Rock Rock > Narrow Terence

Biographie > Terence l'étroit

Originaires des Bouches-du-Rhône, deux frangins (Antoine et Nicolas Puaux) fondent en 2004 Narrow Terence, un groupe dont le genre est décrit comme étant du folk rock blues caverneux. Ce pseudonyme est à la fois inspiré d'une chanson de Chokebore et est un hommage à un ami subitement décédé. L'année suivante, ils montent sur Paris dans le but de réaménager les cabines d'enregistrement des Studios Microbe. Le duo s'affilie avec le lieu et intègre l'une de ses résidentes, la violoniste Christelle Lassort. En 2007, le violoniste Buni Lenski de DAAU rejoint Narrow Terence pour enregistrer le premier disque intitulé Low voice conversation dont les invités sont nombreux (on y compte entre autres Syd Matters, Nelson et Morning Star. Cet album permet une rencontre artistique avec Ez3kiel qui débouchera sur un "featuring" ("Spit on the ashes" sur Battlefield) puis sur une création scénique commune. Leur deuxième album Narco corridos (en référence au phénomène musical mexicain) sort en 2010 puis la formation part en tournée. A l'issue d'une affaire judiciaire les concernant (due à une altercation dans les loges d'une salle parisienne), cette dernière s'achève brutalement et le groupe écope de 150 jours de TIG. Réapparu sur scène un an plus tard, Narrow Terrence annonce puis enregistre en 48h un album-concept nommé Violence with benefits. L'objet sort le 28 janvier 2013, accompagné d'un documentaire revenant sur la genèse du disque et son enregistrement.

Narrow Terence / Chronique LP > Rumble-o-rama

Narrow Terence - Rumble-O-Rama Paru le 3 février 2017 sur le label Sounds Like Yeah, Rumble-o-rama est le quatrième opus de Narrow Terence. Derrière la tête de chauve-souris de l'artwork se cache douze chansons nées du crépuscule et de la brume.

Guidé par la mélancolie sur "My fall", le chanteur amorce l'aventure sur un chant tamisé. A la guitare acoustique viennent s'ajouter cuivres et percussions. Ces derniers appuient la voix tout en lui laissant la place centrale. La petite ballade tapant presque cinq minutes au chrono est passée en un clin d'œil. Les douceurs ne durent pas toujours et c'est avec le titre éponyme que Narrow Terence souligne cette idée. Les percussions démarrent au galop et un refrain pop mais speed prend place. Celui-ci revient comme un leitmotiv un peu trop entêtant au fil de la chanson. Ce qui devrait être un tube ou un single a minima est le bémol du disque. Bref, embrayons sur la suite. "Misery's dust" est bâtie autour d'un chant clair et plein de vie. Pour changer d'atmosphère, "Tic toc" - inspirée par le film Shining de Stanley Kubrick - est quant à elle une danse magique pour automates. Un truc funeste tout droit sorti d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe.

"5 letter word" nous oblige à un peu d'histoire pour sa référence. En 1998, l'album Adore des Smashing Pumpkins faisait sa sortie et comprenait notamment le titre "Ava adore". Écrites de manière métaphorique, les paroles révèlent difficilement leur sens et les interprétations sont multiples. Quoi qu'il en soit, Narrow Terence semble avoir bien cerné le sujet. "5 letter word" est écrite en réponse à la chanson de Billy Corgan. Elle démarre par un accompagnement au piano sur lequel le chanteur prend la voix rocailleuse d'un Tom Waits pour souffler le chaud et le froid.

Plus loin, "Dust and tar" dont l'ambiance ensorcelante et poétique est retenue juste assez pour sentir les démons qui habitent le titre. "Blank page" se signe comme la seule piste instrumentale et rend hommage au compositeur de musique de films François de Roubaix. Dirigée à la manière d'un orchestre, elle est teintée des tonalités chaudes du sud. Enfin, Troy Von Balthazar (Chokebore) vient compléter la formation au chant pour "Monster". Narrow Terence prend soin de boucler son spectacle en beauté pour nous emmener superbement dans l'œil du cyclone.

Publié dans le Mag #29

Narrow Terence / Chronique LP > Violence with benefits

Narrow Terence - Violence with benefits Violence with benefits a tout du titre racoleur. Mais il prend sens lorsque l'on découvre les tenants et les aboutissants de l'histoire du nouvel album de Narrow Terence. Né d'un fait s'étant produit fin 2010 dans les loges d'une salle de concert parisienne où le groupe a violemment agressé une personne, le condamnant ainsi à 150 heures de travaux d'intérêt général, l'enregistrement de ce quatrième disque s'est effectué en 48h dans une chapelle baroque. Cette dernière avoisinait l'école nationale de musique d'Apt dans le Vaucluse, lieu où les frères Puaux ont effectué leurs heures de TIG en y donnant des cours à ses élèves. S'en sortant finalement pas trop mal dans l'histoire, Narrow Terence s'est confessé à travers une œuvre urgente mêlée d'orchestrations magiques sous influence maléfique. La violence restant toujours enfouie même si, pour étayer le propos, la formation privilégie un folk rock brumeux vague à l'âme aux influences marginales plutôt qu'un rock brut très électrique et frondeur.

C'est en quintet que le groupe opère sur ce Violence with benefits avec Christelle Lassort au violon, Alexandre Viudes à la batterie, au vibraphone et à la basse et Kevin Cerovich au trombone et à la batterie. Une équipe qui dessine la silhouette d'un folk rock caverneux sincèrement touchant et profondément mélancolique. Imprégnée d'une voix rauque piquée au vif (la comparaison avec Tom Waits n'est pas volée), la musique de Narrow Terence avive la curiosité de par la sensualité dérangeante de ses quatorze compositions tout en évoquant des sujets durs tels que la mort ou le mensonge. Univers troublant et saisissant donc mais sacrément jouissif, digne d'une bande son d'un roman de Charles Bukowski. Tandis que la forte présence du violon dans cette production ensorcelle dès le départ l'auditeur avec la flippante "Bottom bitch", les guitares se font souvent délicates ("liar", "Ghost meeting"), sont par moment mises en retrait au profit d'arrangements orchestraux ampoulés ("Edgar A. Poe", "Dinner") ou, au contraire, s'y intègrent à merveille comme sur la sinueuse mais sublime "Wet dead horses". Quant aux rythmiques variées, entre percussions sauvages et ouatées, elles démontrent les aspirations stylistiques quasi sans limite des amis d'Ez3kiel. Ces anti-héros développent avec Violence with benefits une prouesse singulière à l'acoustique soignée hantée d'un esprit turbide. Un album fait par des têtes brûlées pour des têtes brûlées.