The Offspring - Let the bad times roll Le punk-rock, c'est comme le congélateur, ça conserve. On vient de célébrer les 40 ans d'existence de Bad Religion dans le dernier MAG du Fenec (#47), Green Day va bientôt souffler ses 35 bougies en conservant le line-up originel, et NoFX approche de son gâteau d'anniversaire pour 4 décennies. Je ne parle même pas de The Descendents, qui ont traversé 6 dizaines d'années en restant la même bande de potes. A ce niveau-là, ce n'est plus un groupe, c'est à la vie à la mort. Et dans la famille des groupes de punk rock qui empilent les années comme Fat Mike les concerts, il y a un autre quarantenaire, c'est The Offspring. Pas les moins connus, je le concède. Les Californiens qui proposent cette année 2021, un nouvel album presque 10 ans après Days go by. Pourtant en gestation depuis pas mal de temps, les tournées, le changement de label (exit Columbia Records, bonjour Concord Records) et le Covid ont bien fait traîner la finalisation de Let the bad time roll. Et comment c'est donc, après tout ce temps ?

Eh bien The Offspring n'a pas changé et tient à le faire savoir dès le premier track de l'album : un petit riff de guitare, le chant direct en intro accompagné par la guitare qui tourne sur 4 accords, la batterie empile sur un rythme binaire, petite montée et on déroule à fond jusqu'au refrain (The roots, the roots, the roots of America..), refrain qu'on peut reprendre en cœur avec autant de facilité que Greg Graffin pour trouver une noble cause à défendre, tout ça, plié en 2 minutes 40. The Offspring fait toujours du punk rock à l'ancienne, et veut rassurer ses auditeurs. C'est un peu comme chaque nouveau film de la sage des Fast and Furious, faut que ça commence par une poursuite en bagnole, pour pas trop bousculer le fan. Pour ensuite rappeler qu'ils aiment aussi la jouer plus rock, et qu'ils savent claquer un single imparable, "Let the bad times roll" est là. Après, dans les 10 titres restants, il y a du bon, des tracks qui claquent, du punk-rock old school qui envoie vite et bien, aux refrains entrainants et au chœurs enflammés. Et quand on calme un peu le métronome, on peut apprécier un "Coming for you" bien rock ou un "We never have sex anymore" qui a plusieurs particularités : d'abord d'avoir invité quelques cuivres, ensuite d'avoir ajouté quelques notes plus swing et enfin de proposer une version alternative chantée entièrement en français (rebaptisée "Guerre sous couverture", elle n'est présente uniquement en ligne ou en bonus sur la version Jap de l'album). Et on trouve aussi du moins bon comme ce "Gone away" qui ressemble à s'y méprendre au "Mad world" de Gary Jules mais en moins bien ; ou encore ce cover de "Dans l'antre du roi de la montagne", musique de scène du XIXème siècle, que si tu ne connais pas le titre, tu reconnaitras évidemment l'air ; ou ce "Lullaby" qui vient clore l'album et qui n'est qu'une étrange version minimaliste du single de l'album "Let the bad time roll", avec une phrase répétée en boucle sur quelques arpèges de guitare. Le genre de truc qu'on colle habituellement en fin du titre original, pour terminer sur une autre tonalité. Mais heureusement ces deux dernières initiatives ne durent chacune qu'une minute.

En conclusion, pour ce nouvel LP de 10 titres, on retrouve The Offspring, qui démontre qu'il fait toujours partie des tauliers, même si cet acte de présence se fait sans prise de risque et dans un certain confort.