Oceansize - Self Preserved While The Bodies Float Up Apparemment en pleine "crise" existentielle (on exagère évidemment...), Oceansize joue depuis deux ans avec les certitudes de ceux qui suivent la formation mancunienne depuis ses débuts. Une anthologie CD/DVD live, (Feed to feed), en guise de point d'orgue de sa première décennie d'existence (2009) et un EP bien plus "pop" et léger que d'ordinaire chez le groupe (Home & minor NDR) en guise disons... d'intermède, voici le cinq majeur anglais qui livre ici son quatrième album studio avec Self preserved while the bodies float up (merci le titre fleuve). Le plus complexe et "violent" à ce jour.

Dès "Part cardiac", titre inaugural de ce nouvel opus, on sent qu'il se passe quelque chose. Cet Oceansize semble s'être laissé contaminé par une rage sourde et insidieuse, qui au fil des minutes, ne demandera qu'à exploser à la face de l'auditeur. Toutes proportions gardées bien évidemment, on reste toujours dans un registre post-prog tortueux et complexes, mais plus énervé, plus lourd que par le passé. Moins directement mélodique également. On y découvre donc un quintet qui développe ici des plans presque métalliques en même temps que le chant se fait plus rugueux que jamais. La mise en action était à la fois directe et musculeuse, la suite (le single "SuperImposer", "Oscar acceptance speech" magnifique d'élégance mélancolique) sera plus apaisée et marquera un retour à la pop (façon Oceansize s'entend) déjà entrevue sur l'excellent Home & minor.

Organique et en perpétuelle mouvement, ce Self preserved while the bodies float up semble destiné à voir ses auteurs se réinventer en permanence, au détour d'un "Build us a rocket then..." compact et efficace ou d'un "Ransoms" spatial et portée par une trame pop intimiste et satinée. Les anglais démontrent ici qu'après maintenant une douzaine d'année de carrière, ils ont tout pour maîtriser les potentialités infinies de leur art et donc sublimer un peu plus leur oeuvre, prise dans sa globalité. Que ce soit sur "A penny's weight", neurasthénique et rêveur ou "Silent/transparent" pop et scintillant, insaisissable lors des dix premières écoutes, majestueux à la onzième, Oceansize joue avec les codes du genre qu'il explore tout en complexifiant un peu plus chaque fois sa ligne de conduite ("It's my tail and I'll chase it if I want to"), jusqu'à livrer par instants quelques passages un peu (sur "Pine" notamment). Avant de conclure avec classe sur "Superimposter", parce que ce groupe-là ne peut décemment pas s'empêcher de briller comme aucun autre.