Attention OSNI, aka Objet Sonore Non Identifié ! Je vais être honnête, à la première écoute (mais aussi à la deuxième, troisième et même quatrième), je n'arrivais pas à savoir si ce groupe était génial ou une farce de mauvais goût.
Je m'explique. Si Oi Boys peut renvoyer à cette nouvelle scène punk rock française dont je parlais dans la chronique de Quai de l'Ouest de Kronstadt, ces garçons Oi jouent eux, en plus, la carte synthé cold wave 80's à fond. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne font pas semblant ! Ils ne bousculent, ne dépoussièrent pas les codes, ils font le ménage à grands coups de taser et de LBD, déconstruisant tout sur leur passage. À tel point que si l'on n'est pas familier de ce style, ce qui est mon cas, on ne peut s'empêcher de penser par moments aux Inconnus et leur titre "Isabelle à les yeux bleux". Bon, je suis taquin et exagère peut être un peu mais la frontière avec la caricature est parfois mince. Je vous laisse seul juge. Toujours est-il que ce disque (leur premier) ne laisse pas indifférent et s'est retrouvé dans pas mal de top de fin d'année... dont le mien. Car oui, après quelques tergiversations, j'ai finalement opté pour classer ce groupe dans la case génial. De toute façon, à chaque fois que je lance "La liste", la chanson d'ouverture avec sa basse froide et ronde en intro, je suis pris d'une tension et d'une envie qui me font serrer les dents et danser frénétiquement dans mon appart. C'est irrémédiable, à tous les coups ça gagne. Si tout l'album était de cette trempe, je n'aurais pas été décontenancé et eu besoin de plusieurs écoutes pour me forger un avis définitif mais ces vauriens messins, n'ont pas voulu tomber dans la facilité et c'est tout à leur honneur, au risque de nous perdre un peu. Vauriens mais malins, ils ont laissé de quoi nous raccrocher, retrouver notre chemin "Sur la place", même lançés à "200 km/h" ou avec les plus classiques (tout est relatif), "Déjà reine", "Jack Palance" et "Dernière tournée", qui semble renvoyer à un partenaire de vie et de biture parti trop tôt. Nous permettant ainsi de nous concentrer davantage sur les morceaux qui se livrent moins rapidement, moins facilement, comme "Mon dernier dieu" ou "Le film est mauvais", génial OSNI de 5min35, d'un disque qui ne l'est pas du tout, mauvais, vous l'avez compris. Perso j'aurais terminé là dessus, "Mourir accompagné de rien" n'apportant pas grand chose en plus à mes yeux mais les sales gosses n'en font qu'à leur tête et n'en ont rien à foutre... de rien. Mot qui revient dans quasiment tous les textes et quand ce n'est pas "rien", c'est "seul". Dépression quand tu nous tiens... le tout scandé, parlé plus que chanté avec un accent qui fleure le prolétariat, le désert industriel et les canettes de bières tièdes. Surtout chez l'un des deux car oui, à la base Oi Boys, qui ne fait pas de la oi! est en duo pour ce qui est des compos (guitare/ chant et synthé / chant) et en quatuor sur scène, un basse / batterie solide remplaçant les machines. Plus qu'efficace et fédérateur, si j'en crois ce que j'ai eu la chance de voir en concert début novembre.
Faites-vous violence vous aussi et tentez l'expérience, elle en vaut le coup, même s'il faut réitérer plusieurs fois et accepter de sortir de sa zone de confort.
Publié dans le Mag #49