Rock Rock > Motörhead

Rachid Taha nous a quittés à la mi-septembre, le jour de mes 37 ans, foudroyé par une crise cardiaque en plein sommeil, six jours avant ses 60 ans et dix jours avant un concert attendu à l'Opéra de Lyon pour fêter les 20 ans de Diwân. Comme cadeau d'anniversaire, il y avait mieux surtout que quelques années avant cette triste nouvelle, je m'étais replongé avec curiosité dans ses 38 années de carrière, n'étant pas allé plus loin que le projet 1,2,3 soleils, son tube interplanétaire "Ya rayah" (reprise personnalisée du grand maître algérien du châabi Dahmane El Harrachi), l'excellente et festive "Ida" ou encore sa version de "Douce France" avec son groupe Carte de Séjour qui avait fait grand bruit à l'Assemblée Nationale en 1986. De vagues souvenirs qui ne m'avaient pas trop poussé (à tort) à l'époque à aller plus loin dans sa discographie jusqu'à ce jour d'octobre 2015 où je me suis retrouvé à ses côtés pendant un vol entre Paris et Marrakech.

Je crois que c'est là où est apparu réellement mon intérêt pour lui car je n'oublierai jamais ces longues discussions sur la musique (avec un grand M) avec cet homme visiblement marqué par la vie et les excès. Sympathique et ouvert à tous les sujets (même jusqu'à m'inviter dans des endroits inavouables), Rachid se réclamait à 100% du rock'n'roll, se sentait plus proche de Led Zeppelin que du raï. D'ailleurs, il ne supportait pas qu'on dise de lui qu'il était un chanteur de raï. Pas étonnant pour un gars ayant travaillé avec des grands noms du rock (mais pas que) comme Brian Eno (ex-musicien de Roxy Music et producteur de U2 et David Bowie), Mick Jones (le guitariste des Clash), Santana (qui lui a repris son "Kelma"), Goran Bregovic, Damon Albarn (avec qui il a chanté et contre qui il aura des mots durs par la suite), Patti Smith, India Martinez, son ami et producteur historique Steve Hillage de Gong, mais aussi les producteurs Don Was (Rolling Stones et Bob Dylan) et Justin Adams (guitariste de Robert Plant) qui s'est chargé de façonner Zoom, son dernier album sorti de son vivant en 2013.

La liste est longue pour l'international, où il était majoritairement plus reconnu (Robert Plant disait de lui : "Rachid était le plus grand rockeur français, s'il était né anglais ou américain, ce serait la plus grande star du rock de notre temps"), mais en France aussi, il donnait de la voix avec certains compatriotes (même s'il reconnaît n'avoir jamais demandé la nationalité française - "Je suis français tous les jours, et algérien pour toujours") comme Alain Bashung, Catherine Ringer, les Têtes Raides, Pills, Marco Prince d'FFF, La Caravane Passe, Rodolphe Burger, Jeanne Added, Gaëtan Roussel, Acid Arab, et j'en passe. Je me souviens d'un fan d'AC/DC, de Rob Zombie et de tant d'autres groupes métal ou de rock venus d'ailleurs (Iran, Algérie, Liban...) et totalement inconnus du public français, d'une personne profonde et plein d'honnêteté qui se foutait des frontières et dont la créativité l'amenait à mélanger subtilement le rock, le punk, le blues, la musique orientale, l'électro, la pop, le trip-hop, la techno, le funk, le reggae, la chanson française. Rachid avait aussi le souci permanent de rendre hommage à ses pairs ou aux anciens (souvent par des versions revisitées de classiques comme le diptyque Diwân, ou par ses textes, à l'instar de "Les artistes", titre où il parle de Kurt Cobain et d'Elvis), tout en élaborant ses propres créations. Son rêve avoué étant de chanter avec Lemmy de Motörhead dont il était un grand fan. Les deux vont pouvoir désormais s'éclater ensemble au paradis, et je suis certain qu'il en profitera pour tailler la bavette de longues heures avec ses idoles Strummer, Cobain, Hendrix, Lou Reed, Bowie ou encore le grand Elvis. Repose en paix l'artiste !

Playlist par album (très très) sélective et (totalement) subjective :

Barbès (Barbès, 1990)
Ya rayah (Rachid Taha, 1993)
Jungle fiction (Olé, Olé, 1996)
Ida (Diwân, 1998)
Foqt foqt (Made in medina, 2000)
Menfi (Live, 2001)
Safi (Tekitoi ?, 2004)
Rani (Diwân 2, 2006)
Mine Jaï (Bonjour, 2009)
Fakir (Zoom, 2013)

Biographie > LA définition du rock 'n' roll

"We're Motörhead and we play rock 'n' roll". Qui n'a jamais entendu cette phrase magique prononcée par Lemmy Kilmister, tête pensante du trio britannique hantant nos platines depuis plus de 35 piges ? A part mon copain Aurélio qui ne respecte rien, je pense que personne n'a pu passer à côté de ce groupe de légende. Je ne vais pas vous narrer l'historique du groupe, pas vraiment envie de passer à côté, et certains ont fait et feront ça mieux que moi (par contre, si vous tombez sur une bio de PPDA, méfiez-vous, je suis pas sûr que le gars soit un fan, au contraire d'Yves Mourousi.). Motörhead est une institution. Le mot est fort mais juste. Tout simplement.

Review Festival : Motörhead, Foire Aux Vins 2014

Review Festival : Motörhead, Sonisphere 2013

Review Festival : Motörhead, Eurocks 2011

Review Concert : Motörhead, Live from NY City (sept. 2009)

Motörhead / Chronique DVD > Clean your clock

Motörhead - Clean your clock Clean your clock est certainement le premier d'une longue série de disques posthumes de Motörhead (qui, pour celui qui débarque de la Lune, a succombé à la mort de son leader charismatique Lemmy Kilmister). En attendant les rééditions, remasters, coffrets anniversaires et live en tout genre, le label allemand du défunt trio propose aux fidèles du combo britannique un live enregistré lors de dates munichoises en novembre dernier, alors même que le groupe était en pleine tournée promo de l'excellent Bad magic. Et même si avoir accès à du matériel live de Motörhead est toujours un plaisir, ce skeud composé d'une galette audio et DVD n'est pas forcément du meilleur goût quand on sait que son leader était dans un état de santé plus que limite.

Les cinq titres (!!!) qui sont proposés dans le kit promo suffisent à se faire un avis sur la question (même si on aurait préféré avoir une version complète de l'album) : oui, Motörhead est et restera une machine de guerre, un trio de choc qui a dévoué sa cause au rock 'n' roll au sens noble du terme. Mais avec un Lemmy amaigri et affaibli, la superbe du groupe en avait pris un coup et les fans hardcore, outre le fait de reconnaître la classe ultime de son bassiste, venaient ces derniers mois assister à un concert de Motörhead comme si cela avait été le dernier. Et le pauvre homme faisait peine à voir, comme il fait peine à voir tout au long du DVD (qui bénéficie d'une belle production). Alors oui, le Bömber est de sortie, les lights sont généreuses et le son est d'enfer, mais comment ne pas se focaliser sur ce pauvre type qui semble à l'agonie ?

Côté audio, la basse de Lemmy ronfle comme jamais, même si le bonhomme n'est pas constant dans l'interprétation, et la paire guitare/ batterie excelle par sa justesse et sa rigueur. Nul doute que les sbires de Monsieur Kilmister étaient, contrairement au Patron, au sommet de leur forme (merde, ce Mikkey Dee est d'une précision déconcertante !). Les morceaux sont joués à un tempo moins soutenu, mais le groove et la touche blues de certains titres sont un bonheur qu'on ne peut pas bouder. N'empêche que ce live, brut de décoffrage, sans artifice et d'une sincérité irréprochable, ne restera pas une pièce indispensable dans la riche discographie de Motörhead.
Motörhead n'est plus. C'est plus qu'un fait. Dire que Motörhead mourait à petit feu depuis les gros soucis de santé de Lemmy était un doux euphémisme, même si la puissance des deux derniers albums studio est inégalable. Clean your clock est un bel hommage à ce groupe qui aura inspiré des vocations, mais je reste persuadé que le label, compte tenu de la multitude de live du groupe sur le marché, aurait pu, en guise d'hommage, offrir aux fans un format différent et certainement pas des images d'un homme qui souffrait plus qu'il ne profitait de ces derniers concerts. Mais Lemmy était taillé pour la scène et s'il avait pu crever sur scène pendant les dernières notes d'« Overkill », il ne s'en serait certainement pas privé. Bastard !!!

Motörhead / Chronique LP > Bad magic

Motörhead - Bad magic Je ne pensais pas un jour devoir écrire cela. Pourtant c'est le cas : à l'heure où tu liras ces lignes, et comme tu le sais déjà, Motörhead n'est plus. Pourtant, au moment de la sortie de Bad magic, il était plutôt question d'une nouvelle tournée mondiale pour célébrer cet album coïncidant avec les quarante ans de carrière du trio (passé un temps quatuor) mené par Lemmy Kilmister. Seulement, le destin en a décidé autrement. Alors plutôt que me morfondre sur la disparition du bassiste chanteur, je préfère te parler comme il se doit de ce putain de disque qu'est Bad magic, chose que j'aurais dû faire bien avant (le disque est sorti en fin d'été dernier), mais ainsi va la vie.

« Victory or die ». C'est ainsi que débute Bad magic, nouvel (et hélas dernier) album du trio Motörhead. Pas vraiment prémonitoire, car une fois de plus, Motörhead a gagné son pari : sortir un disque nerveux et passionnant. Et dès l'entame de ce 22ème (!) effort une nouvelle fois produit par Cameron Webb (responsable du son du groupe depuis Inferno), ça ne fait pas dans la dentelle ! Motörhead déroule le tapis rouge à son auditoire et lui assène un uppercut qui fait mal aux gencives. La recette est connue de tous : batterie omniprésente, riffs de guitare surpuissante, basse hors du commun et puis cette putain de voix du Sieur Kilmister. À l'instar des Ramones ou d'AC/DC, Motörhead fait du Motörhead, sans concession ni compromis, et c'est bien pour ça que je les aime. "Thunder & lightning" qui suit ne relâche pas la pression et prend littéralement à la gorge. « Fire storm hotel », dans un esprit boogie blues rock, fait son petit effet et démontre à celui qui en doutait encore que Phil Campbell a du potentiel à la six cordes, et que le groove du génial Mickey Dee est intact. Un Mickey Dee qui met tout le monde d'accord avec l'intro du tranchant « Shoot out all your lights », archétype même de ce que Motörhead peut proposer de mieux : riff heavy à l'inspiration blues, pont punk et refrain percutant. Sublime ! À l'image de « The devil », « Electricity » ou « Evil eye », la succession des titres composant Bad magic est un best of de ce que le trio britannique a pu offrir depuis de (très) nombreuses années. Si bien que je pardonne « Till the end », morceau (à la limite de la ballade) certes touchant mais qui n'a pas grand chose à faire dans ce déluge de fureur et d'électricité. Car « Tell me who to kill » ou « Choking on your screams » (morceau sur lequel Lemmy chante très bas comme dans « Brotherhood of man » sur The wörld is yours) ne manque pas de qualités pour décerner à Motörhead le trophée du groupe le plus rock 'n' roll du monde. Et tandis que la fin est proche avec le dansant « When the sky comes looking for you », on se dit que le destin est quand même bien fait quand résonne la dernière plage du dernier album de Motörhead, à savoir la dispensable reprise de « Sympathy for the devil » des Rolling Stones (désolé, l'original est intouchable).

Disque impeccable, Bad magic ne fera pas tâche dans la lourde discographie du combo britannique. Et même s'il sera aux yeux de beaucoup « le dernier album de Motörhead », ce disque aux diversités vocales et aux guitares qui font mal comporte d'excellentes chansons avec très peu de surprises. Mais est-ce cela qu'on attendait de Motörhead ? Putain, je parle déjà du groupe au passé. Le rock 'n' roll n'est peut être pas mort, mais avec la disparition de Lemmy et la cessation forcée des activités de son groupe, il est bien amputé.

Motörhead / Chronique DVD > 25 years of Wacken

Wacken Open Air - 25 years Bon anniversaire. Et comme souvent dans ces cas-là, c'est celui qui souhaite le "bon anniversaire" qui reçoit un cadeau. En l'occurence un triple DVD (ou Rayon Bleu) sobrement intitulé 25 years of Wacken et sous-titré "Snapshots, scraps, thoughts & sounds". Pour les nuls en anglais, c'est "Clichés, notes, pensées et sons" parce que le coffret des 25 ans du plus métal des festivals allemands offre plus que 3 DVDs avec un bouquin de 300 photos, des textes et un bel écrin pour chacun des DVDs. Ça, c'est cadeau et je n'en parlerai pas plus car, c'est juste "sur le papier", en promo, on se contente (et avec un large sourire) des 3 DVDs "bruts", étant donné que les superbes coffrets sont réservés à ceux qui feront l'effort de débourser quelques euros pour se replonger dans cette vingt-cinquième édition du Wacken. Oui, parce que si le festoche souffle ses 25 bougies, tout ce qui est vidéo (et le son qui va avec en Dolby 5.1) ne concerne que l'édition 2014, on n'est pas du genre passéiste ou alors, ce sera pour une prochaine fois mais ce coffret ne met pas à l'honneur l'histoire et les années passées, juste une sorte de best of de ce qui s'est passé cet été. Ou presque parce que parmi les 60 groupes (environ) présents à l'image, on n'a pas trace de Arch Enemy, Behemoth, Bring Me the Horizon, Megadeth, Skid Row, Slayer ou Sodom qui étaient pourtant assez hauts sur l'affiche, histoire de droits peut-être... Ou de vrais choix car j'imagine mal les Degradead (absents eux aussi) refuser une telle opportunité. Les absents ayant toujours torts, parlons des présents...

Pour "ranger" tout ce beau monde, le choix a été fait de respecter les scènes, le premier DVD fait honneur à la double grande scène (Black et True Metal stages), le deuxième aux the Party et Wackinger Stages ainsi qu'à quelques groupes du tremplin (Wacken Metal Battle) et enfin le troisième aux Headbanger et Wet Stage ainsi qu'à la Bullhead City Circus Tent. Si tu n'es pas un habitué du WOA, c'est du latin et tu risques surtout d'être attiré par le DVD 1 vu son track-listing de grande classe. On commencera donc par la fin et les 28 groupes qui ont le droit à chacun un morceau sur le DVD, si quelques uns ne nous sont pas inconnus (Decapitated, Masterplan avec 2 ex-Helloween, The Ocean et son superbe "Mesopelagic : into the uncanny"...), il faut bien avouer qu'on fait un paquet de découvertes... Au rayon des plutôt bonnes, le blues hard rock de Black Star Riders (en fait, ce sont les Thin Lizzy !), le mélange des genres (et des couleurs et des styles) de Neopera, Lacrimas Profundere qui réussit à nous embarquer en un seul titre, Beyond The Black dont la chanteuse est très mignonne (Google image Jennifer Haben pour les curieux), The Vintage Caravan pour son esprit punk et les mimiques de son chanteur, Excrementory Grindfuckers qui a l'air gravement dérangé (dommage que je ne parle pas allemand), Fleshgod Apocalypse qui apprécie l'opéra... Du côté des trucs qu'on était contents de ne pas connaître on peut lister Collibus, Torment, Ax'N'Sex, Starchild (une des rares pistes où le son n'est pas terrible).

Le deuxième DVD permet de constater le fossé entre nos voisins et nous, si on connaît le rhénan, le culturel en terme de métal est plus difficile à voir, pas ici quand on cherche à déchiffrer "Schandmaul", un nom que les Allemands connaissent très bien puisque ça fait 15 ans que leur métal médiéval assez sympa passe dans leurs oreilles... On comprend mieux la foule et l'engouement sur cette scène ce soir-là... Même topo pour Saltatio Mortis qui m'a cependant moins touché. Les J.B.O évoluent eux au rayon déconne pas loin des BloodHound Gang et livrent deux hits immédiats que tu auras forcément l'impression de déjà connaître... Pas de reprise pour eux mais une pour Santiano qui chante en allemand la chanson du fameux trois mâts... avant d'enchaîner sur un autre titre folk métal qui fait le passer le temps sous le soleil de Wacken. Les Knorkator font moins dans la finesse, avec ou sans Timtom. Les balkaniques Russkaja assurent une transition aisée dans ce sens-là, ensuite, c'est plus compliqué car c'est August Burns Red et ses "Poor millionaire" et ''Provision" qui vient rappeler que le WOA est surtout un festoche métal ! Honneur ensuite aux vétérans de Prong pour deux titres également. Le folk théâtralo-médiéval de Mr. Hurley & Die Pulveraffen auraient trouvé une meilleure place plus tôt mais c'est aussi ça la mentalité allemande, la capacité de passer d'un style à l'autre en quelques secondes sans que personne ne crie au scandale... Place ensuite à 5 groupes qui ont participé au tremplin Wacken Metal Battle et qui se sont offerts une participation dans un festival qui rime avec Graal. Parmi eux, on remarque qu'à Hong Kong, on ne savait pas qu'Evocation n'était plus disponible comme "nom pour un groupe de métal", que décidément les instruments médiévaux ont la côte (Huldre), que Dirty Shirt aime le air guitar et que les Espagnol(e)s d'In Mute n'ont pas fait le voyage pour rien... Et même pour ces "petits" groupes la qualité de son et de vidéo est incroyablement pro, le Wacken ne laisse personne de côté quand d'autres festivals ne filment que leurs scènes principales.

Terminons donc par le commencement avec le DVD1 et sa rafale de groupes confirmés qui débarquent aux Wacken avec l'artillerie lourde en terme de show, grosses light, mises en place de feu et public au taquet pour profiter des têtes d'affiche qui bénéficient toutes de deux morceaux sur ce DVD, enfin presque car Hatebreed se contente de son seul "Honor never dies" (d'ailleurs ils auraient du être sur le deuxième DVD vu qu'ils jouent sur la "The party stage"... scène extérieure qui a tout d'une grande tout de même). Je passe sur les vieux briscards d'Avantasia (side project de Edguy) et d'Accept (maîtres chez eux), ainsi que sur Saxon pour parler un peu d'un autre papi bien plus apprécié par ici : Lemmy ! Son chapeau le protège du soleil et c'est avec son flegme naturel qu'il envoie "Rock it" survitaminé, c'est le moins démonstratif (et le plus fatigué ?) des Motörhead et le tempo de "Lost woman blues" lui sied certainement mieux. Il a beau être un dinosaure plus proche de la retraite que de ses années Hawkwind, ça reste un monument dont la voix est toujours accrocheuse. Pas de voix et un coucher de soleil pour Apocalyptica qui attaque avec un "Path" (sans Sandra Nasic que j'aurais adoré voir ici) mais avec le renfort d'un orchestre classique avec percussions, cuivres et tout le tralala qui donne encore une autre ampleur au groupe qui lance les encouragements avant l'une de ses reprises phares "Hall of the mountain king". Les Finlandais sont exceptionnels mais comme j'aurais aimé découvrir ici le choeur du public du WOA reprendre un grand standard du métal sauce Apocalyptica (au hasard "Nothing else matters" qu'ils ont joué lors du rappel) parce que rayon frissons, ça n'a que très peu d'égal. Changement radical d'ambiance ensuite avec les Steel Panther qui proposent à chacun de faire un "Gloryhole" (alors qu'il y a quand même surtout des mecs dans le public) avant de demander "Death to all but metal". Jamais dans la démesure. Hammerfall (et son métal daté), Amon Amarth (et son décor), Children Of Bodom (et son synthé) sont assez vite zappés pour voir ce que donne Emperor, pas de bol pour eux, c'est en plein jour et ça n'est pas facile pour ce genre de zik de ne pas se jouer dans le noir, les gars sont toujours aussi rapides et impressionnants. Mais comme j'ai vieilli, j'ai du mal à rester dedans... Une chanson d'amour ? C'est "Kingdom" du Devin Townsend Project qui lui aussi doit jouer sous le soleil, un temps idéal pour les hippies qui reçoivent "Grace". Le rythme reprend de la vitesse avec les locaux d'Heaven Shall Burn, un groupe qu'on voit de temps à temps à Dour sous une tente et qui là démonte une grande scène blindée dès le déjeuner ! Le pogo est juste énorme, la poussière vole, là encore, c'est très impressionnant... Eux aussi sur la plus petite scène (tout est relatif), les Carcass font le job, laissant le soin à d'autres vétérans de clore ce DVD puisque c'est Kreator qui s'en charge, là encore avec un light show de très grande classe et des plans travaillés.

C'est d'ailleurs ce qu'on retient, outre les performances de tous ces groupes, c'est l'énorme qualité de son, de prises de vue et de montage de ce triple DVD qui fait honneur au 25 years of Wacken, un souvenir phénoménal pour ceux qui y étaient, un témoignage exceptionnel pour nous tous. Encore une fois, bon anniversaire les gars et bravo pour ces vingt-cinq premières années !

Chronique Compil : Motörhead, Wildstyle & tattoo music

Motörhead / Chronique LP > Aftershock

Motörhead - Aftershock A chaque fois que je chronique un album de Motörhead ou que je me lance dans un live report d'un concert du trio britannique, j'ai la sensation de me répéter, en utilisant des superlatifs qui reviennent toujours sur le tapis. Mais à chaque sortie de disque ou à chaque concert, c'est (presque) toujours bien, alors je ne vais pas bouder mon plaisir de vous parler d'Aftershock, nouveau missile atomique des Anglais !

21ème ( !) album de sa prolifique carrière, Aftershock est de nouveau produit par Cameron Webb, offrant une certaine stabilité. Je vous rassure, la recette, elle non plus, n'a pas changé. Enfin, disons que Lemmy et sa bande ont apporté quelques nouveaux ingrédients au plat qu'ils servent avec talent depuis des dizaines d'années, sans modifier le goût, si vous voyez ce que je veux dire. Et comme vous ne voyez pas, et bien je vais vous expliquer. Comme à son habitude, Motörhead démarre très fort avec "Heartbreaker", un excellent morceau du cru où la vitesse d'exécution, la force des guitares, l'omniprésence de la basse et la voix caverneuse de Lemmy s'entrechoquent pour former un petit chef d'œuvre. Encore un morceau à écouter à fond sans modération. Ce nouvel album comprend évidemment son lot de titres punchy qui ont fait la marque de fabrique du trio anglais (vitesse, puissance, grande classe) comme pour "Coup de grâce" (en deuxième position de la tracklisting, alors que ça aurait pu clôturer l'album avec un titre de ce genre), "End of time", "Death machine", "Going to Mexico" (aux accents très "Ace of spades") ou le tonitruant "Paralyzed". Mais en grands amateurs de blues, nos trois larrons nous ont concocté quelques excellentes surprises : ainsi, le mid tempo qu'est "Lost woman blues" est une respiration plus qu'essentielle, rappelant à l'auditeur qu'au milieu de cette avalanche de fureur et de sueur, Lemmy, Mickey et Phil n'ont pas oublié leurs racines et leurs premières amours. Il en est de même pour le plus dispensable "Dust and glass". Le rock 'n' roll basique n'est jamais bien loin ("Knife", l'excellent "Crying shame" et son refrain fédérateur à grand coup de piano !), et Motörhead s'est même fait plaisir en envoyant un "Queen of the damned" qui aurait pu trouver sa place sur les premiers albums du groupe, ainsi qu'un jouissif "Keep your powder dry" que ne pourrait pas renier AC/DC. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

Quarante sept minutes plus tard, plusieurs constats s'imposent : oui, Motörhead est encore dans le coup, et cet Aftershock démontre bien qu'on n'est pas près de les foutre dehors. Oui, ce nouveau disque est du pur Motörhead, avec ses nombreux points positifs (la puissance, la virilité, l'expérience, quelques jolies surprises.) et ses quelques points négatifs (une linéarité qui pourrait lasser), mais après quarante piges, à quoi s'attendre d'autre ? Lemmy est le boss, Mickey Dee a le rythme dans le sang, et Phil est un guitariste inspiré et doté d'un feeling certain. Les derniers événements pourraient laisser croire qu'il pourrait s'agir d'un de leurs derniers disques, et même si Aftershock n'est pas le meilleur album du trio (quoi que d'un très bon niveau), rendons à César ce qui appartient à César et prosternons nous une nouvelle fois devant ce groupe qui a tellement apporté à la musique moderne. On leur doit bien ça, bordel !

Motörhead / Chronique LP > The wörld is ours - Vol 2

The Wörld Is Ours - vol 2 "Good evening ! Are you allright ? We're Motörhead ! And we play rock 'n' roll". Ceux d'entre vous qui ont déjà assisté à un concert de Motörhead connaissent cette introduction par coeur. Inlassablement répétée à chaque concert depuis des lustres (leçon de français "on" : un lustre est équivalent à cinq ans. Des lustres, c'est donc cinq ans fois plusieurs, ce qui, dans notre cas, est totalement justifié. Leçon de français "off"). Motörhead, c'est bien connu, est une machine de guerre, véritable rouleau compresseur du rock 'n' roll ayant vendu son âme au diable en contre partie de quelques bouteilles de Jack. Motörhead, c'est Mickey Dee, véritable moissonneur-batteur du rock, Motörhead, c'est Phil Campbel avec toujours des bons riffs dans son flight case à guitares. Motörhead, c'est aussi Lemmy Kilmister, seul membre d'origine du trio (un temps quatuor) au charisme impressionnant et à la voix reconnaissable entre mille. Le line-up actuel (en place depuis de nombreuses années) avance à son rythme, souvent sur la route avant d'enregistrer des brûlots dont eux seuls on le secret (le dernier, The wörld is yours, en est un parfait exemple). Mais Motörhead prend toute sa signification sur les planches. La scène est son terrain de prédilection. Et quand, il y a un an, est paru The wörld is ours - vol 1, le fan en a eu pour son argent. Mais qui dit volume 1 dit bien évidemment volume 2 ! Et voilà que quelques mois plus tard parait donc The wörld is ours - vol 2 objet de ces quelques bons mots destinés à vous faire saliver avant de courir chez votre disquaire préféré pour lâcher quelques euros en vue d'acquérir ce nouveau live.

L'objet étant sorti dans le commerce sous différents formats (LP, DVD, Blue Ray,...), j'ai choisi de vous faire part de mes impressions suite à l'écoute du double CD agrémenté d'un DVD live. Déclinant le live intégral d'un concert donné par le groupe au Wacken en 2011 et de quelques extraits du Rock in Rio et du Sonisphere anglais de la même année, l'auditeur habitué à voir le groupe en concert ne sera pas déconcerté. En effet, la set-list est classique et fidèle à ce que le groupe peut proposer depuis quelques années avec ce fameux triptyque de fin de concert ("Killed by death", "Ace of spades" et "Overkill") et les classiques de chez classiques ("Going to Brazil", "Stay clean", "In the name of the tragedy", "Metropolis"). La dernière tournée fait tout de même place nette à d'excellents morceaux du dernier album studio en date ("Get back in line", "I know how to die"). La puissance du trio en live est parfaitement restituée sur disque (chose pas forcément aisée quand on connaît la qualité des gars sur des planches et surtout le niveau sonore développé !) même si le live du Wacken bénéficie de loin du meilleur son. Mickey Dee ("the best drummer in the world !") en met partout sans jamais frôler l'indigestion, la guitare de Philip Campbel ("on my right, on your left, playing Motörhead for 27 years") pleine de delays et de rigueur en bouche un coin à chaque intervention, et la basse de Mr Lemmy est tout simplement gigantesque ! Comme à l'accoutumée, la batterie est largement présente dans le mix, faisant la part belle aux breaks de folie accompagnant la guitare et la basse d'une puissance incroyable. Bref, les fondamentaux sont respectés (puissance, efficacité, rock aux accents blues joués avec les burnes...), et c'est bien là le principal. Je regrette juste que des doublons (voir triplons pour "Killed by death" !) soient présents sur la tracklist (du fait que le disque est tiré de trois shows), le groupe disposant de tant de matériel dans sa cartouchière discographique pour offrir quelques raretés en live. Mais je ne vais pas bouder mon plaisir et je ne peux que vous conseiller, novice ou adorateur du plus ancien et authentique groupe de rock en activité, de vous procurer cette galette.

En ce qui concerne le DVD (qui reprend le tracklisting du double CD), encore une fois pas de surprise. Du Motörhead dans son plus simple appareil (Lemmy quasi immobile, Mickey Dee avec le même débardeur depuis je ne sais combien de temps, Phil et ses guitares dégueulasses), même si, captation de DVD et tête d'affiche au Wacken oblige, le fameux "Bomber" fait son retour (effet visuel garanti !). En ce qui concerne le concert du Sonisphere (dédié par un Lemmy ému à Würzel, ancien guitariste du combo, décédé la veille de la prestation anglaise), ça balance les hits en pleine après-midi sans jamais baisser d'intensité. Enfin, le Rock in Rio (qui ne bénéficie pas du meilleur son) est encore un extrait de concert fidèle à la réputation du trio magique. Une bonne occasion pour reluquer les bottes de l'ami Lemmy et la mauvaise dentition de Phil et de laisser emporter par la fureur d'un groupe qui n'a jamais fait aucune concession et qui, depuis des décennies, distille un rock 'n' roll rageur ayant influé tout ce que vous écoutez toute la journée ! Et oui les gars, les légendes sont toujours en activité, profitez en pour revenir à la base ! Malheureusement, les bonus proposés par le réalisateur sont vraiment pauvres (les deux fans du Wacken qui déambulent des fosses aux backstages n'apportent vraiment pas grand chose, à part la belle machine à sous de Lemmy et quelques aficionados au look d'enfer). A vérifier si le DVD et le Blu-Ray commercialisés sont plus fournis en images extra musicales.

En résumé, et vous l'aurez compris, ce bel objet qu'est The wörld is ours - vol 2 fera belle figure dans votre rockothèque et accompagnera vos longues et froides soirées d'hiver (et peut-être bien plus). Et comme conclusion de cette chronique, je ne me prive pas de vous faire part de l'outro de leurs lives : "Don't forget us : we're Motörhead ! And we play rock 'n' fuckin' roll". Que dire de plus, hein ?

Motörhead / Chronique LP > The wörld is yours

The Wörld is Yours Qu'attendre de Motörhead en 2011 ? 35 ans d'existence, des albums à la pelle dont quelques perles qui resteront à jamais dans la légende du rock, des concerts par milliers, bref, on pourrait penser avoir fait le (grand) tour de la question. Tout ça, c'était avant The wörld is yours, dernière production du trio britannique. Evidemment, Motörhead envoi et enverra toujours ce qu'il fait de mieux : du rock 'n' roll. Du rock 'n' roll burné, du rock 'n' roll viril, du rock 'n' roll qui transpire, bref, du rock 'n' roll qu'on aime. En 35 piges, Lemmy et ses acolytes n'ont jamais failli au serment qu'ils ont fait à Lucifer : propager la bonne parole de la musique du diable à travers le monde. A la différence d'un Rolling Stones qui sort des disques sous prétexte de remplir les caisses durant une tournée marathon ou d'un AC/DC qui offre de nouvelles productions tous les cinq ou sept ans, Motörhead semble avoir ce besoin vital de donner le meilleur de lui même en produisant toutes les deux piges des albums sincères et en embringuant des tournées à n'en plus finir. Alors, évidemment, les membres du groupe n'ont plus vingt ans, mais paradoxalement, il reste assez incroyable d'entendre et de voir aujourd'hui cette formation qui semble inoxydable et indestructible. Mais revenons à nos moutons, et plus précisément à ce qui nous intéresse aujourd'hui, j'ai nommé The wörld is yours.

Dès le début de ce sk(e)ud, Motörhead met la pression. "Born to lose" est un bon condensé de ce qu'est le groupe : double grosse caisse à fond les ballons, wha wha et delays qui dégueulent dans les grattes, basse ultra puissante, et cette voix, putain cette voix.C'est pas compliqué, j'ai des frissons à chaque fois que résonne le gosier de gazier maléfique. Intro, couplet, refrain, couplet, refrain, solo, couplet, refrain, la putain de formule magique en quelque sorte. "I know how to die" ne déroge pas à la règle : puissance, rythmes endiablés, refrains tapageurs, plans purement rock 'n' roll, et tout ce qui s'en suit. Et il en va de même pour "Get back in line", "Devils in my head" (qui sort du lot dans cette première partie de disque), Waiting for the sanie", "Outlaw". De la puissance, de l'énergie, du charisme, de l'envie et de la sueur. Bref, en un mot, du Motörhead. Les titres s'enchaînent, et avec le temps, on pourrait croire que l'inspiration de Lemmy n'est pas infinie et qu'un ce des jours, ça va tourner en rond, mais non, ce disque n'est pas une succession de remplissage autour d'un titre de génie, rien n'est àà jeter. Evidemment, on reste dans la même veine mais c'est pour ça qu'on les aime. Mention spéciale à ce morceau en hommage à toutes les idoles de Lemmy (car cette idole a aussi le droit d'avoir des idoles) : "Rock 'n' Roll music", blues rock qui sent bon Chuck Berry et Little Richard. "Rock 'n' Roll music is the true religion". C'est qu'il a raison, le bougre. En tout cas, ça fait longtemps que je me suis converti. Puis il y a aussi cet OVNI dans ce déferlement de speed rock, "Brotherhood of man", guttural et mid tempo, sombre et plombant. Du grand art. Alors que la fin du disque approche, le trio lâche tout avec "I know what you need" dans la grande tradition et le phénoménal "Bye bye bitch bye bye", mélange de rock 'n' roll façon 50's sous speed et de heavy des familles. Tempo à mille à l'heure, classe à l'anglaise, pas de fioritures, oh yeah ! Solo interminable, basse qui rumine, batterie dévastatrice, on a l'impression que la hi fi va exploser à la fin de ce morceau qui clôture le disque. Et quarante minutes après le premier "Ouah" laché à l'écoute des premiers riffs du trio anglais, voilà que s'achève ce nouveau disque de Motörhead, et ce pour la plus grande joie de mon ORL. Faut dire que ça sert à rien d'écouter ce disque (comme les précédents d'ailleurs) à faible volume, si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux, et de toute façon, Lemmy nous enterrera tous !

Alors, qu'attendre de Motörhead en 2011 ? Après cet excellent album qu'est The wörld is yours, on serait tenté de dire : une prochaine tournée, un prochain disque, de prochaines sensations, de nouvelles visions apocalyptiques,. Duff Mc Kaegan disait récemment que sans Motörhead, il n'y aura pas eu Metallica, Guns N' Roses, Nirvana, Alice In Chains, Nine Inch Nails et tout ce qui est paru entre et après". Bande de petits rigolos qui vous moquez de ces vieillards, sans eux, le rock 'n' roll ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Motörhead n'a pas inventé la poudre...enfin, si !!! Respect.