Oiseaux Tempête - From Somewhere Invisible Créé en 2012 par les multi-instrumentistes Frédéric D. Oberland & Stéphane Pigneul, Oiseaux-Tempête est un collectif à géométrie variable qui notes après notes s'attache à tisser un univers unique et sans frontière. Inspirée par de nombreux voyages sur le pourtour méditerranéen, la formation mélange les cultures pour les canaliser en un point, en une création. Laissant toujours une belle part à l'improvisation, les musiciens aboutissent un album studio tous les deux ans : Oiseaux-Tempête (2013), Ütopiya? (2015) et Al-'An! (2017). Pour ne rien changer aux bonnes habitudes, les musiciens ont mis dans les bacs un quatrième effort studio l'année dernière : From somewhere invisible. Sorti sur le label belge d'avant-garde Sub Rosa, ce nouveau son voit la participation de G.W.Sok, Mondkopf, Jessica Moss, Radwan Ghazi Moumneh et Jean-Michel Pirès.

La performance commence avec "He is afraid and so am I". L'univers est bien sombre. Pour tout dire, l'ensemble instrumental pourrait être le fond musical d'une marche de l'armée du Mordor dans le Seigneur des Anneaux. Les paroles sont empruntées au poète Mahmoud Darwich connu au delà de ses écrits pour son engagement politique. Difficile de trouver meilleure personnage que G.W.Sok pour révéler tous les reliefs et toute la vie de ce texte. Après un morceau aussi fort, Oiseaux-Tempête fait une transition en douceur sans perdre une once d'intensité. Les guitares se répondent dans des mélodies planantes et habitées. "We, Who are strewn about in fragments" est un texte de Ghayath Almadhoun, un autre poète palestinien. L'ancien chanteur de The Ex revient bien sûr au micro pour scander plus que chanter le poème. Partout ailleurs c'est un chaos organisé et équilibré. "Weird dancing in all night I & II" sont deux morceaux qui se suivent comme un seul. Le groupe sait entretenir une forme de tension. Les cuivres, les guitares et les percussions vont crescendo vers ce qui ressemble en tout point à une danse tribale. "The naming of the crow" fait exploser les compteurs du temps avec ses 13"16'. C'est dans ce morceau que vient se glisser la poésie du chinois Yu Jian commençant par ces quelques mots "From somewhere invisible" qui donnent titre à l'album. Répétitif et calme, "Out of sight" transcende tout. Après trois textes immenses enrobés dans une musique aussi belle qu'atypique, Oiseaux-Tempête nous amène en douceur à voir plus loin. Comme pour indiquer les chemins qui s'aventurent au delà de l'oeuvre. Mais From somewhere invisible est un vortex duquel on se souhaite de ne pas trouver la sortie.