Naïve - The End Hasard du pressage ? Envie de fêter dignement la Fête de la Musique? Mystère. On retiendra seulement que fin juin le trio toulousain Naïve nous a fait la belle surprise de sortir son premier album. The end est son nom. Aux commandes, Jouch (voix/guitare/prog, également membre d'Agora Fidelio), Rico (basse, ex-Mary Slut) et Mox (batterie/prog, Kalevala) pour un sept titres chimérique, improbable, situé à la croisée des mouvances et des espaces. Les émotions qui se dégagent du groupe sont à l'image de la rythmique soignée qui articule tout l'album, intenses et mélancoliques. Sans se limiter à un genre, le groupe utilise différentes influences dont les trois majeurs sont celles du trip-hop, de l'electro et du metal. Avec le premier morceau, "To lose and to die for", Naïve nous ouvre les portes d'un monde à la fois magnétique et nuancé. L'aliénante rythmique qui émane des sept morceaux de The end rappelle le beat (ou battement) du trip-hop mais également l'image de la mer avec une pulsation musicale constante et cadencée par des vitesses changeantes. Vous auriez tort de ne pas y plonger tête la première.

Là où l'ambient peut en ennuyer certains, The end comble les silences pesants par des arrangements electros et aériens avec des passages aussi imprévisibles que touchants, notamment avec la participation surprise de Frederika sur "The shroud" ("Le Linceul"). Un début sans basse ni batterie laissant le beau rôle aux arpèges et au chant féminin. Des rivages funèbres, Naïve nous emmène ensuite au bord de l'eau avec "Your own princess" dans lequel la mer est un élixir d'éternité : "We're not going to die. I promise. Drink the waves, sigh. Her hand. Caress the flood". Pourtant, derrière la beauté du chant clair de Jouch et l'apparente candeur du nom Naïve se trouvent "la violence et le combat, la contemplation et le spleen, le point de jonction entre ciel et mer", un groupe né de la "réunion de trois âmes tourmentées". Un voyage initiatique entre ciel et mer avec des sons qui rappellent le downtempo (courant musical né de la fusion du trip-hop et de la world music dans les années 80), mais aussi le breakbeat (plan d'electro utilisant la basse à un rythme entraînant et effréné). Du metal, Naïve garde les robustes lignes de basse et de guitare et donne de grands sursauts d'énergie à nos écoutes enivrées. C'est le cas avec "Underwater" qui débute avec un tempo lent sous forme de boucle auquel s'ajoutent des séquences régulières (arpèges, arrangements electros et un sample lointain "ouhouhouh"). La suite comblera les amateurs de metal ou autres férus de vitesse et de solos d'instrus avant le retour d'un electro planant et du chant aérien de Jouch. Avec "The Crying community" on retrouve l'electro ainsi qu'une basse au tempo régulier, cadencé par une batterie qui y mêle différents ajouts rythmiques. On se laisse envoûter, piéger par des sables mouvants en attendant la marée haute. Brute, la suite adopte un flux beaucoup plus rapide pour nous plonger dans un metal instrumental qui nous entraîne dans une nouvelle dimension. Le chant reprend: "'Cause we all cry sometimes, we all do". Une nouvelle pause vocale focalise l'attention sur l'ambiance solennelle des instruments, avant de reprendre d'une voix lointaine : "It is not the end. It is up to you. Our own surgery. Our own change". A la guitare, Jouch insère une combinaison de nappes mélodiques évoquant un autre monde, leur fameux "point de jonction entre ciel et mer". L'album s'achève avec The end, un morceau instrumental qui nous laisse avec l'envie de réécouter l'album une nouvelle fois. The end n'est que le début de l'aventure. Curieux ? Leur album est disponible sur la boutique Antistatic et leur MySpace.