Eddie Glass, Ruben Romano et Mark Abshire ont formé Nebula en 1997 (après avoir quitté l'aventure Fu Manchu, qui, hasard du calendrier, est également dans ce mag'), ils n'attendent que quelques mois pour sortir un premier opus intitulé Let it burn et c'était ... il y a 20 ans. Un bien bel âge... Un anniversaire que le label Heavy Psych Sounds Records, spécialiste du stoner/psyché, ne manque pas de relever en rééditant trois albums.
Let it burn où comment un trio fait gonfler un mouvement qui marquera les années 90 (le Welcome to sky valley de Kyuss date de 1994) et reste "in" depuis puisque les groupes stoners n'ont cessé de grandir (Queens of the Stone Age, Monster Magnet, ...), de se frotter à d'autres genres et de faire vibrer un public large, réunissant plusieurs générations autour d'une même passion pour la musique des seventies. Le trio a déjà un peu de bouteille, respecte déjà quelques codes ainsi les premiers morceaux sont enregistrés dans le ranch californien de Fred Drake (Earthlings?), épicentre du séisme stoner... Les effets de guitare sont appuyés, la rythmique est puissante, le chant embarque tout le monde par des mélodies burnées et quand t'es dans le trip, une ballade folk casse le rythme. Il faut dire que "Raga in the bloodshot pyramid" était le dernier titre de l'EP initialement sorti... Une première réédition (par Relapse Records) avait envoyé Nebula graver deux autres morceaux pour donner une plus-value à leur premier succès. "Sonic Titan" et "Devil's liquid" sont enregistrés à New York mais ont le bon goût du désert avec une belle rasade de psychédélisme pour un petit bijou d'instrumental ("Sonic Titan") et une énergie folle voire chaotique ("Devil's liquid"), avec ces 12 minutes de plus, racheter le disque n'était pas une mauvaise idée... Et 20 ans après ? 2 autres titres sont ajoutés... L'éponyme "Let it burn" en version live lors du festival Roskilde (celui de 2000 et la tragédie durant le concert de Pearl Jam) et une version démo de "Devil's liquid" que Eddie a écrit en 97 et que Mark a mixé en 2012, autant le live est sympa, autant la démo fait un peu mal aux oreilles...
On n'a pas reçu de copie de la réédition de Dos EP's et c'est dommage car on a déjà chroniqué dans le détail To the center, article qu'on t'invite bien sûr à relire... Malgré un artwork bien nul, To the center est un album important pour Nebula car c'est leur premier vrai LP, le groupe avait l'occasion de prouver qu'il pouvait tenir la distance, varier les rythmes, les sons, les mélodies tout en gardant à la fois leur dynamisme solaire et la zénitude d'un lézard qui prend un bain de soleil. Sub Pop avait d'ailleurs déjà réédité cette galette, un choix peut-être influencé par la présence de Mark Arm (Mudhoney) sur "I need somebody" qui n'a pourtant pas grand-chose de grungy. Pour se démarquer, Heavy Psych Sounds Records est allé piocher on ne sait où deux morceaux interprétés en live, "So low" (1999, Berlin, son très sourd) et "To the center" (2001, Chicago, son encore plus sourd), la qualité est catastrophique, le bonus se transforme donc en malus et on préfère repasser directement au début du disque. A noter que ce sont également deux titres live qui complètent la réédition de Dos EPs. Nebula a un peu plus de 20 ans, nous aussi, mais honnêtement, ils ont moins vieilli que nous.
Publié dans le Mag #32