Jouer de la musique, c'est vraiment le pied. C'est pas forcément le luxe, mais au moins tu te fais plaisir. Tu penses qu'à ta gueule car c'est ton exutoire principal, tu jettes tes créations à la face du monde (merci Internet) en espérant jouer sur quelques plateaux ou festivals avec les copains. Et le pire c'est que tu kiffes quand tu exposes tes compositions que personne ne comprend et s'agace à écouter. Les Morkobot doivent sûrement être de ceux là avec leurs deux basses et leur batterie, à envoyer un sludge groovy instrumental bourré d'impertinence math/doom. Les Italiens se lâchent totalement, un peu comme si on avait privé Meshuggah de ses guitares, et ne marquent aucune pause sur leur dernier disque en date, GoRgO, lui-même dépourvu de belles mélodies (sauf sur le dernier titre). Tout l'enjeu de cet album se situe dans le rythme et les structures de ses 7 titres, l'art du break, de la cassure, du contretemps, du pesant/rapide, des sonorités bizarroïdes environnantes aussi. En 38 minutes tes tympans vont se liquéfier, mais tu auras appris qu'avec deux basses et une batterie, on peut vraiment réaliser des choses authentiquement "heavy" tout en restant digne d'intérêt.
Publié dans le Mag #28