Oiseaux Tempete - What on earth (que diable) On ne le dira jamais assez, Oiseaux-Tempête est plus qu'un groupe. C'est un collectif dont l'objectif principal semble être de faire voyager son auditeur par delà les frontières. Depuis une dizaine d'années, le projet est conduit par les multi-instrumentalistes Frédéric D.Oberland, Stéphane Pigneul et Mondkopf. Cela a tout d'abord donné vie à une trilogie aux ambiances méditerranéennes avec les albums : Oiseaux-tempête (2013), Ütopiya ? (2015) et Al-'An! (2017). Un trip dans le nord du globe et c'est From somewhere invisible (2019) qui s'ajoute à une discographie déjà impressionnante par son style. Après avoir signé la B.O du film tunisien Tlamess (Sortilège) d'Ala Eddine Slim, Oiseaux-Tempête revient avec un nouvel album : What on Earth (Que diable).

Dans le collectif, les interventions sont toujours nombreuses. Ben Shemie fait une entrée fulgurante sur "Black elephant". Les sons et les voix électro pleuvent et se dispersent en distorsion. Les synthés mettent en place le rythme hypnotique. Un régiment de basses monte au front. Le décollage est immédiat. Boites à rythmes, percussions, guitares, flûtes, saxophones, pianos, violons et j'en passe. Tout ce petit monde fait le paysage de ce premier morceau. Sur fond de sirènes, Oiseaux-Tempête lance ensuite un "Partout le feu" sur des sonorités plus rock où l'on voit davantage surgir un combo batterie/guitares. L'urgence est là, au pied de la porte. Un saxophone viendra en témoigner sur la fin du morceau. Seul dans le désordre, il le sublime en traçant un chemin vers la lumière. Sur "Terminal velocity", d'autres sirènes (les femmes poissons) viennent placer un chant qui berce. Une courte parenthèse qui se termine par de petites clochettes. Un rêve qui passe. C'est au tour de Radwan Ghazi Moumneh de venir placer son chant psalmodique sur "Voodoo spinning" et "The crying eye - I forget". Des deux, la première prend des rebonds électro favorables à un état hypnotique. La seconde...eh, bien...culmine à 20 min 17 ! Une montée mystique portant le vent chaud de l'Orient. Les envolées lyriques poussent à la contemplation. Pour sortir de la transe, les sonorités électro font à nouveau surface et accélèrent le tempo sur "A man alone in a one man poem". Jessica Moss est cette fois notre guide. Les sons se choquent entre eux. Son violon reste fidèle à sa mélodie pour assurer un fil d'Ariane dans le noir. Et quand le monde peut se taire un peu, G.W.Sok (ex-The Ex, Cannibales & Vahinés, The And) vient déclamer sa poésie à la face du monde. Le calme revient sur "Waldgäger". Le repos est de courte durée. En effet, "Nu.e.s. sous la comète" ne tarde pas à nous traîner sous des cieux plus inquiétants. Paniqué, le piano semble être chassé par une énergie électrique. "Dôme" clôture superbement What on Earth (Que diable). Le morceau est capté en live acoustique un complexe architectural de Oscar Niemeyer au Liban. Des échos et des voix qui s'élèvent font la redescente. Quelques cloches à nouveau et le monde qui gronde. Mon fils entend cela les yeux ronds. Le monde gronde. Oiseaux-Tempête sait cela et le porte avec intensité. Le monde gronde...
Nous devons apprendre à vivre ensemble sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots. (Martin Luther King)