Nosfell - Nosfell Troisième essai, nouvel exercice, élan régénéré de la part de Nosfell avec cet album qu'il a choisi d'être éponyme. Par soucis de sobriété peut-être... Une sobriété qui vole en éclat dès les écoutes (les premières étant plus que déroutantes...) de ce nouvel objet made-in-Klokochazia. Car loin de se reposer sur ses lauriers, Labyala continue d'aller de l'avant. Peut-être trop puisque l'artiste a incontestablement pris le pas sur l'artisan, le créateur.
Après le Nosfell extra-terrestre, sorti de nulle-part avec Pomaïe klokochazia balek puis le Nosfell s'orientant très judicieusement autour d'axes variés en compagnie de Kälin bla lemsnit dünfel labyanit, voici ("enfin !" diront certains) le Nosfell tempétueux, vigoureusement Rock, du moins en apparence. Si, a priori, le contrat devrait être rempli haut la main par l'artisan, le bilan de l'artiste ne s'apprécie qu'en demie-teinte. A trop vouloir en mettre plein la vue, Nosfell semble s'être perdu dans cet empilement de sons, certes sauvés par une production tout ce qu'il y a de plus honorable (n'oublions pas que Alain Johannes est aux manettes). Bien sûr, lorsqu'on arpente envolés fiévreuses et parpaings rugueux, la magie finit bien par opérer mais elle ne fait pas vraiment mouche lors des intermèdes dépouillés ("Suanij...", "Mari dus"), moments de fébrilités pourtant si bien maîtrisés auparavant, et tourne littéralement au désastre lors de l'apparition de Daniel Darc sur "La romance des cruels". Sans parler des ultimes "Hej noïta" et "Avaden", car si on supportait les petits "Houououou" de "Lugina" ou les chuintements de "Olyase tilan", les deux derniers titres de la tracklist manquent totalement l'effet escompté et finissent de couler la barque déjà sérieusement endommagée une fois la première moitié de l'album écoulée. Et au sujet de "Kodalit", que penser, entre autres, de son intro tellement "Everlasting gazienne" ?
On quitte donc ce Nosfell-là avec un arrière-goût pas franchement réjouissant. Dommage car "...Jüsila", "Subilutil", "Alaj lis alaj", "Lugina" et même "Bargain healers" (pourtant assez basique), assuré en compagnie de Josh Homme et Brody Dalle, brillent de mille feux mais trop de déconvenues font de Nosfell un album à classer parmi ceux qui auraient gagné à n'être qu'un simple maxi. Bien malheureusement.