Phil Elverum a grandi dans la petite ville de Anacortes (état de Washington, à l'extrême Nord-Ouest des Etats-Unis) et c'est au milieu des années 1990 qu'il monte son premier projet auquel il occupe la place principale : The Microphones. Durant cette période, le groupe sort plusieurs disques (singles, EP, albums) jusqu'à ce que voit le jour Mount eerie en 2003. A ce moment, Phil Elverum décide de stopper cette aventure et d'en mettre une autre sur pieds. Pour nommer son nouveau projet, il décide de le nommer comme l'a été son dernier disque : Mount Eerie est né. Cela ne l'empêche pas de publier un ultime album live (Live in Japan) des Microphones en 2004.
La discographie du bonhomme est assez touffue mais il s'avère que le premier "vrai" album à paraître sous le nom de Mount Eerie est No flashlight. Sorti à l'automne 2005, No flashlight a été distribué aux Etats-Unis et sa sortie en Europe a été rendue possible grâce à Play/Rec (Menfolk, Hell On Wheels, The Unit, Barra Head, ...).
Mount Eerie
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Mount Eerie / Chronique LP > No flashlight
Souvenez-vous, il y a quelques semaines Menfolk apparaissait sur W-Fenec et par la même occasion entrouvrait la porte du label Play/Rec. Cette fois, le label Danois fait son retour dans nos colonnes par l'intermédiaire d'un album de Mount Eerie, No flashlight. Car cet album a bien trouvé des soutiens sur son continent (américain) pour être distribué mais cela a été une autre paire de manches en ce qui concerne son exportation. Bref, Play/Rec a volé à sa rescousse et, en guise d'échange de bons procédés, l'artiste y a adjoint 4 pistes supplémentaires, portant la durée du disque à trois quarts d'heure.
Pour créer l'identité de Mount Eerie, Phil Elverum a choisi d'allier songwriting minimaliste ("No inside, no out") et low-fi ("In the bat's mouth") sans tourner le dos à d'autres perspectives plus toniques et inattendues. No flashlight est donc introduit par deux morceaux éthérés, avant que "The moan" ne vienne déchirer vigoureusement les embruns qui avaient déjà réussi à s'installer. L'auteur-compositeur pratique ainsi sur tout l'album, établissant de longs moments faussement monocordes (autant enclins à l'hypnotisme qu'à l'introspection) comme pour mieux les briser d'éclats de musique exotique ("The universe is shown"), de soubresauts noisy ("No flashlight") voire même de phases (post-)folk ("The air in the morning", "The intimacy of the world with the world"). Le grain qui recouvre No flashlight est, à l'image de son visuel, assez particulier. Ainsi, la trame est crépusculaire mais à travers celle-ci, quelques halos luminescents et points de lueur parviennent à transparaître, qu'ils soient agrémentés de chants diphoniques, de divers instruments ou de choeurs. Le résultat est semblable à des volutes chagrines mais pas si ténébreuses que cela, au fur et à mesure qu'elles se développent et que l'on y prête attention.
Si Phil Elverum, pardon, Mount Eerie décide de terminer sa réflexion par un questionnement, en l'occurrence "Where ?" (après s'être brillamment demandé "What ?" et "How ?"), on est en droit de se demander sur quels terrains chasse le bonhomme. Peut-être à la croisée de chemins incongrus comme ceux qui verraient se croiser (entre "(2 lakes)", "(2 mountains)" et "(2 moons)") le fantôme des Microphones (obligé !) avec Notwist et pourquoi pas un Jesu complètement organique. Seule certitude, Phil Elverum plane de toute son envergure sur Mount Eerie, nouvelle formation prometteuse dont on n'a plus qu'à se demander quand aura lieu (When ?) la nouvelle apparition.