Le W-Fenec s'est entretenu le mois dernier avec Matthew Caws de Nada Surf lors de la dernière édition du festival La Guerre du Son à Landresse (25). Au menu : surtout de l'actualité à savoir le nouvel album, la tournée actuelle et le futur proche.
Matthew en pleine concentration !
Bienvenue en Franche-Comté Matthew. Votre dernière fois ici, c'était les Eurockéennes de Belfort en 2003. Vous êtes aujourd'hui dans un festival à l'atmosphère différente, plus intimiste. As-tu déjà entendu parler de La Guerre du Son auparavant ?
Je ne me rappelle pas si elle nous avait été proposée les années passées, donc probablement pas.
Et en ce qui concerne la région ?
Je ne connais pas énormément le coin, mais on est déjà passé dans les alentours et je reconnais quand même bien la France à travers la région.
Passons à l'actualité de Nada Surf : If I had a hi-fi est un album de reprises et c'est une première pour vous. Est-ce un projet de longue date ou plutôt spontané ?
C'est un projet incroyablement spontané parce que nous n'avions jamais pensé faire un disque de reprises à l'époque. Nous avons même arrêté de faire des albums hommages. Nous en avions fait trois et nous nous sommes arrêté de peur d'en abuser. La raison de ce disque est bizarre. Louie Lino, notre claviériste à temps partiel qui est aussi producteur à temps partiel nous a aidés sur les trois derniers disques, notamment avec le chant. Il voyage quelquefois avec nous. Nous voulions qu'il vienne pour la tournée de l'album Lucky, mais il nous a dit qu'il ne pouvait pas parce qu'il venait de créer un studio d'enregistrement dans le Texas. En tant que nouveau patron, il ne peut pas trop se permettre de s'éloigner de son business et de trop s'engager financièrement sur d'autres choses. Nous lui avons alors proposé de le payer un peu plus, mais ce qu'il préférait était de nous voir enregistrer chez lui. C'était une grande décision parce qu'aujourd'hui encore nous ne savons toujours pas qui va produire notre prochain disque. Alors on a décidé de faire un compromis, à savoir un album de reprises. Ça a pris deux minutes au téléphone pour voir le projet prendre forme. C'est un deal.
En effet, c'est extrêmement spontané sur la décision en elle-même.
Ouais, mais au fond de moi-même je crois que j'avais envie de faire un petit break parce qu'à la fin d'une tournée, je rentre habituellement chez moi et je ressens tout à coup la pression de l'écriture de nouveaux morceaux. Quand nous rentrons chez nous, les autres sont en vacances mais les choses sont différentes pour moi. J'ai donc pensé qu'un album de reprises serait une manière de travailler un petit peu, de continuer à faire des choses sans devoir attendre que j'écrive une douzaine de morceaux. Je crois que si nous avions fait ça après deux ou trois albums, ça aurait peut-être été un peu nul.
Tu veux dire qu'il fallait assurer d'abord le côté musical et la renommée du groupe avant de tenter ce genre de choses ?
Voila, oui. On s'est dit qu'après cinq albums, on pouvait peut-être faire un peu plus ce que l'on veut.
Le sentiment que j'ai eu en écoutant If I had a hi-fi, c'est que l'on croirait qu'il s'agit d'un LP crée à 100% par vous seuls, d'autant plus que je ne connaissais pas la plupart des artistes repris. Quand tu entends une réaction comme la mienne, est-ce que tu te dis : "Mission accomplie" ?
Exactement, c'est ce que nous voulions. Ce qui est cool, c'est que ça n'a pas vraiment été fait exprès. Il y a une chanson que j'ai vraiment changé avec intention, mais sinon j'ai surtout appris et joué. Si ça finit par sonner comme nous, c'est bien. Sans nous envoyer des fleurs, cela signifie que c'est quelque chose qui est un peu à nous.
Cette chanson que tu as changé intentionnellement, je suppose qu'il s'agit d'"Enjoy the Silence".
Oui, c'est celle-là.
J'ai apprécié le fait que ce morceau qui est musicalement et thématiquement plutôt sombre et lourd soit devenu après coup plus léger et presque jovial. L'arrangement fait partie de cela, mais ta voix y joue également un rôle important. L'exemple d'"Evolucíon" (reprise du groupe espagnol Mercromina) l'illustre bien mieux puisque dans celle-ci, les arrangements sont minimes. Tu partages mon avis ?
Ouais, sur "Evolucíon" c'est vraiment ça. Je monte d'une octave et ça change le ressenti. En ce qui concerne Depeche Mode, je ne suis pas un grand fan. J'adore cette vieille chanson (il me chante "Everything counts" ayant oublié le titre). À propos d'"Enjoy the silence", je l'ai écouté en voiture à Los Angeles, en direction de l'aéroport. Je la connais bien mais parfois il y a des moments où l'on entend les choses d'une manière spéciale. Sur le coup, ça m'a vraiment frappé comme le cœur de cette chanson est pop mais ultra transporteur. Au fond, ce que disent les paroles c'est : "arrêtons de parler parce qu'on détruit tout quand on le fait, l'amour est une affliction, les promesses sont juste là pour faire mal, etc.". Ce sont effectivement des paroles sombres, mais quand on lit simplement celles du refrain sur papier, c'est doucereux. Mais avec une musique plus lourde, ça prend forme.
Il y avait un accord que je n'aimais pas (il compare la version originale de sa reprise en chantonnant le début du couplet : "Words like violence break the silence"). Étant jeune, je reprenais des morceaux avec des livres de partitions. Quand tu joues une chanson d'un artiste, il y a souvent cette fantaisie de vouloir la réécrire soi-même. Avec "Enjoy the Silence", j'ai dit : "bon, il n'y a personne d'autre dans la chambre. Juste à titre d'expérience, je vais changer la chanson jusqu'au moment où je pourrai prétendre que je l'ai écrite moi-même. ". C'était juste pour voir ce que ça donnait et au final nous l'avons joué. J'avais un petit peu peur et je sais que c'est un signe d'immaturité de ma part parce que je n'assumais pas le fait que l'on puisse faire ce que l'on veut avec une reprise. On peut changer ce que l'on veut, comme l'a fait Nina Simone avec "Just like Tom Thumb's blues" de Bob Dylan. Elle l'a modifié à sa façon et c'est vraiment incroyable. En ce qui me concerne, c'était la première fois que je tentais ça.
Est-ce que cet album peut-être vu comme la playlist idéale pour un fan de Nada Surf ?
Non. Je voulais à tout prix éviter de devoir reprendre ce qui nous inspire ou nos classiques. C'est une bonne playlist, tu as raison, mais elle ne représente pas nos influences. Si nous l'avions faite ainsi, elle aurait contenu une chanson de The Who, une de The Clash, etc. Dans ce cas, nous aurions eu plus de travail. Je voulais cet esprit de découverte et d'aventure que l'on a lorsqu'on fait un disque original et l'apporter dans ce projet. C'était plus marrant de faire comme ça. Quand on sort un disque classique, toutes les chansons sont nouvelles. Pour cet album de reprises, il y en a que je connaissais depuis longtemps comme celle de Kate Bush qui est une chanson que j'ai toujours voulu chanter. Mais en revanche, je n'avais entendu parler d'Arthur Russel que deux mois avant le projet. Quant à The Soft Pack, c'est un tout nouveau groupe. Ça s'est passé ainsi, nous avons juste suivi les enthousiasmes musicaux du moment. En fait, tout cela était mon intention, pas celle de tout le monde. Il a donc fallu se bagarrer un petit peu mais au bout du compte, je suis très content.
Le fait de choisir des groupes que vous écoutez actuellement, qui ne sont pas forcément des classiques, fait en quelque sorte de cet album un hommage à la scène indé de votre part.
Oui et un hommage à la musique comme on la vit tous les jours. Dans mon quotidien, j'entends des classiques, des trucs tout nouveaux, d'autres à côté de la plaque, des choses que j'essaye de comprendre mais que je ne comprends pas. Il y a toute sorte de choses. C'est un peu comme le magazine anglais "Mojo". Ce qui est sympa avec eux c'est qu'ils mettent sur leurs couvertures des choses nouvelles, classiques, pas connues, un peu tout et n'importe quoi. L'approche est étendue à un grand réseau, c'est nouveau et intéressant pour les lecteurs. J'aime beaucoup.
Si tu devais rédiger un guide de la bonne reprise musicale, quelles seraient les premières choses que tu conseillerais de faire ou de ne pas faire ?
Si on fait quelque chose d'extrêmement connu, c'est dangereux parce qu'il faut éviter de juste le reprendre tel quel. Si on joue quelque chose de pas ou peu connu, on a la liberté de simplement apprendre et rejouer ou bien de modifier, d'apporter sa touche personnelle. C'est vraiment cool, si on y arrive, de trouver des classiques cachés : une des meilleures reprises pour moi est celle de The Pretenders qui ont joué "Stop your sobbing" de The Kinks. Leur version est magnifique alors que l'originale des Kinks, même s'ils sont un de mes groupes favoris, n'est pas terrible. Mais Chrissie Hynde a entendu le diamant caché de cette chanson, ça c'est ultime. Mon petit truc à moi est de prétendre que je l'ai écrite moi-même. Je pense aussi que croire aux paroles quand on la chante est un facteur très important. Parmi les quelques titres que nous avions essayé de réinterpréter, il y en avait un ou deux avec lesquels je n'accrochais pas facilement au niveau des paroles. Il y a ça et puis (il réfléchit).
Essayer d'éviter la facilité dans les arrangements ?
Voila, oui. L'art de réinterpréter est très difficile pour moi mais certains font de bonnes choses. Par exemple, Cat Power a sorti ce disque, Jukebox, dans lequel elle a repris "Satisfaction" des Rolling Stones. C'est seulement en écoutant les paroles qu'on devine qu'il s'agit de cette chanson. Le résultat est complètement différent et plutôt pas mal (NDR : cette reprise figure en fait sur l'album The covers record, Jukebox étant le second album de reprises de l'artiste américaine).
Parmi les reprises que vous aviez envisagées, y en a-t-il certaines avec lesquels vous n'avez pas réussi à faire ce que vous vouliez musicalement ?
Il y avait une chanson de Robert Pollard et Doug Gillard du groupe Guided by Voices. On l'avait joué trop haut, je l'ai chanté et ça n'allait pas. Sinon, nous n'en avons pas essayé beaucoup. C'était plus, comme je t'ai dit, des histoires de classiques à éviter comme The Clash ou New Order. Il y a des choses que je veux chanter et d'autres que j'ai juste envie d'écouter.
Donc la première impression d'une potentielle reprise pour toi se base sur le chant. La décision se fait tout de même à trois au final.
Ouais, j'essaye de ne pas abuser de mon veto. Mais si tout le monde est content et contribue, c'est bien.
Choisir douze titres quand on est trois personnes aux cultures et horizons musicaux conséquents et plus ou moins différents, la tâche ne s'annonce pas simple.
C'est vrai. En tout, nous avons discuté d'environ soixante chansons. Ça s'est déroulé pendant deux ou trois soirs avec beaucoup de vin et la sono à fond, à discuter, défendre des points de vue et essayer de pousser l'enthousiasme. C'était des bons moments.
Avec autant de titres évoqués, vous auriez presque pu envisager un double album. Quoique, le budget en aurait pris un coup.
C'est sûr. Le budget mais aussi le temps. Si je n'avais pas eu envie de couvrir les chansons avec des overdubs, on aurait pu faire beaucoup plus. Mais c'était plus intéressant de finir les douze.
Un travail court et accompli plutôt que long et mal achevé.
Exactement.
Est-ce que le fait de tourner pour promouvoir cet album est une façon de le placer au même niveau que vos disques originaux ?
Ouais, un petit peu. C'est drôle parce qu'on avait l'intention de faire un disque pas cher, rapide, simple, sans se prendre la tête et sans grandes décisions agaçantes. Et il s'est avéré que ça nous a pris beaucoup de temps et d'argent (rires). Ca ressemblait au final à un vrai grand projet et c'est comme si nous avions fait un disque à nous. Le niveau d'obsession est le même. Je suis en quelque sorte touché par ça car que je croyais que je pouvais avoir une approche plus douce, plus tranquille, mais . (rires). C'est comme n'avoir qu'une vitesse : c'est "off" ou "on". Là, c'était "on". Puisque ça a été du travail et que ça a pris du temps, il fallait tourner. L'intention était vraiment de faire deux ou trois semaines de tournée. De plus, ça fait maintenant un an depuis la dernière, ou plus d'ailleurs, je ne sais même plus .
La tournée Lucky, c'était 2008. D'ailleurs, je vous avais vu en live au Showcase à Paris (night club situé sous le pont Alexandre III) .
Ah ouais, je me souviens. Avec Rogue Wave, sous un pont.
Exactement !
(rires) Nous avons deux ou trois ingés son habituellement, et celui qui était présent ce jour-là a dit de la salle quand il testait le micro pendant les balances : "Do you realize that if you walk over there, twenty metres, you'll be literally in Seine/insane ?".
Bref, donc ça faisait longtemps et il fallait tourner. Mais tu as raison, il y a cette volonté de faire cette tournée parce que nous avons une confiance dans ce disque de reprises comme s'il était à nous à 100%.
Comment le public et les critiques d'une façon générale accueillent-t-ils ce nouvel arrivé dans votre discographie ?
Bien. On n'a pas mis la machine en marche pour ce disque car c'est autoproduit. Nous ne voulions pas nécessairement dépenser beaucoup parce que normalement, quand un nouvel album sort, nous avons des publicitaires qui le poussent. Dans le cas présent, il s'agit plutôt des indépendants, blogs, reviews (sourire aux lèvres, je lui tends mon passe avec le nom du W-Fenec dessus pour illustrer son propos). Ils sont supers. Beaucoup de gens ont dit que ça sonnait comme nous, que c'était bien de choisir des chansons pas très connues. Je suis très content.
Toujours concernant la tournée : vous l'avez débuté à Brooklyn en rejouant les tracklists des albums Let go, The weight is a gift, et Lucky sur trois jours consécutifs. Même si je ne suis pas américain et que je n'ai donc pas pu assister à cela, je trouve très dommage que vous ayez boudé High/Low et The proximity effect. Une raison à cela ?
Ce n'était pas un jugement mais plutôt une question de praticité. Il y a quelques temps, nous jouions les trois premiers dans ces mêmes conditions. Un certain temps après la période de Let go, on nous a demandé de jouer tous nos albums. Nous avions alors commencé à reprendre et retravailler un peu les morceaux les plus anciens. Mais il y a quelques chansons dont je ne trouve plus les accords, je ne sais plus comment je les avais joué. Je me rappelle de beaucoup de morceaux malgré tout, mais j'en ai oublié certaines, dont "Psychic caramel".
Je suis énormément fier de The proximity effect, mais certaines choses ne se sont pas déroulées comme je l'avais souhaité. Pour "Mother's day" par exemple, j'ai beaucoup expérimenté et à un certain niveau j'ai raté le truc, dans le sens où ce n'est pas sorti exactement comme je le voulais. Tu vois ce que je veux dire ? Je ne peux pas dire que c'est mal d'aimer la chanson mais personnellement, la jouer ne me réconfortait pas, en pensant à cela. La conception de certains morceaux et leurs enregistrements finaux diffèrent pas mal donc je ne suis pas super satisfait de tout le disque même s'il y a des chansons de cet album qui figurent parmi mes favorites.
If I had a hi-fi est sorti sur votre propre label, Mardev Records, sur lequel vous avez sorti The proximity effect après l'épisode Nada Surf Vs Elektra Records. En quoi ce conflit a-t-il transformé votre manière de fonctionner et vos relations vis-à-vis des gros labels ?
Depuis l'affaire, nous n'avons pas vraiment eu de relations avec eux. Quand Let go est sorti et qu'"Inside of love" commençait à avoir du succès, la maison de disque CBS Disques nous a appelé. On leur a dit qu'on n'irait même pas prendre de rendez-vous, que le groupe n'avait pas envie de retourner là-dedans. Parfois, nous avons des trucs qui sont distribués par des grands labels mais, en général, si les gens avec qui nous travaillons sont cools, j'aime tout. Je préfère quand même les indépendants car c'est là que tous mes albums favoris sont sortis, et puis il y a une atmosphère qui me plait plus. Nous voulions sortir notre premier disque sur un des trois labels indés que j'aime beaucoup : Matador, Merge ou Touch&Go, mais ils n'ont pas écouté la cassette (rires). Du coup, il fallait simplement dire oui aux gens qui nous voulaient. Tout va très bien avec les maisons de disques maintenant. If I had a hi-fi est sorti sur Mardev Records parce que le projet prenait beaucoup de temps et honnêtement, je ne crois pas que Barsuk Records ou City Slang(NDR : labels du groupe, respectivement américain et européen) pensaient qu'on allait le prendre au sérieux. Au final, c'était plus facile de le sortir sur Mardev Records parce que sommes restés des mois sur cet album et j'avais des histoires personnelles à gérer de mon côté. En revanche, concernant le prochain disque, on va enregistrer cet hiver et se remettre sur la même longueur d'onde que le label.
Le leader de Nada Surf argumente !
Nada Surf existe depuis une bonne quinzaine d'années. Le poids de ces années se manifeste t-il de quelconques façons, positives ou négatives ?
Tout est mieux maintenant. Chaque année est meilleure, idem pour les tournées. J'apprécie beaucoup cela. Les ventes de disques ont baissé pour un peu tout le monde mais pas pour nous. Nous vendons aussi plus de tickets.
Ce qui est signe que Nada Surf possède une base solide de fans. On le voit bien en France tout du moins.
Ouais, en Europe comme en Amérique du Nord, les gens viennent de plus en plus. On n'a vraiment pas à se plaindre.
Parlons de ce qui est à venir : des scoops, infos ou n'importe quel commentaire sur le prochain album ? Les premières fondations ont commencé ?
Oui. À la fin de ces trois dates à Brooklyn où les trois derniers albums en date ont été joués, je me suis rendu compte que ça faisait beaucoup de pop, vraiment beaucoup. En plus, nous avons tendance ces dernières années à enregistrer plus lentement que nous jouons et également plus lentement que j'écris. Je compose à une vitesse plutôt rapide mais, pour une raison que j'ignore, ça devient (il parle au ralenti) des ballades quand nous sommes réunis en studio. J'ai envie de changer ça. Nous allons aussi peut-être composer davantage la rythmique d'abord et la chanson après. Du fait que j'écris des chansons vraiment pop, c'est parfois difficile d'ajouter des virages aux structures de nos morceaux. Donc actuellement ça discute au sein du groupe de l'idée de trouver des bases rythmiques originales d'abord, puis seulement après, voir si je peux y rajouter les chansons que j'aurai composé. Cette façon de faire inverserait notre processus habituel puisque en temps normal je propose mes idées et on les travaille ensuite ensemble. On fera peut-être ça dans le but de rendre nos titres moins simplistes dans leur globalité en se concentrant d'abord sur la rythmique au lieu laisser celle-ci sous la contrainte des choses que je compose. Ça donnerait donc un processus plus compliqué à la base mais plus simple à l'arrivée. Mais ca va probablement juste sonner comme les autres (rires).
Trop pop, dis-tu : est-ce le signe d'une volonté de revenir aux sources, entre guillemets ? Comme à une époque où notamment Ira (NDR : Ira Elliot, batteur du groupe) avait plus de responsabilités derrière les fûts avec des parties plus inspirées et incisives ? C'était autre chose que ce vous avez actuellement, à savoir un schéma pop assez classique.
Dans le temps je voulais toujours ces moments, je les exigeais. Puis à mesure que les années passaient, je n'avais plus vraiment envie d'être toujours le chef d'orchestre.
Doit-on s'attendre à revoir des invités, vos complices habituels ? Je pense à des personnes comme Chris Walla (Death Cab For Cutie), voire pourquoi pas Benjamin Biolay, qui a vu sa côte monter en flèche chez nous dernièrement.
Oui, probablement mais ce genre de participations arrive toujours à la fin donc on verra en temps voulu. J'aimerais bien faire quelque chose avec Walla, pourquoi pas un disque à deux mais je ne sais pas si nous aurions le temps. Je vais aussi faire un disque solo, peut-être aussi avec la participation de Chris, je ne sais pas. Concernant Benjamin, on verra également. Lui aussi est très occupé.
As-tu d'autres projets, en dehors de la musique ?
En dehors de nos disques, j'avais fait la BO d'un épisode de la série télévisée américaine "One Tree Hill". C'était marrant mais difficile. Je ne sais pas si j'ai été bon donc j'ignore si je vais le refaire. Sinon, on me demande d'écrire mais je ne compose pas assez de chansons pour ça. C'est cool d'être demandé mais je n'ai pas énormément de confiance. Je ne sais pas si je vais me lancer là-dedans.
Et puis il faut essayer de garder la passion intacte, éviter de composer à la cadence d'un travailleur à la chaine.
Oui c'est sûr. Je crois que j'aurais plus de projet hors musique si nous sortionsun album de Nada Surf tous les deux ans au lieu de trois.Tout ce que je fais avec le groupe prend beaucoup de temps donc ça ne me laisse que des petites périodes pour le reste. Mais quand j'ai un peu de temps, je fais des choses à côté.
Tu es une personne sollicitée visiblement.
Un petit peu mais je n'ai pas vraiment de grands projets hors musique.
Un peu d'actu : le monde a célébré il y a quelques semaines le premier anniversaire de la mort de Michael Jackson. Toi qui es américain et qui vit ce genre d'événements au premier plan avec les médias nationaux, que penses-tu de tout cet engouement, du rôle et de l'agissement des médias américains là-dedans ?
C'était vraiment la folie. Cet événement était un peu comme un soulagement parce qu'il y avait tellement de choses que l'on ne pouvait pas dire à son sujet. Il était taré mais on a de la sympathie pour lui. Avec ce qu'il s'est passé durant son enfance, toute cette exposition médiatique, c'est difficile de rentrer correctement dans l'âge adulte. Pour revenir à sa mort, sur une semaine complète, c'était de la folie. Tu as vu les interviews avec son père ?
Je n'ai pas vraiment suivi l'histoire. Tout l'engouement et le fanatisme m'ont plus agacé qu'autre chose.
C'est un homme mauvais ! Il était content parce qu'il avait de l'attention. Toute cette histoire s'est transformée en spectacle, en distraction. C'est très triste parce que ça montre à quel point c'est facile pour les médias d'ignorer complètement les choses importantes dans le monde. Il y a des guerres et des catastrophes partout, on se fout du climat, l'avenir s'annonce toujours plus chaud et plus cher. En gros, ça craint mais c'est si facile de parler d'autre chose comme ce genre d'événements surexposés.
Un dernier mot pour conclure ?
Euh . je ne sais pas .
Ce que t'as mangé à midi, par exemple !
(rires) C'était très convivial, on était avec tous les bénévoles du festival et des gens du coin. On a mangé des pâtes avec du bon Comté.
Ils vous donnent des produits du terroir ?
Ouais, c'est un très bon fromage.
Tu connais la cancoillotte ?
Ah non je ne connais pas, c'est quoi ?
Un fromage fondu, produit de la région également. Je te conseille de goûter ça !
Ok j'essayerai si j'en ai l'occasion.
Merci Matthew, bonne continuation à toi et au groupe. On attend la suite avec impatience.
Merci. On essayera de se dépêcher.
Ah non, surtout pas ! Prenez votre temps et faites du bon boulot.
(rires) On fera de notre mieux.
Merci à Matthew qui m'a offert ma première expérience d'intervieweur, Nico de BTP pour l'obtention de l'entretien, Yoann pour les photos et Ted pour la supervision.
Photo : Yoann
Re: Nada Surf / Rencontre avec Matthew Caws (juillet 2010)
Tu l'as fait parler, il a dû en perdre son français à la fin.
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Chérie, tu prends ton manteau on s'en va...sur le w-fenec !
Re: Nada Surf / Rencontre avec Matthew Caws (juillet 2010)
Terrier : Là-bas.
Mais chapeau aussi pour tout le reste de l'entretien... ^^
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Qui veut de moi et des miettes de mon hublot ?
Rémiii
Re: Nada Surf / Rencontre avec Matthew Caws (juillet 2010)
Terrier : London
--> Il a très bien geré le truc, et pourtant je me suis rendu compte après coup que j'ai parlé beaucoup et plutôt vite. C'était marrant d'écouter son franglais par moment.
"Rien que pour avoir réussi d'avoir pu caser "cancoillotte" dans l'interview : Bravo !"
--> lol, t'as vu ça.
Pour la prochaine, j'essaierai de parler de fromage de tête :P
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A sphincter says, "what."
Re: Nada Surf / Rencontre avec Matthew Caws (juillet 2010)