Après une période marquée par les départs du guitariste fondateur du groupe (Leif Eliasson en 2018) puis de leur bassiste (2021), Oh Hiroshima n'a pas cherché à trouver de nouveaux membres, restant "en famille". Ils ont gardé la même équipe et le même process pour composer All things shining que pour Myriad (2022), jouant en terrain connu, ils ont pu se laisser aller à de nouvelles expérimentations tout en gardant leur base "post-rock", quand bien même le chant est très présent.
Difficile de dire quelle est l'ampleur du travail des deux Cult Of Luna - Kristian Karlsson (claviers et co-production) et Magnus Lindberg (mixage et mastering) - dans l'œuvre de Jakob (chant, guitare) et son petit frère Oskar (batterie), mais il semble évident que tous se font confiance et que certaines distorsions un peu lourdes comme certains passages très aériens doivent quelque peu aux références suédoises. Les instruments, les sonorités, les constructions collent avec l'idée de ce que l'on fait du post-rock, mais les titres sont relativement courts (entre 4 et 7 minutes, ce n'est pas beaucoup) et présentent tous du chant. Une voix légère, douce, cajoleuse qui va donc placer ce All things shining quelque part entre Sigur Rós pour sa musicalité et Radiohead pour son aspect pop. Malgré ce beau timbre, l'ambiance reste parfois ténébreuse, quelques apports extérieurs viennent égayer l'opus notamment un trombone sur deux morceaux et un violoncelle sur deux autres, ce dernier est joué par Ellen, la femme de Jakob qui prête également des chuchotements au nerveux "Deluge". Si musicalement et dans les textes, les Suédois ne sont pas super enthousiastes, l'écoute de ce nouvel album n'encourage pas la dépression, au contraire, on ressort ravi d'avoir été transporté dans cette étrange contrée.
À noter que le nom du combo a été choisi par Leif (alors qu'il était tout seul), mais que pour la première fois de leur carrière, on retrouve une référence directe au Japon sur l'artwork qui fait irrémédiablement penser à "La grande vague de Kanagawa" d'Hokusai.
Publié dans le Mag #62