Après deux EPs (Waves EP en 2021 et Banshee EP en 2022), les Irlandais de NewDad ont livré en janvier dernier un premier album intitulé Madra, qui signifie "chien" en irlandais. Formé en 2018 à Galway suite à un projet de fin d'études scolaires en pratique musicale, ce quatuor mené par la chanteuse/guitariste Julie Dawson fait partie de ce renouvellement de la scène indie pop internationale aux vocalises féminines suaves qui empile depuis de nombreuses années une liste impressionnante de groupes. De tête, on pourra citer au minimum des valeurs sures telles que Alvvays, Slowdive, Sobs, Bleach Lab ou encore Wolf Alice.
Autant dire que NewDad arrive en terrain conquis, ce qui n'a pas l'air de troubler cette bande, relocalisée à Londres après le succès de son 2e EP. D'autant plus, hasard ou pas, qu'elle a su très bien s'entourer et plutôt rapidement à en croire leur biographie : un EP mixé par John Congleton, le maître de l'esthétique du son "indie", une signature sur la major Atlantic Records, un booking du tonnerre l'ayant amené à jouer au Green Man Festival, à Rock En Seine, au Pitchfork Music Festival, et même quelques participations à la télévision et la radio ont permis à NewDad de se faire un nom. Mais alors pourquoi ce groupe a-t'il autant de réussite ? Eh bien, il suffit de se jeter sur ce premier LP pour le comprendre. "Angel", le premier morceau et l'un des meilleurs du disque, va droit au but. Il reprend tous les ingrédients pour charmer : une structure simple et classique afin de ne pas bousculer les codes établis, des mélodies entêtantes et magnétiques, une prod' "indie" en béton avec la petite réverb' qui va bien dessus (le mix est assuré par Alan Moulder) et une voix sensuelle donnant la chair de poule.
La plupart des morceaux de Madra séduisent grâce à une combinaison admirable entre une dream pop enjolivée de guitares soyeuses et une pop-rock shoegaze du plus bel effet ("Where I go" fait office de preuve). Il y a naturellement une sensation de nostalgie dans ce disque (bien aidé par ses ballades, il faut l'avouer) aux sonorités majoritairement allègres et chaudes, sans pour autant qu'on y perçoive le mal intérieur décrit dans les textes de la chanteuse. En effet, Julie nous apprend qu'elle a libéré dans cette œuvre ses réflexions face à ses anxiétés, ses douleurs, sa dépression et sa vulnérabilité. La pochette du disque avec cette poupée au nez cassé aurait dû nous alerter, mais la qualité et l'attraction de ses compositions nous a rendu totalement aveugles. C'est bien là l'essentiel de ce qu'il faut retenir de ce Madra qu'on vous invite à mettre d'urgence dans votre playlist indie-pop.
Publié dans le Mag #61