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Biographie > Avant-garde post-rock

Duo anglais (Daniel O'Sullivan) et finnois (Antti Uusimaki), Mothlite est une énigme, non pas du point de vue des repères biographique mais de la musique qu'il pratique. Mélange de post-rock avant-gardiste, de musique contemporaine et de quelques touches industriels, ce duo ne ressemble pas à grand chose de connu ou tout du moins se content d'évoquer très furtivement tout un tas de groupes et artistes qui n'ont pas grand chose à voir ensemble. Méconnu du grand public, Daniel et Antti ne sont pourtant pas des jeunes premiers. Alors que l'anglais a été membre de la formation prog-rock expérimentale Guapo, son compère scandinave a travaillé comme ingé son aux côtés de Brian Eno et des Tindersticks. En 2008, les deux sortent donc sous le patronyme de Mothlite, leur premier disque en commun baptisé The flax of reverie (Southern Records).

Mothlite / Chronique LP > The flax of reverie

mothlite_the_flax_of_reverie.jpg Six morceaux et presque cinquante minutes de musique, (49 exactement), The flax of reverie est un disque qui ne se découvre pas dans n'importe quelles circonstances. Car si "Riverside" envoûte l'auditeur de part son rock post-classique enchanteur et son chant complètement habité, la suite a de quoi dérouter. Quoiqu'en même temps, le final de "Riverside" aurait dû nous alerter. Agrégat de sons curieusement mélangés, des cordes qui crissent le long de la platine, des dissonances qui viennent lentement s'immiscer dans les mélodies, on est ici à des années lumières du post-rock évanescent d'un Sigur Ros ou d'un Mogwai. Un piano qui s'acharne à calmer un titre qui va fatalement devoir affronter ses tourments moraux, tempête sous un crâne, "The one in the water" hausse le ton. Harmonies obsédantes, instrumentations lancinantes, couleurs sombres, des vocaux hantés par les ombres d'une époque révolue, Mothlite a basé le concept de son album sur le XIXeme siècle et la thématique de la révolution industrielle chère à Adolphe Blanqui.
Nébuleux, "The untouched drew", prend le temps de développer des atmosphères uniques, noyant son rock post-classique dans un ambient aux tendances industrielles hypnotiques. Labyrinthique. Une mélancolie déchirante portée aux nues par un violon lui-même sublimé par des choeurs envoûtants, des instruments inattendus qui viennent faire une apparition parfois incongrue (un basson notamment...), The flax of reverie est un disque avant-gardiste, parfois juste-boutiste et qui nécessite un certain effort pour pouvoir s'immerger dans les longues plages tortueuses d'une musique finalement assez lunatique. Un peu de saxophone, un soupçon de clarinette, Daniel O'Sullivan et Antti Uusimaki ont invité Gilad Atzmon (qui a travaillé avec Robert Wyatt) sur leur album et celui-ci vient apporter un peu des sonorités un peu plus chaudes à des morceaux qui ont parfois tendance à s'emballer dans des circonvolutions expérimentales bien difficiles à suivre (le final de "Cauldron"). Disque sans concession, à réserver exclusivement aux mélomanes avertis ("Hypnogogue"), le premier effort de Mothlite est de ces disques que l'on doit affronter en sachant que l'expérience nous emmènera assez loin...