Nosfell : Pomaïe klokochazia balek Avec son premier album, Nosfell nous emmène sur ses terres, le Klokochazia, où les songes peuvent être doux, charmeurs et câlins mais aussi sauvages et impulsifs. En imaginant une langue (Klokobetz) qui lui est propre, en la superposant à des borborygmes samplés, sa guitare ou les cordes (de violoncelle ou de basse) de son acolyte Pierre Le Bourgeois, Nosfell invente une musique unique en son genre et difficile à classer, entre chanson, folk et rock.
Cette voix, merveilleusement chatoyante et limpide, évolue d'aigus hauts-perchés en graves subsoniques d'une façon déconcertante. La guitare est elle aussi très claire, ponctuant lisiblement chaque titre avec fraîcheur. Le violoncelle, tragique ou envolé, supporte les doléances de son maître avec splendeur. "Children of windaklo", la piste d'ouverture, semblable à une comptine ou "Smoke", requiem déguisé, font partie des titres posés, soufflant une brise légère et laissant le duo développer un sens extraordinaire de la mélodie. Ces pistes, couvertes d'humilité, permettent de reprendre son souffle entre d'autres morceaux, eux, exaltants de folie ("Shaünipul ", "Gouz mandamaz"). Car ne vous y trompez pas, Pomaïe klokochazia balek est empli de reliefs, poussant à chaque fois un peu plus les limites de ce qui semble être possible. Le disque possède ainsi sa face nerveuse et enjouée : des rythmes tribaux, le phrasé si changeant (autant inspiré par le rap que par le chant lyrique) de Nosfell ou parfois, la basse frissonnante se fondent comme par enchantement aux arrangements façonnés avec sagacité.
En développant des contrastes, et la façon dont il le fait, Nosfell s'accapare des espaces jusque-là très rarement atteints et délivre un lot de bonnes surprises ("The wise left hand", "Jaün sev' "zul", ...). Vraiment, aucune ombre n'est à déplorer au tableau de ce Pomaïe klokochazia balek que l'on réécoute avec délectation.
Le mot de la fin consistera à souligner encore une fois la grandeur de cet album (autoproduit qui plus-est) qui rend déjà impatient de connaître la suite des aventures de Nosfell. Et, pour avoir vu la "bête" sur scène, je ne peux que vous conseiller d'aller voir ce phénomène en live, vos yeux et vos oreilles seront gâtés !