Nick Oliveri qui débarque avec sa gratte au Korigan d'Aix, accompagné des très prometteurs Rescue Rangers et des inconnus (du moins ici...) The Night Terrors, c'était forcément alléchant et donc indispensable (Nick Oliveri quand même...). Pour une soirée au résultat assez inattendu et des performances, efficaces, bluffantes et un peu décevantes...
Cela devient une habitude (et une bonne), à chaque fois qu'un fenec voit les Rescue Rangers en live, il prend une claque. Et une belle qui plus est. Ce soir novembre, la température extérieure avoisine les 5/6 degrés mais le groupe ne dérogera pas à ce qui semble être désormais une règle immuable : enflammer la scène du Korigan et réchauffer sérieusement le public, venu en nombre malgré un soir de match, certes peut-être plus pour la tête d'affiche du jour que pour les RR... quoique vue la prestation de l'ex-QOTSA... Mais on y revient. Car auparavant, petit débriefing de la prestation des stoner boys, encore une fois excellents, puissants et offensifs. Peu de déchets techniques à signaler, quelques rares approximations rapidement gommées par une grosse envie d'en découdre, les Rangers n'avaient pas envie de faire le voyage pour rien et ont donc mis la mécanique en marche pour asséner leurs brûlots stoner/rock/doom/sludge avec l'implacable efficacité qui les caractérise habituellement. Section rythmique écrasante, guitare bien grasse et chant habité, c'est compact, burné et parfaitement imparable. Les titres issus de Guitars and dust dancing (dont "Sounds of the Katana" et "Hassan Sabbah" avec une mention spéciale pour un invité dont on va reparler dans même pas dix lignes), passent toujours aussi bien, et pour ce qui est des nouveaux morceaux, ils laissent à penser que le deuxième album (en préparation) va être très brut de décoffrage. On en frémit d'avance.
Après une quarantaine de minutes de set, les Rangers laissent place à ce qui est un peu l'inconnu dans l'équation musicale du jour. Nick Oliveri, ça va, on voit à peu près à quoi ça va ressembler, idem pour les RR, mais quid de The Night Terrors ? Alors là, il va falloir suivre parce que les Australiens font quelque chose de pas commun. On avait pu s'en rendre compte pendant le set des Rescue Rangers, au cours duquel, Miles (des Night Terrors donc) était venu faire la démonstration de sa maestria avec son therimin, il faut s'attendre à tout avec ces trois-là. Un mec au clavier (Ned), un préposé au matraquage des fûts (Ianto) et donc Miles, spécialiste de cet instrument bizarroïde qu'il manie à la perfection mais également (et surtout) bassiste complètement dément. Ce gars-là, quand il triture sa basse, on dirait que les cordes vont se décrocher (d'ailleurs ça lui arrive régulièrement en live, même si, pas ce soir...). On l'a compris, Miles cogne sévèrement sur sa basse et comme son équivalent batteur lui rend la pareille et que l'encapuchonné aux synthés ne semble pas décidé à jouer les utilités, The Night Terrors en live, c'est juste énorme, fracassant et hypnotisant. Un mélange ahurissant d'électro-rock stoner psychédélique avec synthés, de nappes ambiantes à la Justin Broadrick et d'expérimental à tendance lourde et saturée (on pense par instants à Nadja), le tout conjugué à une technicité hors-norme, assurément l'une des claques live de l'année.
23h, The Night Terrors laissent le public du Korigan un peu sonné par leur set littéralement bluffant et Nick Oliveri s'apprête à entrer en scène pour défendre en solo les morceaux de Death acoustic, son nouvel effort qui est comme son nom l'indique... acoustique. L'ex-Kyuss et QOTSA s'accorde, plaisante avec le premier rang et ne se prend vraisemblablement pas la tête. Le set commence et se retrouve rapidement interrompu, le leader des Mondo Generator rencontrant rapidement quelques soucis avec son instrument (sa guitare on précise... vu le personnage) mais s'en amuse. Il change de gratte, fait réparer une première corde par sa compagne et reprend. Puis rechange de guitare une deuxième fois, re-claque une corde et ainsi de suite à plusieurs reprises. S'il blague en même temps avec le public (le père Oliveri n'est pas spécialement connu pour être ni timide, ni taciturne...), on a la fâcheuse tendance à "sortir" du set aussi vite qu'on avait pu y rentrer. Et malheureusement, le problème avec un concert acoustique de Nick Oliveri, c'est que déjà, il faut rentrer dedans. Entendre par-là qu'avec ses groupes, en électrique, c'est béton, là comme ça, c'est déjà plus ardu. D'ailleurs, une petite partie du public déchante légèrement quand Nick lui, hurle plus qu'il ne chante réellement. En même temps, ça on s'y attendait un peu. Cela étant, ses compos semblent en permanence sur le fil du rasoir, complètement heurtés en même temps que sa voix, toujours bien éraillée, fait vibrer les tympans des amateurs du genre. Du coup, avec les nombreuses interruptions, on décroche, surtout que lui ne semble pas vraiment prendre le concert très au sérieux. Sa compagne vient le rejoindre sur deux titres mais égarera la moitié de son texte en chemin, hilare, en voyant son boyfriend faire son show. Alors oui, c'est amusant au départ, une grosse heure durant, ça peut lasser. Certes, vu le passif du gazier, on pouvait forcément s'attendre à tout, même avec quelques titres bien déjantés, des reprises des QOTSA (très sympathique cover de "Gonna leave you") ou Mondo Generator et une bonne dose de cool... mais quand même, au final, on sort du set en se disant qu'eu égard au talent indéniable du bonhomme (et de son incroyable coefficient de sympathie), on aurait pu avoir un peu plus que pas mal de vannes, beaucoup de coupures et accessoirement quelques compositions interprétées à l'arrache. A revoir avec les Dwarves ou Mondo Generator...
Remerciements et salutations de rigueur à Chris, Pierre, Pascal, Ned, Miles, Ianto et Virgil de Trendkill Entertainment et au staff du Korigan.