Novembre - Novembre "Novembre, n'est-ce pas un joli mois pour disperser tes cendres ?" vocifère l'Amiral sur "Entre chien et loup". Le ton est donné à travers des punchlines dignes des plus grands MC de rap hardcore, une verve inhospitalière et un ton monocorde qui sous l'influence d'une instrumentation sombre et foutrement bien exécutée s'abat (et je pèse mes mots) sur nos esgourdes tel un venin craché à la figure. Ce rock slamé voire rappé, à la manière d'un Zone Libre époque Casey et B.James, marque et laisse forcément des traces tant cette audacieuse initiative artistique n'a que peu de référents dans notre hexagone. La plume et le flow de l'Amiral D., qui pourrait se rapprocher de celui du Bruit Qui Court, si l'on souhaite perdre son temps au jeu des comparaisons, est mis en valeur par une noirceur instrumentale qui puise ses sons dans les cordes autant grattées (avec des guitares souvent abrasives et bavantes et des arpèges glaçants et mélodiques portés également par un violon) que frappées (la mélancolique grisaillant du piano et du clavier).

Quelques samples posées ci et là sur des rythmiques électroniques viennent rajouter, comme si cela ne suffisait pas, une pesanteur étouffante à ces 35 minutes de pulsions, sorte d'abréaction couchée sur disque démontrant tout le talent d'écriture de ce duo qui n'a pas oublié de soigner au passage son substrat sonore. Cet équilibre est totalement respecté, ce qui conduit à une accroche relativement rapide pour faire plier progressivement (sans jamais rompre ?) l'auditeur sous le faix de cette mixture à l'esprit torturé. Un coup de génie ?