Muse - Drones A la base, un drone, c'est le truc le plus putassier du monde. Parce que bon, faut quand même reconnaître que c'est quand même l'histoire d'un mec, sagement planqué bien au chaud dans son bureau, parfois même dans son salon avec son chat qui ronronne à côté, en train de tripoter son joystick (rassure-toi, ça ne va pas devenir salace) pour éliminer une cible. Et une fois sur deux, le mec salope le travail en tapant à côté jusqu'à faire une brouette de victimes innocentes qui, a priori, n'avaient strictement rien demandées.
Et bien Muse, c'est pareil. Mais en musique.

Enfin en musique, ça c'est eux qui le disent, parce que j'ai vérifié après écoute (ou supplice, je sors le dico des synonymes, on va en avoir besoin), ce genre de truc figure normalement sur la liste des actes de guerre interdits par la convention de Genève. A part ça, j'avais pensé vous livrer un dépeçage de la bestiole à la main et sans anesthésie donc morceau par morceau. Mais il aurait fallu écouter l'album en entier plus de deux fois et je m'excuse mais même en étant entraîné à subir les pires sévices auditifs, là, il y a une limite à ce qui est humainement acceptable. Si encore on était payés, mais même pas !

Déjà l'écouter 2 fois, j'aimerais t'y voir toi. Parce qu'honnêtement j'aurais préféré cent coups de fouet par un débile de l'état islamique. Mais parce qu'il faut quand même en parler, on va dire que ce nouveau Muse est un peu à la musique ce que Desigual est à la fringue.
Postulat de base : ton dernier-né vomi sur un t-shirt, c'est du Desigual. Le petit fait la même chose dans un enregistreur 8 pistes => Muse. Tu trouves ça méchant et/ou gratuit, dis-toi bien que ça l'est clairement. Mais que quand tu débutes un album par un truc aussi racoleur et porté par des claviers dégueulasses que "Dead inside", tu mérites de prendre. Et cher. Problème, dans cette histoire, le pire, c'est que ce morceau inaugural est loin d'être le plus mauvais de l'album, même qu'il contient certains passages tout à fait audibles. Surtout si on est sourd certes mais quand même.

Par contre, on va tout de suite être très clair, le Bellamy (aka le mec qui passe son temps à geindre dans un micro sur l'album) est fourbe. Parce qu'honnêtement ce que lui et ses co-conspirateurs nous font avec le morceau suivant, soit "Psycho", est parfaitement abject. Non pas qu'ils nous aient fait croire jusque-là en l'hypothèse d'un miracle et d'un album de bonne facture (faut pas déconner quand même), mais à ce niveau de barbarie artistique, ça va vraiment loin. Parce que ce n'est pas juste mauvais et d'un goût douteux, c'est même parfaitement dégueulasse et une torture à subir jusqu'au bout. Alors comme en plus les textes ont l'air d'avoir été écrits lors d'un clash avec One Direction option mièvrerie pre-ado ("Mercy"), le résultat flirte avec la boucherie sans nom. Et on a quand même un peu envie de l'achever le père Matthew là et sa pop grand-guignolesque vaguement prog' et synthétique.

Pourtant il y a curieusement deux/trois trucs à sauver dans Drones, enfin plutôt deux que trois mais on m'a demandé d'être gentil pour éviter un procès : oui, vu que les articles positifs se monnaient désormais, le milieu de la musique n'est plus vraiment habitué à l'intégrité rédactionnelle et évidemment à ce qu'un idiot sorte la sulfateuse. Quelques passages instrumentaux dans "Reapers" par exemple puis sinon... euh... bah en fait non c'est tout, même en fouillant bien. Car au final, on remarque une vraie constante dans Drones : l'ensemble est au mieux faiblard ("The handler"), lourd et pompier ("JFK"+"Defector") ; au pire c'est une daube sidérale. Zéro gramme de finesse dans le bouzin, aucune classe ni raffinement (le pénible "Revolt", l'ignoble "Aftermath" qui atteint des sommets inégalés de grandiloquence guimauve crasse) mais ça encore c'est avant l'ultime piste de l'album, l'infâme et éponyme Drones.

Là, le groupe fait encore pire que ce dont on le savait capable mais à ce moment-là de l'album, parce qu'à un moment, ça suffit les conneries, je suis allé chercher une pelle pour enterrer les corps.