Qui donc ici n'attendait pas le retour discographique de Mr. Bungle ? En trois albums sortis dans les années 90, les Californiens ont su créer un style se résumant à faire s'entrechoquer le plus large spectre des courants artistiques contemporains, du jazz à la techno en passant par des musiques locales telles que le yiddish (ah... "Ars moriendi", quel chef d'œuvre ce fut !). Vingt ans après le légendaire California, le noyau dur de la formation, soit Mike Patton (chant, clavier), Trey Spruance (guitare, clavier) et Trevor Dunn (basse), font appel à Dave Lombardo (batterie) et Scott Ian (guitare) que l'on ne présente plus, puis annonce une petite série de concerts (sold-out en très peu de temps) qui seront exclusivement des interprétations des chansons de la toute première démo cassette The raging wrath of the easter bunny datant de 1986, époque où les types de Mr Bungle n'étaient que des ados en manque de sensations sonores.

Cela aurait (a ?) dû mettre la puce à l'oreille aux fans car le quatuor, non content de réinterpréter en live cette démo thrash-métal passée aux oubliettes, a carrément décidé de la réenregistrer et d'en sortir un disque au mois d'octobre 2020 à travers le très recommandable label Ipecac Recordings (Melvins, Daughters, Yasmine Hamdan...). L'écoute de ce The raging wrath of the easter bunny demo nous confirme que le choix de Lombardo et Ian n'est pas du tout surprenant tant cet album sonne thrash/speed métal de la Bay Area, un courant musical californien ayant eu son heure de gloire dans les années... 80 ! Pas de révolution musicale sur ce point-là, mais les membres de Mr. Bungle rendent à travers ce disque un hommage à cette scène, dont Lombardo avec Slayer en ait été affilié, tout comme avec le Big Four of Thrash en compagnie de Ian (Anthrax).

Bien que ce disque soit de très bonne facture - on y retrouve toute cette énergie et cette magie électrique qui nous a fait tant aimer le style étant jeune (et encore maintenant) - on s'aperçoit que ce The raging wrath of the easter bunny demo est davantage une lubie génialissime de Patton et de ses amis qu'un véritable album de Mr. Bungle, sous-entendu une suite logique (ou pas d'ailleurs) à la trilogie Warner qui pour le coup était bien plus intéressante et abracadabrante en terme de style que ce nouveau méfait. D'ailleurs, le seul moment vraiment fantasque du disque tient à une courte reprise de la cucaracha sur un morceau de S.O.D ("Habla espanol o muere", version espagnole de "Speak english or die"). Au final, beaucoup doivent encore vainement attendre l'arrivée d'une suite à California, en attendant ils auront cet encourageant The raging wrath of the easter bunny demo.

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