Comment parler de Nada Surf sans évoquer le succès de "Popular" en 1996, à l'époque où les radios nationales prennaient encore le risque de diffuser du rock ? Pris au piège de ce single réducteur, le trio new-yorkais formé en 93 connut le parcours désormais (trop) classique du groupe englué dans les manoeuvres juridiques d'une maison de disque vorace et n'entendant pas laisser faire ce qu'ils voulaient à une telle poule aux oeufs d'or. Le succès de la power-pop inclassable de Nada Surf tient autant de la facilité mélodique d'un Weezer que de l'énergie et la fougue d'un Nirvana, véritable condensé d'émotion qui prend toute sa force sur scène. Si High/low connut un immense succès, son successeur The proximity effect sortit dans la plus grande discrétion en France et pas du tout aux Etats-Unis malgré les petites perles pop-rock qu'il contient. La France restera une terre d'accueil fidèle pour ces américains à la gentillesse légendaire dont deux des membres (Daniel le bassiste et Matthew le guitariste) parlent un français impeccable, langue maternelle du premier et langue d'étude du second. Après avoir gagné leur procès contre Elektra au terme d'une bataille de trois ans de vache maigre, les Nada Surf réussissent à sortir The proximity effect sur leur propre structure MarDev Records et à relancer la machine avec Let go, sorti sur Labels en France.