Not Scientists En voilà des gars qui ne font pas semblant. En moins de deux ans d'existence et au beau milieu de nombreuses tournées, Not Scientists peut se targuer de ne pas faire les choses à moitié. Après un premier EP chroniqué dans ces pages et un 45 tours sobrement intitulé Leave stickers on our graves, le groupe de Serrières repointe déjà le bout de son nez pour notre plus grand bonheur avec Destroy to rebuild, premier album venant de paraître chez le stakhanoviste label Kicking Records. Et le groupe sait définitivement allier rapidité et efficacité !

Onze titres, mis en boîte au Warmaudio, agrémentent ce premier album qui transpire la classe à l'état pur. Je ne vais pas ressasser le background des musiciens que tout amateur de punk rock en France connaît sur le bout des doigts, mais toujours est-il qu'avec une telle expérience, on ne pouvait en attendre que de la qualité. Et la qualité est au rendez-vous. Les morceaux sont taillés pour le live, les mélodies sont imparables, les voix sont tout simplement géniales, et l'ensemble est tout simplement jouissif. Et je pourrais m'arrêter là, tellement je ne trouve pas de défaut à ce disque qui figure déjà dans mon top ten de l'année. Rien que ça. « Window », ouvrant l'album, est une entrée en matière parfaite, faisant monter la pression en incorporant de nombreuses mélodies sous couvert d'effets de guitares soigneusement choisis. Le talent de composition des deux guitaristes y est évidemment pour beaucoup, mais la section rythmique tire son épingle du jeu, alternant finesse et puissance façon machine de guerre. Les titres mélancoliques tels que « Broken pieces », « Over and out » ou le génial « These heads have no faces » s'entremêlent aux brûlots qui te filent la patate dès la première écoute « I'm brainwashing you », « We're given no options » , « Disconnect the dots » façon punk rock, ou l'énorme « Tomorrow's another day » et même à quelques ovni non dénués d'intérêt (« Just break me » qui, à titre personnel, me submerge d'émotion). Voilà pour l'état des lieux général.

Mais ce que je retiendrais de ce disque qu'il convient de jumeler avec les prestations live (ça joue toute l'année, pas d'excuse pour les louper) et qui m'a de nouveau réconcilié avec le son clair et le traitement brut des guitares, c'est la facilité qu'il s'en dégage pour le quatuor d'enchaîner facilement des titres aussi aboutis qui frôlent la perfection. Les gars sont adorables, leur musique est vivante, leurs morceaux sont parfaitement construits, et le mélange de punk, d'indie rock, de pop bubblegum et même ce soupçon de new wave dans la production est tout simplement savoureuse. Destroy to rebuild est la continuité logique de Leave stickers on our graves, et à l'écoute de la créativité musicale du quatuor, le champ d'action de Not Scientists est infini. Ce groupe vient de façonner son identité avec ce premier album quasi parfait, et nul doute que le réseau indépendant dans lequel le groupe évolue en fera un acteur majeur de cette scène si prolifique. Bravo les gars, et surtout, merci !