Nirvana, ça te dit quelque chose ? Si tu vénères le trio iconique du grunge, tu risques de tiquer à l'écoute de Noiss tant les Savoyards ressemblent à leurs illustres aînés. Si tu détestes, idem, le deuxième EP des gars de Chambéry ne va pas te bouleverser. Si tu te situes entre les deux, tu risques par contre d'user ce Deafening EP sur ta platine tant les 5 titres passent trop vite et rappellent "le bon vieux temps" où on pouvait profiter de découvrir de nouveaux hits "grungy".
Parce qu'on peut dire ce qu'on veut sur l'identité de Noiss, ils ne cachent pas leur amour pour Nirvana et s'ils jouent avec les mêmes ingrédients (des disto qui tâchent, du groove, un chanteur qui attaque), il n'est pas donné à tout le monde de composer des titres originaux qui percutent et plaisent en quelques secondes. Alors, oui, parfois, on se demande si on ne nous a pas ressorti un énième morceau caché de Kurt (ce "Stacy lose-my-eye" trouverait facilement sa place sur Bleach entre "Swap meet" et "Mr. Moustache") mais quel kif que de prendre ce "Punch in my face" (et la prod' est bien meilleure que celle du Reciprocal Recording) avec son break basse/voix du plus bel effet, de goûter à la rage ambiante ("Iteration 7") ou de vivre un état de spleen lancinant instrumental plus clair ("Enjoy this day"). Un peu répétitif et plus convenu, "Stoner 034" sonne un peu moins bien que les autres mais gagne certainement sa place dans la setlist avec son poids.
Noiss n'existe que depuis 2017 mais continue de s'affirmer et de balancer du son sans craindre les comparaisons réductrices. D'ailleurs, a-t-on critiqué Nirvana pour ses ressemblances avec The Melvins, Mudhoney ou Tad ? Les Foo Fighters, Hole et autres Silverchair n'ont-ils pas réussi à sortir de l'ombre de la bande de Cobain ? Quand on forme un groupe 23 ans après la mort d'un autre, c'est un peu tard pour être taxé d'opportuniste alors félicitons les Noiss pour faire le rock qu'ils aiment car j'aime ce qu'ils font.
Publié dans le Mag #44