Motörhead - Aftershock A chaque fois que je chronique un album de Motörhead ou que je me lance dans un live report d'un concert du trio britannique, j'ai la sensation de me répéter, en utilisant des superlatifs qui reviennent toujours sur le tapis. Mais à chaque sortie de disque ou à chaque concert, c'est (presque) toujours bien, alors je ne vais pas bouder mon plaisir de vous parler d'Aftershock, nouveau missile atomique des Anglais !

21ème ( !) album de sa prolifique carrière, Aftershock est de nouveau produit par Cameron Webb, offrant une certaine stabilité. Je vous rassure, la recette, elle non plus, n'a pas changé. Enfin, disons que Lemmy et sa bande ont apporté quelques nouveaux ingrédients au plat qu'ils servent avec talent depuis des dizaines d'années, sans modifier le goût, si vous voyez ce que je veux dire. Et comme vous ne voyez pas, et bien je vais vous expliquer. Comme à son habitude, Motörhead démarre très fort avec "Heartbreaker", un excellent morceau du cru où la vitesse d'exécution, la force des guitares, l'omniprésence de la basse et la voix caverneuse de Lemmy s'entrechoquent pour former un petit chef d'œuvre. Encore un morceau à écouter à fond sans modération. Ce nouvel album comprend évidemment son lot de titres punchy qui ont fait la marque de fabrique du trio anglais (vitesse, puissance, grande classe) comme pour "Coup de grâce" (en deuxième position de la tracklisting, alors que ça aurait pu clôturer l'album avec un titre de ce genre), "End of time", "Death machine", "Going to Mexico" (aux accents très "Ace of spades") ou le tonitruant "Paralyzed". Mais en grands amateurs de blues, nos trois larrons nous ont concocté quelques excellentes surprises : ainsi, le mid tempo qu'est "Lost woman blues" est une respiration plus qu'essentielle, rappelant à l'auditeur qu'au milieu de cette avalanche de fureur et de sueur, Lemmy, Mickey et Phil n'ont pas oublié leurs racines et leurs premières amours. Il en est de même pour le plus dispensable "Dust and glass". Le rock 'n' roll basique n'est jamais bien loin ("Knife", l'excellent "Crying shame" et son refrain fédérateur à grand coup de piano !), et Motörhead s'est même fait plaisir en envoyant un "Queen of the damned" qui aurait pu trouver sa place sur les premiers albums du groupe, ainsi qu'un jouissif "Keep your powder dry" que ne pourrait pas renier AC/DC. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

Quarante sept minutes plus tard, plusieurs constats s'imposent : oui, Motörhead est encore dans le coup, et cet Aftershock démontre bien qu'on n'est pas près de les foutre dehors. Oui, ce nouveau disque est du pur Motörhead, avec ses nombreux points positifs (la puissance, la virilité, l'expérience, quelques jolies surprises.) et ses quelques points négatifs (une linéarité qui pourrait lasser), mais après quarante piges, à quoi s'attendre d'autre ? Lemmy est le boss, Mickey Dee a le rythme dans le sang, et Phil est un guitariste inspiré et doté d'un feeling certain. Les derniers événements pourraient laisser croire qu'il pourrait s'agir d'un de leurs derniers disques, et même si Aftershock n'est pas le meilleur album du trio (quoi que d'un très bon niveau), rendons à César ce qui appartient à César et prosternons nous une nouvelle fois devant ce groupe qui a tellement apporté à la musique moderne. On leur doit bien ça, bordel !