De son vrai nom, McKinley Morganfield (1913-1983) a grandi dans une plantation du Mississippi. Cela fait une bonne base pour avoir le blues dans l'âme. Il s'agissait ensuite de faire parler le talent. Il partira pour Chicago où il deviendra un monument de ce genre musical sous le nom de Muddy Waters. Autrement dit les "Eaux boueuses". Parmi ses chansons les plus connues : "Rollin' stone" (1950), "Hoochie coochie man" (1954), "Mannish boy" (1955).
Avec le soutien du disquaire La Face Cachée, le label français Night Records propose de revenir sur quinze titres enregistrés de 1941 à 1950. Ils sont compilés sous le nom de Can't be satisfied. Un titre que l'on retrouve directement sur la face A. Enregistré pour la première fois en 1941, il trouve sa forme définitive dans une version sortie en 1948. C'est celle-ci que le disque propose. Le morceau - déjà superbe - aura été popularisé par The Rolling Stones quelques années plus tard (en 1965 avec The Rolling Stones N.2). Mais c'est par "Country blues" que le disque s'amorce. Une façon de revenir aux origines et de proposer un blues authentique et rural. Ainsi, apparaissent les premiers morceaux. Muddy Waters est seul à jouer. Il accompagne sa voix de sa guitare sèche. Une approche minimaliste qui fait parler le talent. "Burying ground blues" prend une figure plus complexe. On remarque l'entrée du piano de Sunnyland Slim et la basse de Ernest "Big Crawford" qui nous suivent pour quelques morceaux. La guitare soliste de Hommer Harris fait un passage éclair mais plus que notable par son jeu. La musique devient petit à petit plus électrique et nous fait voir les racines du rock. Dans le feutré, Alex Atkins apporte la contribution de son saxophone sur "Good looking woman". On peut encore admirer le jeu de guitare de Muddy Waters en solo sur "I feel like going home". Autre guitariste, Leroy Foster arrive sur le dernier titre de la face A : "Mean red spider".
La face B voit l'apparition de plusieurs classiques du blues. D'abord, "Rollin' and tumblin" de Hambone Willie Newbern. Un blues au rythme élevé, carré comme jamais. Dans un style plus lent, "Walking blues" est également la reprise d'un standard. Muddy Waters contribua à la reconnaissance de ces morceaux. Enfin la célèbre "Rollin' stone" pointe le bout de son nez pour influencer une génération entière de blues rock. "Louisiana blues" est également l'occasion de voir apparaître les musiciens Elgin Edmonds et Little Walter, respectivement à la batterie et à l'harmonica.
Loin d'être aussi populaire que dans les années 1940 à 1960, le blues est un fondement pour le rock. Le label Night Records réalise ici un véritable devoir de mémoire en proposant la série de disques "Call up the spirit of the dead". Revenir sur les premiers enregistrements de Muddy Waters, c'est proposer de redécouvrir le "Chicago blues" et toutes ses ramifications. Un travail précieux qui donne envie de faire un plongeon sans fin dans la musique de l'artiste.
Publié dans le Mag #56