières. Elle vit sur toutes les parties du globe en tout instant. Les grands voyages sont pour Frédéric D.Oberland et Stéphane Pigneul une source intarissable pour la création de leur musique. La seconde approche le concept que la vie est un cycle ; derrière les orages se cachent les plus beaux jours. Formé en 2012, le groupe voyage l'année suivante dans la péninsule grecque avec le sentiment que "les crises qui secouent le vieux monde méditerranéen sont le prisme à travers lequel se lisent au mieux les enjeux contemporains". La Grèce en pleine crise économique et sociale donne de l'idée aux musiciens qui accouchent d'un post rock qui est le terreau du premier essai d'Oiseaux-Tempête. Deux ans plus tard, Utopiya? est l'expression urgente d'un travail différent. Enregistré en trois jours, Oiseaux-Tempête s'entoure d'un tas de musiciens pour livrer un son improvisé, brut et électrique. En 2016, c'est le Liban et ses sonorités orientales qui vont donner du grain à moudre à Frédéric et Stéphane. Là-bas, ils trouvent toute la matière pour sortir un nouvel album : Al-'An! (And your night is your shadow - A fairy tale of piece of land to make our dreams).
Sur cet album, le binôme parisien s'entoure de nombreux musiciens : Mondokopf, Sylvain Joasson, Charbel Haber, Sharif Sehnaoui, Tamer Abu Ghazaleh, Abed Kobeissi, Ali El Hout, Youmna Saba, Pascal Semerdjian, Stéphane Rives, Blackthread, As Human Pattern. Serait-il possible d'en connaître au moins un ? Toutes les cartes sont sur la table avec la participation de G.W.Sock (ex-The Ex, Cannibales & Vahinés, The And). Alors que Oiseaux-Tempête prend les allures d'un collectif, la musique s'annonce prête à nous rendre d'humeur contemplative. "Notes from mediterranean sea" déroute par son mélange de sonorités. Tandis que les instruments à vents posent un décor paisible, les notes electro font entendre les rouleaux de la mer. Quatre minutes loin du monde qui gronde, quatre minutes qui passent en un éclair. Les percussions entrent dans la danse sur le morceau suivant. C'est au tour du Oud qui complète à merveille une guitare électrique qui mène sa mélodie accrocheuse. Le oud continue sa belle aventure dans "Feu au Frontières" qui fait entendre au second plan des chants orientaux. "Baalshamin" oppose dans ses moments les plus agités la guitare électrique et les beats électroniques. Sans effacer une certaine tension, les cuivres en viennent presque à l'improvisation. Oiseaux-Tempête sort du titre en visant le chaos. L'hypnotique et planant "I don't know what or why" chanté par Tamer Abu Ghazaleh ressemble bien à la perle de l'album. Toute la dimension free jazz s'impose sur "The offering" qui est agrémenté par la voix du poète palestinien Mahmoud Darwich décédé en 2008. Après un "Carnaval" où une electro en folie domine, "Trought the speech of stars" est d'un tout autre caractère. Elle culmine en temps avec ses 17:29' dans lesquelles G.W.Sok nous livre un chant parlé, poétique et incandescent. Comme pour fermer la boucle "A l'aube" - soutenu par les percussions rappelant un cœur qui bât - nous ramène un peu à la mer dans un élan tranquille et majestueux.
Dans Al-'An!Oiseaux-Tempête est à la croisée des mondes. En bordure de rêve, la musique milite pour des paysages où rien ne se ressemble. Pourtant tout semble suspendre le temps et le faire filer entre nos doigts. Où est le début ? Y a-t-il une fin ? Espérons que Oiseaux-Tempête continue de nous emporter dans les limbes tantôt pour craqueler les limites de l'univers tantôt pour les survoler.
Les Oiseaux-Tempête ne sont pas de nouveaux venus puisque les deux musiciens fondateurs sont issus de Farewell Poetry et Le Reveil des Tropiques, deux groupes qui sillonnent l'hexagone fréquemment. Avec ce nouveau projet, ils ont soigné autant le fond que la forme, l'album est doté d'un artwork visuellement très classe, ce qui a priori, met l'auditeur dans de bonnes prédispositions.
Du coté de la musique, on est en terrain connu et déjà bien labouré avec un rock instrumental à forte résonance émotionnelle. Il n'empêche que Oiseaux-Tempête séduit les oreilles avec ses longues plages qui pourraient être la B.O d'un western urbain dans un environnement post-apocalyptique : on pense d'ailleurs beaucoup à Ennio Morricone à l'écoute de ces 74 minutes. Sur une durée conséquente, on ne te cache pas qu'il y a quelques moments de grâce mais aussi quelques phases où la musique se fait oublier (le très Earth "Ouroboros"...) pour mieux re-captiver l'attention par la suite, on pense notamment aux pistes "Kyrie Eleison" et "Call John Carcone" où le propos se fait nettement plus rugueux. Du travail soigné au potentiel de séduction certain.
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