Formé en 1999 du côté d'Austin (Texas, USA), My Education a beau afficher plus de dix années d'existence et pas moins de cinq album long-format au compteur, il demeure complètement inconnu en France. On appelle aussi ça l'exception culturelle (ironie inside). Guitare, piano, violons, basse, vibraphone, le groupe, qui prend la forme d'un véritable collectif (composé de 8 membres à l'heure où sont rédigées ces lignes) à géométrie variable, évolue dans des sphères musicales voisines de Godspeed You! Black Emperor et du compositeur Clint Mansell, notamment connu pour ses collaborations avec le réalisateur Darren Aronofsky (π, Requiem for a Dream, The Fountain). Un goût pour les bandes-originales et le post-rock classique que l'on retrouve du reste sur Sunrise, un album sorti au printemps 2010 par le label Golden Antenna Records et lui-même basé sur un score original écrit par les américains pour une resortie d'un classique du cinéma des années 20 : L'aurore de F.W Murnau.
My Education
Biographie > My musical (r)education
My Education / Chronique LP > A drink for all my friends
Bien qu'actifs outre-Atlantique depuis une (presque) quinzaine d'années, les Américains de My Education ne s'étaient réellement fait connaître sur le vieux continent qu'il y a deux ans et demi, avec Sunrise, un album bénéficiant alors d'une sortie européenne par le biais du toujours très inspiré Golden Antenna Records (Earthlimb, From Monument to Masses, Maserati), lequel remet le couvert, un peu moins de trois années après, avec A drink for all my friends. Un disque à l'atmosphère particulièrement cinématographique ("A drink...", "... for all my friends") qui déroule sa bobine musicale en affirmant toujours plus sa personnalité propre. On pense à Godspeed You! Black Emperor sans le côté léthargique, à Sigur Ros pour l'amplitude émotionnelle, à Explosions in the Sky aussi parce qu'ils partagent la même ville d'origine (Austin, Texas), mais là c'est à peu près tout.
Parce qu'avant toute chose, My Education établit ses propres codes créatifs, délivrant une musique expressionniste qui semble composer la bande-son d'un film cette fois inexistant (contrairement à leur précédent album, qui était pour rappel une adaptation de L'aurore de Murnau), mais aux travellings et autres champs contre champs déjà dans l'esprit de l'auditeur. Les enchaînements sont naturels et l'album ne forme, assez logiquement, qu'un seul et même tout au travers duquel le groupe segmente intelligemment sa narration. Entre "Mister 1986" et "Black box", il y a ainsi une réelle évolution dans la cheminement de l'album et les Américains, s'ils ne parviennent pas toujours à maintenir l'auditeur dans le même état d'attention (A drink for all my friends n'étant pas exempt de certaines longueurs), assument complètement leur démarche. Un travail qui les pousse à varier les arrangements encore et encore, quitte à devoir délaisser quelque chose qui fonctionne à merveille pour une partition qui leur sied parfois moins.
Très logiquement, c'est lorsqu'elle se sort du carcan un peu exigu et limité de la fausse bande-originale que la formation texane réussit à se sublimer, avec notamment le single "ROBOTER-HÖHLENBEWOHNER" (à vos souhaits) qui s'affranchit des codes du "post-rock" auxquels on l'a souvent (sinon toujours) rapprochée pour créer quelque chose de plus simplement rock indé. Avec toujours des éléments renvoyant à son héritage habituel, mais pour mieux le dynamiter, un peu à la manière d'un Mogwai transgressant ses propres traditions musicales pour ne pas oublier d'évoluer avec Hardcore will never die, but you will, avant de faire étalage de toute sa classe sur l'élégant "Happy village", petit bijou de recueillement post-rock aux cordes impressionnistes, et de conclure "Homunculus". Un brûlot indie-rock à l'ancienne qui vient sérieusement réveiller l'auditeur au moment où on ne l'attendait précisément... pas du tout. Une puissance salvatrice, des guitares incendiaires, un soupçon de jazz pour apaiser les tensions électriques (ou au contraire les accentuer un peu plus), My Education finit tout feu tout flamme là où on attendait un final douceureux à souhait. Pas si étonnant finalement pour un groupe qui aime autant surprendre. Et qui le fait régulièrement non sans une certaine classe.
My Education / Chronique LP > Sunrise
Il y a des fois où lorsque l'on reçoit un disque d'un groupe que l'on ne ni d'Eve ni d'Adam, on se demande comment il peut-être possible de ne jamais en avoir entendu parler... surtout quand ladite formation en est à son cinquième album ("score" que n'atteignent pas nombre de formations pourtant talentueuses). My Education, au même titre que d'autres que l'on ne citera pas ici, fait donc partie de ces groupes complètement inconnus de ce côté de l'Atlantique (et qui plus est dans l'hexagone, mais là ça sonnait déjà comme une évidence...) et qui sont pourtant de véritable pépites en puissance (des pépites tout court même).
Inconnu jusqu'à maintenant certes, mais là My Education dispose quand même d'un atout, la caution "qualité" du label Golden Antenna Records (Daturah, Kerretta, FMTM...), inlassable dénicheur de découvertes musicales estampillées "post-rock", au sens large du terme. Ici, les natifs d'Austin ne dérogent pas à la règle, leur Sunrise compilant quelques sept plages musicales évoluant dans des sphères musicales voisines de celles de Godspeed You! Black Emperor. Et au milieu, une trame "narrative" évoquant les travaux cinématographiques de Clint Mansell (compositeur des bandes-son de Requiem for a Dream ou The Fountain), portée par des morceaux empreints d'une cinégénie affirmée, lesquels plaquent sur notre inconscient des images traversées par des orchestrations à cordes du plus bel effet ("Sunset", "Lust").
En support, une batterie qui imprime son rythme, parfois nonchalant, parfois plus enlevé, une guitare qui ondule entre les crescendo émotionnels et un sens aigu de l'instrumentation onirique ("City woman", "Oars"). Une fugue au violon ("Peasant dance"), une merveille de post-rock sombre et inflammable sur un "A man alone" évoquant les récentes sorties de Mono avant un final en tous points remarquable (l'éponyme "Sunrise"), My Education livre avec cet effort, un disque hybride. Un album/bande-son qui déroule sa bobine dans l'esprit de l'auditeur en flirtant en permanence entre post-rock à la Red Sparowes et véritable musique de film, pour un résultat où les deux se révèlent complètement indissociables.