Neil Young aura donc attendu notre vingt-cinquième anniversaire et donc son 42e album studio pour être chroniqué dans nos pages. Si à 77 ans, il n'entendra pas pour autant parler de nous, c'est la moindre des choses de lui faire un petit coucou dans ce numéro pour la sortie de World record. Car si j'ai autant d'intérêt pour le rock, je le dois en grande partie à mes parents qui m'ont largement biberonné au rock des années 70'. Si ma mère est plutôt team Alvin Lee et mon père un grand amateur d'Eric Clapton, il y a des artistes qui mettent tout le monde d'accord au rang desquels Pink Floyd, Led Zeppelin et donc Neil Young. C'est donc une histoire de famille, comme celle de ce nouvel opus qui présente celle de Neil via de très belles photos (en couverture, c'est son père), une histoire de transmission, d'héritage, que ce soit la culture rock'n'folk ou la planète qu'on lègue à nos enfants.
Un avenir dans lequel le vieux Young marche main dans la main avec ses frères et sœurs ("Walkin' on the road (To the future)"), mais la fin des guerres et le triomphe de l'amour reste un vœu pieux, très marqué par la période flower power... L'album évoque le futur avec les pieds dans le passé, enraciné dans le folk traditionnel (guitare, harmonica, piano) avec un son résolument moderne. C'est en effet à un autre vieux briscard du rock que le papi du folk a confié son bébé : Rick Rubin ! S'il affiche les 60 ans, pas question pour lui de partir à la retraite, les plus grands font toujours appel à lui (Red Hot Chili Peppers, The Smashing Pumpkins, Slayer, Audioslave, SOAD, The Mars Volta, ...) et il leur rend bien. Acharné du bon son, Neil Young a voulu limiter la compression et sort donc ses 11 morceaux sur un "double album", chaque note peut donc "sonner" comme s'il les jouait à nos côtés. Qu'elles soient douces et délicates (comme sur "Love Earth" ou l'ultime "reprise" de "This old planet") ou plus sauvages et distordues ("The world (Is in trouble now)" ou l'indomptable "Chevrolet"), on profite au maximum de cet effet de proximité et de toute la chaleur dégagée par le cheval fou.
Si chez moi, la fibre rock de Neil Young est profondément ancrée dans mon subconscient puisque je l'ai plus souvent écouté "sans le savoir" qu'en connaissance de cause, pour de nombreux autres artistes (Pearl Jam, Nirvana, Sonic Youth, les Pixies pour ne nommer que quelques-uns qui n'ont cessé de clamer leur amour), c'est une référence qui compte. Et quand une légende vivante sort un nouvel album, on y prête attention, encore plus quand c'est un album qui n'est pas qu'un énième opus, c'est un étendard pour le folk rock et l'environnement.
Publié dans le Mag #54