Ne tergiversons pas, ce Aftonland de Niels Mori est l'un des plus beaux disques que j'ai entendu ces dernières années, une ode sans cesse renouvelée à la beauté palpable. Ecouter Aftonland, c'est comme de redécouvrir, et avec le même émerveillement, le corps nu d'une personne que tu désires éperdument. Bref, une sensation bien galvanisante et bourrée d'endorphines. Et pourtant, ce n'est pas forcément la vocation du disque.
Communément traduit "Pays du soir", "Aftonland" est aussi un recueil de poèmes de l'écrivain suédois Pär Lagerkvist, au cours duquel il s'essaie à poser des mots sur les sentiments qui nous assaillent, dans les pays du soir. Cet album est né du même désir, et les neufs pièces qui le composent peuvent être considérées comme l'expression d'émotions intimes, personnelles mais partagées.
Aftonland explore et concrétise donc toutes ces émotions que l'on ressent lorsque l'on se retrouve face à la nuit, l'obscurité. Soit un moment ou l'introspection et le fait d'être seul peut-être à la fois douloureux et salvateur. Et en 9 titres, l'ambiance se fait parfois doucereuse et épurée, parfois plus ombrageuse et abrupt. La parfaite bande-son de l'ascenseur émotionnel. On pense parfois au piano phase de Steve Reich ou Music for airports de Brian Eno mais Niels Mori développe un univers qui lui est bien propre.
Et histoire de parachever ton avis avec un argument massue, en plus de cette magnifique pochette qui rend l'objet vinyle indispensable, et comme ils sont très populaires sur l'internet, mon chat s'endort toujours sur ce disque. Vu la bestiole, c'est un autre gage de qualité.